Les propos des uns et des autres sont allègrement travestis dans l'unique but de trouver de nouveaux ennemis au Président Bouteflika. Désormais, aucun responsable, ou presque, n'échappe à la furie générale. Que l'un d'eux s'exprime publiquement ou en privé pour tenir des propos anodins, ou inscrits en droite ligne du programme présidentiel, et il est vite transformé en ennemi juré du Président, lui faisant dire ce qu'il n'a même pas pensé et sortant quelques mots ou bribes de phrases de leur contexte afin de leur attribuer les interprétations les plus invraisemblables. C'est ainsi que le Président Bouteflika est censé faire face à des ennemis aussi nombreux que puissants à l'instar de Ali Benflis, Chef du gouvernement et secrétaire général du premier parti du pays, Karim Younès, président de l'APN, Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Ouyahia, ministre représentant personnel du Président et secrétaire général du RND, Abdelkader Bensalah, président du Sénat et, bien entendu, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'Ugta. Les sorties, abondant toutes dans ce sens, ne cessent de se multiplier depuis quelques semaines en prévision de la présidentielle de 2004. Or, les démentis ne manquent pas. La campagne, menée tambour battant contre le Président Bouteflika, ne semble même plus vouloir s'attacher à un minimum de crédibilité. Il ne fait, en effet, de doute pour personne qu'aucun conflit n'existe entre le chef de l'Etat et son Chef du gouvernement, ni avec les deux responsables des chambres parlementaires algériennes. Le FLN est un parti qui soutient sans réserve le programme du Président. Il n'y a aucune raison pour que les choses changent au regard des résultats très positifs obtenus grâce à ce programme. Quant à Bensalah, de même que pour Ouyahia, il faut bien dire que l'homme d'Etat a fini par triompher sur l'homme politique puisqu'il s'est démis de son mandat de député pour accepter le poste offert par le Président de deuxième homme de l'Etat, ce qui représente un acquis très important aussi bien pour le RND que pour Bensalah. S'agissant du supposé conflit avec l'armée, même si le chef d'état-major lui-même ne cesse de démentir ces «allégations», elles n'en continuent pas pour autant leur petit bonhomme de chemin sous la direction du camp des éradicateurs qui n'ignorent pas que l'armée peut peser très lourd dans leur bras de fer avec le Président Bouteflika et toute la souveraineté populaire. Quant à l'Ugta, des sources très proches de la Centrale que nous avons pu joindre jeudi ont tenu à démentir catégoriquement les assertions qui lui ont été prêtées. «L'Ugta, comme l'ANP, se retire définitivement de la scène politique et ne s'occupe plus que des intérêts des travailleurs», nous ont indiqué nos sources qui ajoutent que «l'Ugta n'a aucun problème avec le Président Bouteflika, ni même avec le Chef du gouvernement qui ont tous deux montré de grandes dispositions au dialogue». Explication, «la Centrale monte au créneau, sans verser aucunement dans la politique, en signe de protestation contre les actions de deux ou trois ministres qui menacent toute la cohésion sociale et sur lesquels même le chef de gouvernement ne semble pas avoir assez d'ascendant». Au regard de la férocité de la campagne démarrée contre le Président, dans laquelle on va même jusqu'à l'accuser...d'enlèvement d'enfants, tout porte à croire que des choses encore plus graves sont à attendre, puisque nous sommes encore à plus d'une année de la présidentielle de 2004 et que la campagne promet d'aller crescendo.