Pour la première fois hier, aux environs de 11h GMT, un avion militaire a survolé la capitale afghane. Cet avion de reconnaissance militaire, vraisemblablement sans pilote, a suscité des réactions de peur et de colère dans les rues de Kaboul. Les forces des taliban ont tiré un missile sol-air en direction de cet appareil qui n'a pas été atteint du fait qu'il survolait les lieux à très haute altitude. Selon des témoins, l'avion de couleur blanche a survolé plusieurs fois la capitale. Ils estiment qu'il ne s'agissait ni d'un avion dont disposent les milices des taliban, ni les forces de l'Alliance du Nord qui, elles, ont des hélicoptères. Ce premier incident depuis le début de la campagne antiterroriste lancée par Washington contre le régime de Kaboul, intervient alors que le dispositif allié se renforce de plus en plus dans la région. Après l'arrivée de 1000 hommes appartenant à une unité d'élite spécialisée dans les missions en terrain difficile, on a annoncé l'arrivée hier, d'avions-cargos américains en Ouzbékistan. Ces appareils militaires de transport ont atterri sur l'aéroport civil de Termez, près de la frontière afghane. Le président ouzbek, Islam Karimov, a donné auparavant le droit aux forces américaines d'utiliser une base militaire pour des missions de secours, mais il s'est opposé à l'utilisation du territoire ouzbek pour lancer des attaques terroristes ou des frappes aériennes contre l'Afghanistan. Washington et Londres accentuent les pressions sur le régime des taliban. La tournée de Tony Blair en Russie et au Pakistan s'inscrit dans ce sens. Elle vise, entre autres, à préparer l'après-taliban et mettre sur pied un gouvernement afghan, à large coalition. Les efforts du Premier ministre britannique participent d'une tentative de renverser les taliban par un mélange de pressions diplomatiques, politiques et financières, avant même une offensive militaire contre les camps d'entraînement des terroristes en Afghanistan. Tony Blair, très prudent, a d'abord testé les premiers concernés par les conséquences de cet éventuel renversement. Il s'agit notamment du président pakistanais Moucharef. Le Pakistan, qui a, par le passé, aidé les taliban à prendre le pouvoir, se trouve aujourd'hui face à la pression de ses propres islamistes Moulana Fazlur Rahman, un dirigeant intégriste pakistanais, a appelé, hier, ses partisans à «détruire» tout avion militaire américain qui utiliserait le sol pakistanais. «Si vous voyez un avion militaire américain détruisez-le», a-t-il lancé au cours d'une manifestation qui a rassemblé 5 000 personnes à Peshawar. Ce durcissement de ton est également perceptible du côté de Washington. Une nouvelle fois, Bush a lancé hier un autre ultimatum aux dirigeants des taliban. Le président américain a averti que le pouvoir de Kaboul ne dispose plus que de très peu de temps pour livrer Ben Laden et fermer les camps d'entraînement. Une annonce à peine voilée d'une attaque militaire au futur le plus proche.