Pour la deuxième nuit successive, l'Afghanistan est sous les feux des raids anglo-saxons. Ces nouveaux bombardements ont notamment visé la capitale Kaboul et Kandahar. Au moins 25 morts et 30 cibles touchées. Tel est le bilan provisoire des premières attaques ayant ciblé, dans la nuit de dimanche à lundi, les villes Kaboul, Kandahar (Sud), Mazâr-e-Charif (Nord), Jalalabad (Est), Farah (Ouest), Kunduz (Nord). Cherchant d'abord à prendre le contrôle des airs, les frappes américaines et britanniques ont ciblé des aéroports, des postes de commandement et de défense aérienne des taliban, ainsi que des bases d'Al-Qaîda, le réseau de Ben Laden. Ces frappes ont été «très réussies», selon le secrétaire d'Etat à la défense américaine, mais elles n'ont pu atteindre Ben Laden. Le ministre de la Défense britannique a précisé que, parmi les cibles touchées, trois étaient à Kaboul et autour de la capitale, quatre près d'autres villes et 23 dans la campagne. Le même ministre a ajouté qu'après cette campagne aérienne qui s'annonce longue, le déploiement des forces terrestres est une option à écarter pour l'instant. Ces premiers bombardements, qui ont mobilisé avions et navires américains ainsi que des sous-marins britanniques, se sont poursuivis trois heures après leur déclenchement (à 16 h Gmt, soit 12 h 30, heure de Washington). Des bombardiers stratégiques B1, des furtifs B2 et B52, des missiles de croisière, des bombes classiques et d'autres à guidage de précision par satellite, ont été utilisés. Aucun appareil américain n'a été touché par la DCA des taliban, selon des sources militaires US. Environ 50 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés lors de cette première vague, a précisé le général Myers. Outre les quinze bombardiers basés à terre, dont deux B2 partis de la base aérienne de Whiterman (Missouri), 25 avions de combat - des FA-18 et des F14 basés sur les porte-avions américains «Entreprise» et «Carl Vinson» - ont participé également à ces raids. Les sous-marins britanniques, qui ont, avec les forces américaines, tiré des missiles de croisière sur l'Afghanistan, ne constituent qu'une faible partie de l'arsenal déployé par Londres dans le Golfe. Geoff Hoom a confirmé que trois sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) se trouvent dans les eaux de la région. Deux d'entre eux - le «Trafalgar» et, le «Triumph» - sont armés de missiles de croisière Tomahawk. Par ailleurs, six avions ravitailleurs britanniques ont décollé de la base aérienne de Brize Norton (Oxford Shire, nord-ouest de Londres) pour Chypre. Ces appareils de reconnaissance et de ravitaillement seront utilisés en vue d'un éventuel déploiement au Golfe, a précisé le ministère de la Défense. Pendant la première attaque des tirs d'artillerie, des canons antiaériens et d'armes légères des taliban ont retenti dans la capitale et les collines avoisinantes, selon les habitants. Les taliban, qui affirment avoir levé une armée de 40.000 à 60.000 hommes, possèdent un équipement militaire relativement insignifiant devant l'armada américano-britannique. L'arsenal de défense antiaérien des taliban comprend quelques batteries d'artillerie sol-air SAM-2 et SAM-14, des canons d'artillerie antiaériens (DCA), des lanceurs de roquettes multitubes, des missiles portables sol-air SAM-7 de fabrication soviétique et des Stinger de fabrication américaine. La plupart de ces armes datent des années 80 et ont été fournies par les Américains aux moudjahidine pour leur lutte contre l'occupant soviétique. Leur aviation se limite à quelques avions de combat russes, dont 6 Mig-21, quelques Sukhoï-22 et des jets d'entraînement L39 Albatros, ainsi que 12 hélicoptères russes. Selon les dernières informations, une deuxième vague de bombardements a été lancée dans la soirée d'hier. Des explosions de bombes ont été entendues près de la capitale Kaboul. Ces frappes ont été confirmées par le Pentagone et Tony Blair. Les autorités américaines ont averti qu'elles pourraient entreprendre d'«autres actions» contre d'autres organisations et Etats. De leur côté, les taliban refusent de livrer Ben Laden et ont averti que les attaques auxquelles ils font face auraient de «très graves conséquences» pour les Etats-Unis. Ils ont appelé au djihad et promis de se battre «jusqu'au bout» et par «tous les moyens».