Je me suis toujours demandée pourquoi l´humanité a engendré des conteurs d´un style particulier qui utilisent «les animaux pour instruire les hommes». J´ai d´abord pensé que les fabulistes célèbres comme Esope, Ibn El-Muqafaâ, La Fontaine ou Florian, utilisaient la fable pour contourner les problème de la censure qui pouvaient se révéler mortels à l´époque. Cela me fait penser à une anecdote célèbre: un journaliste de talent qui avait commis un billet sous le titre: L´aigle, le lion et l´âne. Comme cela se passait sous le règne du parti unique, le malheureux journaliste fut ébahi de voir débarquer chez lui une équipe de barbouzes - Il habite à 130 km d´Alger - venus lui demander avec l´amabilité qui leur est coutumière, une explication de texte détaillée avec le nom de chaque homme politique sur chaque nom d´animal cité dans le billet incriminé. Comme à l´époque les lions étaient morts, les aigles en exil, le pauvre journaliste eut toutes les peines du monde à tirer son épingle du jeu en affirmant, la main sur le coeur, que le texte en question n´était qu´une histoire du terroir... Le journaliste s´en tira à bon compte parce qu´il avait toujours aimé les fleurs et les animaux. La parenthèse fermée, j´appris par la suite et j´en fus bien «content», que ce sont les écrivains du XIXe siècle, les naturalistes comme on les appelle, qui avaient émis la théorie qu´il existe autant de sortes de caractères humains que d´animaux. Ainsi on peut sans s´étonner découvrir qu´il y a des gens qui ont le même sens de l´économie que les fourmis. Femme active et diligente est comparée à l´abeille (surtout si elle a une taille de guêpe). La force imposante reste l´attribution du lion, la férocité celle du loup et la douceur celle de l´agneau. Quant au manque de grâce ou la mémoire infaillible, c´est l´éléphant qui en est le symbole. Toutes ces vérités peuvent être vérifiées sur la chaîne «Animaux» qui diffuse des émissions spécialisées dans l´étude du comportement des animaux ou dans les soins à donner aux animaux de compagnie. Cette semaine, nous avons eu droit à un excellent documentaire sur les hyènes et les lions, sur leur organisation (en clans) qui ressemble beaucoup à une certaine division humaine des territoires. Quiconque a vu des films sur la pègre américaine à l´âge d´or de la prohibition peut aisément rapprocher la similitude des comportements humains et animaux dans la lutte pour le contrôle des territoires. Alors que les lions imposent leur loi d´une façon indiscutable pareils à un pouvoir dictatorial bien assis, les hyènes attendent la nuit pour harceler leurs victimes, des troupeaux d´herbivores dont le seul salut est dans le nombre ou dans la fuite. Ils osent même quelquefois harceler les lions et les déposséder momentanément de leur butin. Mais cela ne dure pas!