On ne sait quelle image de l´armée américaine en Irak nous restituera Hollywood, mais on sait déjà qu´il y aura au moins une version hard tournée par un cinéaste engagé, méconnu ou marginalisé et une version soft qui va repasser une couche de peinture fraîche qui va effacer tous les méfaits qu´une armée d´occupation peut commettre dans un pays livré à tous les abus. Tout le monde se souvient du premier film Rambo, interprété par Sylvester Stallone, relatant le retour d´un soldat du Vietnam. Comme il allait rendre visite à un autre ancien compagnon d´armes, retiré dans un bled perdu, il n´y trouva qu´une veuve éplorée. Il apprit par la même occasion que son ami était mort des suites d´un cancer dû, sans doute, à l´usage excessif de défoliants que l´armée US avait déversés en quantité astronomique sur la jungle vietnamienne. Rambo, le soldat vagabond, recevra l´accueil qu´il mérite par une police xénophobe qui va le pousser à prendre le maquis et à utiliser contre les forces de polices liguées et mobilisées contre lui, toutes les leçons apprises dans les écoles militaires et assimilées, comme il faut, avec l´expérience indochinoise en plus. Plus tard, avec la venue de Reagan, Hollywood tournera d´autres versions où le Rambo victime se transformera en justicier, armé jusqu´aux dents et prêt à bouffer du communiste, que ce soit en Indochine ou en Afghanistan. La débâcle de l´armée américaine en Somalie sera d´ailleurs adoucie par le film La chute du faucon noir, tout comme la première guerre du Golfe donnera l´occasion à Hollywood de décrire la tourmente des «boys», engagés dans un conflit qui va leur permettre d´étaler toutes les valeurs humanitaires apprises à West Point. La chaîne Toute l´histoire vient de diffuser un documentaire sur l´épisode célèbre du siège de Fort Alamo où une garnison réduite résista «héroïquement» aux assauts d´une armée mexicaine menée par le général Santana. Le colonel Travis et l´aventurier Davy Crockett sont devenus ainsi, grâce à la légende, des modèles pour les petits Américains. Mais le documentaire ne parle pas des conditions de colonisation du Texas qui était, jusqu´en 1830, un territoire mexicain peu peuplé. Le gouvernement mexicain, pour développer ces immenses étendues désertes, fit appel aux colons anglo-saxons établis dans les Etats du nord. Pour faciliter leur installation, le gouvernement mexicain les exonéra d´impôts pendant quelques années. Mais quand ils furent assez nombreux, ces colons anglo-saxons refusèrent et de payer les impôts et de supprimer l´esclavage qui est interdit au Mexique. Des volontaires de tous les coins formèrent une troupe nombreuse contre le Mexique. Après la défaite d´Alamo, les Américains ne cessèrent d´humilier les Mexicains. Et chaque fois qu´ils en exécutaient un, ou quand un patron refusait de payer un travailleur clandestin, il leur suffisait de dire Remember Alamo. Pour avoir la conscience tranquille.