Le président est élu sur son propre programme lequel n´est pas celui de chacun des partis composant l´alliance, ni même leur synthèse. Aux futures élections législatives et locales, les partis auront oublié le programme qu´ils appliquent au sein du gouvernement pour revêtir leurs propres habits. Ils auront des députés élus sur leurs programmes partisans à qui il sera demandé par la suite de défendre le programme du président, même dans son volet collectivités locales. Comment pourraient-ils alors appliquer un programme qui n´est pas le leur, défendre des idées qui ne sont pas les leurs et continuer à prétendre qu´ils ont leur propre programme? Lors du passage de la coalition à l´alliance, ils s´étaient félicités d´avoir mené l´action gouvernementale à son succès depuis 1997 tout en décidant de verrouiller les portes d´accès à l´alliance. Ce dernier cas explique que le PRA d´un Boukrouh intégré à l´Exécutif n´a pas pu intégrer l´alliance. Cela explique aussi que l´UDR qui soutient le président, donc qui soutient le programme appliqué par le gouvernement, c´est-à-dire par l´alliance, n´a pas été invité à se joindre à cette dernière. La clé qui ouvre les portes à l´Exécutif est donc dans les mains du président, mais pas celle qui ouvre les portes à l´alliance. En adoptant le programme de Zeroual, puis celui de Bouteflika, l´alliance agit en tant qu´agence de prestations de service qui ne libère pas son capital sous forme d´actions à coter en Bourse. Les actions sont donc incessibles et restent propriété exclusive de l´alliance, d´où le verrouillage de celle-ci. Il n´y a donc pas d´économie de marché en matière politique. Seul le président peut entrer en partenariat avec d´autres partis qui lui fourniraient des ministres pour l´Exécutif. Le président est donc maître de l´Exécutif, mais pas de l´alliance dont chacun de ses membres peut être libre de poursuivre sa propre stratégie à une condition, celle de satisfaire à l´obligation de résultat auquel l´astreint sa participation à l´Exécutif. Le MSP, par exemple, a pour stratégie de concilier le court terme politique avec son long terme sociologique. Le RND peut se placer en posture de recherche d´une destinée nationale pour son leader, s´il ne se retrouve pas encore dans la situation où il serait obligé de différer ses aspirations en portant à nouveau un autre programme, d´un autre candidat ou alors, à porter le même programme du même candidat qu´il avait soutenu par deux fois pour une troisième fois. Quant à l´opposition, il semble que pour le court terme, elle aura encore à jouer au ping-pong entre l´inefficacité de l´action isolée et l´impossibilité de l´action concertée dans un désert politique asséché de toute propension à converger. L´opposition, ou plutôt les oppositions, continueront encore à naviguer entre des éclaircies conditionnelles et des positions radicales qui ne réussiront pas à émouvoir, encore moins à ébranler le pouvoir, car la fermeture des médias lourds réduira drastiquement la portée de leurs actions. L´alliance pourra ainsi continuer à dormir sur ses deux oreilles. Elle ne sera jamais inquiétée par l´opposition tant qu´elle demeure arrimée à tout président en exercice. C´est de ça qu´elle tire les éléments, non pas de sa capacité à dominer le champ politique, car nul ne le domine en fait, mais de sa volonté à toujours demeurer au pouvoir, le temps de voir venir, en position confortable.