Il y a vraiment des tâches agréables pour lesquelles on ne devrait pas être payé. Dire qu´il y a quelque temps je dépensais tout mon argent de poche (celui qui échappe à la vigilance de celui qui tient les cordons de la bourse du budget familial) à acheter journaux, revues, hebdomadaires, quotidiens ou mensuels, à suivre assidûment les informations d´Euronews, BFM TV, I-Télé, France 24 (désolé pour vous mais mon récepteur TV est allergique à l´Unique, dès que j´essaie d´aligner l´image maussade de la réalité nationale, il disjoncte et je suis obligé de passer sur une chaîne voisine)... Je disais donc que je faisais tout cela pour essayer de m´inspirer, de trouver une information qui puisse me guider ou faire rejaillir un souvenir enfoui profondément dans ma mémoire saturée, afin que je puisse, d´un seul jet d´encre, accoucher d´une chronique qui puisse au moins intéresser mes indulgents lecteurs. Eh bien, tout cela est fini! Je ne dépense plus mon fric en papier d´emballage imprimé (avec tout le respect pour ceux qui suent plus que moi pour aligner des lignes pleines d´intérêt et de respect). Ça y est! J´ai trouvé un boulot en or qui consiste à parcourir les gros titres des journaux et à découper les articles qui puissent intéresser mon employeur: des articles relatifs à sa profession et aux lois qui régissent l´activité de son entreprise. Eh bien, contrairement à ce que m´avait dit une conférencière, experte en journalisme, enseignante dans cette filière, ô combien intéressante mais peu enrichissante, les nouvelles affichées ne sont pas toutes les mêmes. On n´a pas du tout «l´impression de lire le même journal en lisant tous les quotidiens». Chacun donne de l´importance à l´information qui l´intéresse le plus. Il y en a même qui omettent de parler d´affaires affichées par ailleurs à la une, ou bien lui consacrent un petit entrefilet à la rubrique des chiens écrasés et qui ne sont pas morts sur le coup. Il y a même qui déterrent de vieilles affaires pour ne pas avoir l´air d´être au courant des grosses affaires du moment...Bref, mais le plus édifiant est la place donnée à la célébration des dates anniversaires, pratique que beaucoup de nos journaux affectionnent outre mesure pour plusieurs raisons: ce n´est pas cher, c´est facile et ça peut rapporter gros. En outre, ce n´est pas risqué d´enfoncer des portes ouvertes ou de fusiller des pendus...Je passerai rapidement sur les dates phares que tout le monde salue au garde-à-vous avec comme fond sonore, l´hymne national, mais il y a des anniversaires qui sont passés sous silence...Par exemple celui de la compression du personnel de l´entreprise E...qui a jeté des milliers de travailleurs sur les trottoirs, convertis en mendiants ou en vendeurs «à la sauvette». Quelques journaux ont osé parler de l´anniversaire du retour du regretté Mohamed Boudiaf, «le président d´avance assassiné» comme aurait dit le poète. Un seul a évoqué la tragique disparition de l´ancien secrétaire général de l´Ugta. Les sujets d´actualité sont si variés que beaucoup préfèrent parler de ceux qui ne fâchent pas. Pourquoi rappeler quelqu´un qui avait donné, après Boudiaf, tant d´espoir aux salariés algériens?