«La télévision, cette boîte à merveilles» Jean-Luc Godard Les responsables de l´Entv sont fiers de présenter deux nouvelles chaînes de télévision: une chaîne IV d´expression amazighe et la Chaîne V qui sera dédiée au Saint Coran. Des concepts copiés sur la grille de la Radio nationale puisqu´elles ont le même organigramme et même parfois les mêmes animateurs. C´est un comble, quand on pense qu´il a fallu moins d´un mois pour préparer et lancer une chaîne de télévision. La chaîne amazighe, classée comme la quatrième chaîne, d´après l´Entp (Entreprise nationale de télévision publique), diffusera ses programmes en langue amazighe dans ses déclinaisons kabyle, chaouie, targuie, chenouie et mozabite et émettra six heures par jour de 17h à 23h. Cette nouvelle chaîne sera opérationnelle dès mercredi prochain. La 5e chaîne, consacrée au Saint Coran, au savoir et à la connaissance, émettra huit heures par jour de 16h00 à minuit. Les deux chaînes seront émises par les trois satellites Nilesat, Hotbird et AB3 ainsi que par la voie terrestre hertzienne, en attendant l´élargissement de leur acheminement par le biais de la Télévision numérique terrestre (TNT), nous dit-on. Ce que les responsables du secteur n´ont pas osé dire, c´est que ces nouvelles chaînes n´ont pas de siège, les animateurs et les techniciens sont obligés de squatter les locaux de Canal Algérie et d´utiliser son matériel et sa matière brute pour concevoir des programmes religieux et amazigh. Est-ce raisonnable de créer une chaîne de télévision sans penser à lui assurer un environnement adéquat qui favorise la création audiovisuelle? Tout est centralisé au niveau de la Télévision. L´Entv doit-elle avoir le contrôle sur toute la matière? Il est clair que le souci majeur des organisateurs de ces chaînes de télévision n´est pas la qualité, mais de livrer la matière sans se soucier de la qualité. L´important est de lancer ces chaînes avant la fin mars, nous confie l´un des techniciens de la maintenance. Mais qu´en est-il de la matière et de la présentation du produit? L´Algérie est connue pour les premiers coups de manivelle des films, mais cette tradition n´existe que dans notre pays et notre culture. En Europe et aux Etats-Unis, on connaît les avant-premières qui consacrent généralement le lancement des films. Chez nous, on parle des premiers coups de manivelle qui lancent des films dont les tournages durent parfois six ans et qui, souvent, s´arrêtent en bout de chemin, comme c´est le cas pour le film de Khalidi qui a été lancé il y a quelques semaines à la Maison de la presse et dont le tournage s´est arrêté finalement, il y a quelques jours, avec la démission de la comédienne principale et d´une partie de l´équipe technique. Ce tour de manivelle des chaînes de Télévision algérienne risque d´être le début d´une grande catastrophe audiovisuelle, car on a dû bâcler le projet pour le livrer le plus tôt possible. [email protected]