Des prix à la portée de toutes les bourses, le voeu de tous les Algériens Tous les responsables qui s'y sont frottés ont échoué. Le ministre du Commerce réussira-t-il là où ont fait chou blanc ses prédécesseurs? La déclaration du président de la République, lors du Conseil des ministres qui s'est tenu au mois d'août 2009, sonne comme un ultimatum pour Mustapha Benbada. «J´entends qu´aucune règle de liberté du commerce ne soit invoquée à l´avenir pour justifier la limitation des capacités de l´Etat à imposer des pratiques commerciales loyales et à réprimer les spéculations qui nuisent aux citoyens. Les moyens requis seront mis à la disposition des services de contrôle commercial, mais ces derniers devront assumer leurs responsabilités entières et reprendre la situation en main», avait averti Abdelaziz Bouteflika. Des prix à la portée de toutes les bourses. C'est le défi qu'ont tenté de relever tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département du commerce. C'est aussi le voeu de tous les Algériens qui en ont assez de se faire saigner aux quatre veines à longueur d'années et particulièrement durant le mois du Ramadhan. Tous les responsables qui s'y sont frottés ont échoué. Benbada réussira-t-il là où ont fait chou blanc ses prédécesseurs? Joue-t-il sa tête au sein du gouvernement? Les spéculateurs ne penseront certainement pas à lui faire de cadeau. Le ministre du Commerce qui a assuré que les marchés seront suffisamment approvisionnés durant le mois sacré, ne s'est pas aventuré à annoncer une diminution des prix qui rendrait certains produits de consommation (viandes, légumes, fruits) accessibles pour la majorité des Algériens. «L'approvisionnement du marché (durant le mois du Ramadhan Ndlr) sera correct. Toutes les données recueillies auprès du ministère de l'Agriculture affirment que les produits agricoles frais et les viandes seront disponibles», s'est contenté d'indiquer le ministre du Commerce au mois de juin dernier lors d'une conférence de presse tenue en marge des assises nationales du commerce. Ce que personne ne conteste. Mustapha Benbada n'a cependant pas précisé à quels prix. Si on ne peut, en effet, remettre en cause la disponibilité des produits de consommation de base, des viandes et des fruits et légumes. Les étals des marchés sont bien achalandés, particulièrement durant les 30 jours de jeûne. Le problème principal et insoluble demeure chevillé à la flambée des prix durant cette période. Presque un rituel qui s'est incrusté dans le quotidien des consommateurs qui ont fini par s'y faire. Une fatalité de plus... Le ministre veut-il éluder la question? Sans l'attaquer de front, il esquisse la stratégie des pouvoirs publics pour tenter de la juguler. 5000 contrôleurs doivent être recrutés entre 2011 et 2012 alors que 1000 agents l'ont été l'année dernière. Au total, ce sont 7000 personnes que le ministère du Commerce compte recruter au titre du quinquennat 2010-2014. «Le renforcement du nombre des contrôleurs nous permettra d'améliorer l'efficacité du contrôle économique et de la répression des fraudes», a tenté de rassurer le ministre. Cette armada composé de milliers de contrôleurs qui seront lancés aux trousses des spéculateurs de tout poil viendra-t-elle à bout de cette mafia qui tire les ficelles sans avoir jamais été inquiétée? Les expériences passées ont prouvé le contraire. Il y a deux ans à la veille du début du mois sacré du Ramadhan, le secrétaire général du ministère du Commerce avait assuré que «tout contrevenant qui sera pris la main dans le sac sera sévèrement sanctionné et la loi sera appliquée dans toute sa rigueur». Depuis, les prix de certains produits de consommation ont dépassé l'entendement. Celui du citron avait, en plein mois sacré en 2009, atteint les 400 dinars le kilogramme, plus récemment celui de la sardine 350 DA... Le prédécesseur de Mustapha Benbada quant à lui, avait fini par jeter l'éponge après une mémorable joute orale avec Saïd Barkat, l'ex-ministre de l'Agriculture au sujet de la crise de la pomme de terre. Il avait reconnu que la flambée des prix ne répondait à aucune logique économique sauf à celle d´une spéculation qui est due à «la commercialisation de 65% des fruits et légumes qui échappe au contrôle» avait confié El Hachemi Djaâboub. Un phénomène qui a la peau dure. Il fait fi des discours menaçants, et de l´annonce de prise de décisions, sans lendemain. Pour ne pas perdre la face, Benbada devra joindre le geste à la parole.