La ville est toujours sous le choc de la mort de Jugurtha Sissani. Après l'effondrement, en moins d'un mois, des deux toitures du stade OMS, mais surtout le décès d'un jeune de 19 ans, la population exige que la lumière, toute la lumière soit faite sur ce qu'elle appelle «l'affaire du stade». Comment le bureau d'études, chargé du suivi a-t-il acquis le marché, il y a 12 ans? Les deux toitures du stade OMS de Bouira sont tombées à moins d'un mois d'intervalle. La première réalisée par une entreprise étatique, Bati SIC Aïn Defla n'a heureusement fait aucun dégât humain. La deuxième mise en place par l'entreprise privée Yahiaoui en 2000 a, hélas, coûté la vie au jeune Youghourtha Sissani. Le point commun entre ces deux couvertures reste le bureau d'études qui a conçu et suivi les réalisations. Domicilié à Alger, le Beatec puisqu'il s'agit de lui, s'est vu confier le suivi des réalisations, il y a 12 années. Jusqu'aux deux catastrophes aucun des responsables qui se sont succédé à la tête de la wilaya ou de la DJS n'a contesté les travaux, si on excepte les réserves émises par crainte de perdre l'autorité sur le bureau d'études. L'organisme de contrôle, implanté à Bouira, n'aura pas jugé utile de donner suite à ces remarques qui ont porté, entre autres, sur la toiture en question. Aujourd'hui alors qu'un jeune a payé de sa vie l'insouciance et l'inconscience de certains adultes, certaines indiscrétions parlent d'un bureau d'études non qualifié lors du premier accident, un ingénieur ayant fait ses études aux Etats-Unis nous parlera d'un fait relatif à l'étude de cette toiture qui, selon lui, n'est pas adaptée aux neiges. Quand on sait que Bouira est située à quelques kilomètres de Tikjda, on se demande quelles seraient les conséquences d'un effondrement sur les tribunes. Si une telle information venait à être confirmée par la justice qui s'est saisie du dossier après plainte du DJS, la responsabilité remonterait plus loin dans le temps. Comment ont été attribués le marché et le choix de ce bureau? Lors d'une visite effectuée par l'ex-ministre du secteur, Aboubakr Benbouzid, le coût de la piste avait soulevé l'ire du responsable qui avait exigé la venue de l'IGF. Qu'en est-il aujourd'hui de cette décision? Cette réalisation estimée à 6 milliards avait fait l'objet de deux travaux. L'étude réalisée par le bureau était fausse puisqu'elle comprenait 9 couloirs et était d'une distance supérieure à 400 mètres. La correction a coûté au contribuable plus de 750 millions de centimes. Le stade qui date de 1984 aurait été réalisé à 7 milliards de centimes. La catastrophe qui vient d'endeuiller la famille Sissani et avec elle toute une ville est certes un coup du destin. Se taire est un crime. La DJS, en déposant plainte contre le bureau d'étude, montre qu'elle ne veut rien camoufler. Où étaient les gardiens? Le jeune était-il ou non autorisé? Tout cela n'est qu'un moyen pour noyer le poisson et éviter de désigner les vrais coupables. La première tribune en tombant au mois de mai aurait pu écraser des jeunes qui jouaient autour du stade puisqu'une partie de toit est tombée à plusieurs mètres de l'enceinte. Lors du sit-in organisé devant le siège du wali, les manifestants ont exigé une enquête et le baptême du stade au nom de Jugurtha Sissani. Les deux revendications sont plus que vitales pour que la lumière, toute la lumière soit faite sur ce que les gens de Bouira appellent «l'affaire du stade».