C'est la première fois qu'un attentat-suicide est perpétré dans cette région Pour les observateurs de la scène sécuritaire, cet attentat est un acte de diversion par rapport à la guerre qui fait rage au nord du Mali Au moment où le Nord Mali, non loin des frontières algériennes vit sous d'intenses tirs nourris ayant occasionné l'assassinat de plus d'une quarantaine de civils maliens, l'Algérie renoue avec les attentats. Un kamikaze, à bord d'un véhicule tout-terrain de marque Toyota, s'est fait exploser hier matin vers 7 h 45 mn à l'entrée d'un groupement de la Gendarmerie nationale situé au quartier Tahagart, dans le centre de Tamanrasset, à 1900 km au sud d'Alger. Selon un communiqué du ministère de la Défense nationale, l'explosion, qui a causé des blessures à 23 personnes, dont 15 éléments de la gendarmerie, 5 éléments de la Protection civile et 3 citoyens qui étaient de passage, a occasionné d'importants dégâts matériels à ce bâtiment situé sur l'artère principale de la ville ainsi qu'aux constructions et habitations avoisinantes. L'explosion a laissé un trou béant dans la chaussée alors que les toits des habitations riveraines ont été soufflés par l'explosion. C'est la première fois qu'un attentat suicide est perpétré dans cette région qui abrite le Commandement général des quatre pays du champ qui luttent contre le terrorisme. Selon nos sources, cet attentat prévoyait un maximum de victimes et le bilan aurait pu être plus conséquent n'était la vigilance des éléments de la Gendarmerie nationale qui ont réussi à stopper le kamikaze juste à l'entrée de la cour de la brigade. Pour nos sources, qui étaient préparées à toute éventualité par rapport notamment à ce qui se passe au nord du Mali, cet attentat intervient comme une diversion, mais aussi comme un acte terroriste symbolique, puisque Tamanrasset abrite le centre des opérations militaires conjointement menées avec la collaboration du Mali, de Niger et de la Mauritanie. Nos sources ont interprété cet attentat comme «un message de défi à l'Algérie» qui conduit des opérations conséquentes contre les résidus du terrorisme. Il n'en demeure pas moins que certaines régions désertiques du sud de l'Algérie constituent des lieux de transit pour les éléments d'Al Qaîda. Ces derniers ayant tissé des liens étroits avec le Mouvement unicité et jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), comptent revenir, selon la lecture faite par nos sources, au-devant de la scène médiatique, en exploitant cette nouvelle alliance. Mais, il est tout de même étrange pour nos sources que ce soi-disant énième mouvement prétendu djihadiste revendique l'attentat. Un mouvement né à l'ombre de la guerre civile en Libye le mois de décembre 2011. Préférant garder du recul par rapport à cette revendication, du fait de l'inexistence de ce mouvement sur le territoire national, nos sources insistent également sur le concept de diversion, même si auparavant, cette même organisation terroriste avait revendiqué le rapt contre les ressortissants européens, deux Espagnoles et une Italienne à Tindouf. Ce mouvement affirme comme une dissidence d'Al Qaîda au Maghreb islamique, dirigée par des Maliens et des Mauritaniens. Se référant à Oussama Ben Laden, chef d'Al Qaîda tué par l'armée américaine au Pakistan, au mollah Omar, chef des talibans afghans, et à des figures historiques de l'islam en Afrique de l'Ouest subsaharienne, ils prônent le djihad en Afrique de l'Ouest. Pour nos sources, «ce qui est apparent n'est pas forcement la vérité». Il est clair pour ceux-là que les retombées de l'intervention de l'Otan qui a encouragé l'insécurité et provoqué le phénomène de la circulation des armes commence à se sentir plus concrètement. Le redressement d'une telle situation n'est certainement pas dans un futur proche, notamment avec la guerre civile que connaît le Mali après le retour de pas moins de 16.000 hommes armés appartenant à la tribu des Touareg Azouat. Une importante opération militaire a été déclenchée, cependant, avec un renforcement hermétique du dispositif sécuritaire. Les forces héliportées ont été appelées à intervenir, notamment au niveau de la bande frontalière. Nos sources parlent aussi de la mobilisation d'unités spéciales à ce même niveau. Rappelons qu'en 2010 sept gendarmes des gardés frontières et deux gardes communaux avaient été tués lors d'un accrochage non loin du lieudit Tin Zaouatine, situé à 550 km au sud de Tamanrasset. De par la menace terroriste, les forces de sécurité font face également aux contrebandiers, trafiquants particulièrement actifs au niveau des frontières, notamment depuis l'éclatement du conflit en Libye qui a engendré une activité redoutable dans le trafic des armes lourdes.