C'est un homme sérieux avec beaucoup d'idées Il reconnaît l'aspect humanitaire d'Albert Camus, tout en lui reprochant le fait de n'avoir jamais condamné et dénoncé le colonialisme. Le journaliste et écrivain, Hamid Grine, agençant des mots sur ses pensées, s'est livré avec plaisir et finesse à son public, dimanche en fin de journée, à l'Institut français de Constantine, dans une conférence-débat. Né à Biskra, le 20 juin 1954, l'auteur de plusieurs ouvrages s'est adressé à l'auditoire en s'armant d'un lexique simple mais au sens profond. Devant une assistance composée notamment d'étudiants, d'enseignants universitaires, l'hôte de Constantine a tout simplement retracé les épreuves qui ont marqué sa vie de journaliste et d'homme littéraire. Le sourire aux lèvres, Hamid Grine revient sur sa mésaventure au Maroc. Cet homme, fort déjà d'une expérience, n'a pourtant pas baissé les bras. C'est ainsi qu'il s'est présenté à ses fans, bienveillant, ce qu'il y a de plus précieux dans sa personnalité. Il dégageait une impression merveilleuse dirigeant ses pensées et paroles, ses convictions et la contradiction philosophique de sa vie quotidienne. Une contradiction, cependant, logique, qui l'obligera à voir le monde sous de belles couleurs sans se soucier du détail. «L'écrivain est souvent un mauvais observateur», dira Hamid Grine. Et d'ajouter: «Je ne colle pas au réel.» Mais nullement négatif, car on retiendra de cette star de la littérature même s'il refuse de l'admettre parce que modeste, que contre vents et marées il a su dédire la citation de Paul Valéry selon laquelle «un homme sérieux a peu d'idées. Un homme d'idées n'est jamais sérieux». Hamid Grine est un homme sérieux avec beaucoup d'idées. Des idées fiévreuses, riches et convaincantes quand il parlera de son livre sur Albert Camus dont l'histoire se déroule en Algérie à la fin du XXe siècle. Il reconnaît l'aspect humanitaire d'Albert Camus, tout en lui reprochant le fait de n'avoir jamais condamné et dénoncé le colonialisme. Un livre qui constitue un tournant dans sa vie et qui connaîtra un grand succès à même de surprendre son auteur, pourtant en possession de plusieurs prix dont celui de la Plume d'or du journalisme sportif, car ses talents débuteront comme journaliste sportif. Il sera également récompensé par les éditeurs maghrébins pour l'ensemble de ses oeuvres, et le Prix des libraires algériens qu'il décroche en 2009. Dans ce livre empreint de poésie, l'auteur nous apprend beaucoup sur Camus, sur ses relations avec les femmes et son rapport avec l'Algérie. L'esprit lyrique du texte dévoile l'idée profonde d'Albert Camus. De nature gaie et joyeuse, Hamid Grine est de ceux qui aiment vivre l'instant présent, un moment philosophique, dira-t-il, qui est en notre possession, enchaînant: «Ça ne sert à rien de se projeter dans le futur, ça peut nous rendre malheureux, le futur n'est pas de notre ressort, il appartient à Dieu». C'est dans cet état d'âme que Hamid Grine donnera naissance à ses personnages dans ses écrits, notamment quand il parlera des héros de son oeuvre sur Albert Camus. Embrassant l'épanouissement de la magie des mots et demeurant fidèle à la raison de la société, la production littéraire de Hamid Grine n'est pas près de se tarir, car il promet de couronner une autre oeuvre sur laquelle il travaille depuis le 5 juillet 2011.