Il les accuse également de contrevenir aux lois sociales. Le club Excellence Management présidé par M. Ali Aoun et l'Institut supérieur de gestion que dirige M.Brahim Benabdesslam ont organisé mercredi dernier à l'hôtel Aurassi une conférence-débat à laquelle était convié le secrétaire général de l'Ugta M.Sidi Said. Devant un parterre de patrons, M.Sidi Said a brossé un tableau sur l'état de l'entreprise algérienne publique et privée. «Une entreprise bien malade», dira-t-il d'emblée avant de disséquer les problèmes dans lesquels se débattent les entreprises publiques dont les dirigeants n'ont pas l'autonomie d'action nécessaire mais qui sont paradoxalement responsables «civilement et pénalement». En d'autres termes lorsque l'entreprise manifeste une bonne santé, cela est mis sur le compte d'une conjoncture favorable mais lorsqu'elle accuse des chiffres négatifs, le manager est pointé du doigt. D'un autre côté, le privé est victime de préjugés qui le placent dans une position peu favorable à créer les conditions d'un développement durable. «nous ne sommes ni socialistes ni libéraux», a martelé le secrétaire général de l'Ugta avant de poursuivre: «Le chef d'entreprise publique est ligoté tandis que le manager privé est frappé de suspicion». Quelle économie avons-nous alors? Débridée où «l'Etat n'a pas une vision claire des objectifs», précisera-t-il. Abordant le problème du chômage, l'exposé du responsable syndical a porté sur la définition même de la condition de chômeur et l'ampleur du phénomène dans le pays. «Chacun a ses chiffres. Pour nous il y a 6 millions d'Algériens sous le seuil de la pauvreté dont 3 millions de chômeurs et parmi eux 300.000 sont des universitaires». Un constat qui le mènera bien sûr à traiter de la privatisation. «Nous ne sommes pas systématiquement contre la privatisation. Dans le cas où elle permet de sauver des emplois et surtout lorsqu'elle en créé de nouveaux, nous ne pouvons qu'adhérer». A un intervenant qui lui demande si El-hadjar n'a pas été bradé, M.Sidi Said le rassure en lui précisant que le climat social dans le complexe et les chiffres accusés par Ispat sont encourageants «mais nous restons vigilants au cas où les intentions de l'investisseur étranger viendraient à changer», ajoutera-t-il. Ce qui amène au sujet très important du partenariat, c'est l'intervention de M.Ali Aoun qui orientera le débat vers cette question. Le P-DG de Saïdal s'est interrogé sur certaines formes de partenariat qui cachent mal, en fait, une simple privatisation. Alors qu'il est attendu du partenaire étranger des capitaux et un transfert de technologies suivi d'un programme de formation, certaines opérations de «partenariat» ont été effectuées sur des entités économiquement viables. Le secrétaire général de l'Ugta en a profité pour fustiger la préférence accordée aux opérateurs étrangers au détriment des nationaux. Et de citer l'exemple des entreprises chinoises opérant dans notre pays. Il les accusent de n'employer que leurs ressortissants et de ne pas être, par conséquent, créateurs d'emplois en Algérie. Il les accuse également de contrevenir aux lois sociales. Il les accuse enfin de bénéficier de passe-droits quant à leur approvisionnement. Mais ce qu'oublie de dire M.Sidi Saïd, c'est cette introduction des 3 fois 8 dans l'esprit des entreprises nationales et dont la locomotive est, sans conteste, l'entreprise chinoise. Quant à l'emploi, il faut, pour la vérité et à la décharge des Chinois, signaler une inadéquation flagrante entre l'entreprise et le système national de formation professionnelle. Les Chinois avaient lors de l'épidémie de Sras lancé un avis de recrutement de 5000 postes de travail en direction de la main-d'oeuvre algérienne. Seuls 500 postes ont pu être honorés par manque de qualification des postulants. Pour le BTP, il faut penser à une nouvelle carte de formation professionnelle qui fournisse des plombiers, des électriciens, etc...et de qualité avant de s'attaquer à la main-d'oeuvre étrangère. Le débat a été riche et très utile. Il s'est achevé sur une proposition de mettre sur pied un symposium sur le thème «quelle entreprise voulons-nous?» M. Benabdesslam, patron de l'ISG, s'est engagé à préparer cette rencontre qui pourrait avoir lieu à El-Oued au début de l'année prochaine. En attendant un autre rendez-vous est pris pour le 19 du mois courant. Ce sera au tour de M.Chakib Khelil ministre de l'Energie de venir débattre avec les managers algériens.