Chaque année, c'est le même scénario Depuis des années déjà, toutes les promesses faites par les pouvoirs publics pour juguler la flambée des prix avant le début du mois sacré n'ont pas été tenues. Les paris sont ouverts. Les citoyens savent à quoi s'en tenir. Quant au refrain de la chanson, à force de le répéter ils ont fini par le connaître par coeur. Les spéculateurs vont mettre le feu aux prix la première semaine du Ramadhan. Une période où la consommation doit atteindre un pic. La flambée «n'ira pas au-delà de la première semaine du mois sacré du Ramadhan», avait assuré, l'année dernière, le secrétaire général de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Salah Souilah. Il n'y a eu finalement aucun répit. Ce fut trente jours d'enfer. Il n'y a aucune raison pour que cela soit différent dans moins de cinq jours. Ce sont en effet les mêmes décisions qui ont été prises pour éviter que les prix ne prennent l'ascenseur. Pourquoi dans ce cas-là doivent-ils produire un effet différent? L'actuel staff gouvernemental vit ses derniers jours. Il veut entretenir l'illusion. Il va défier, une ultime fois, les spéculateurs. Un bras de fer qui a toujours tourné en faveur de cette mafia métamorphosée en nébuleuse qui a de tout temps imposé sa loi en matière des prix des produits de large consommation des fruits et légumes et des viandes. Un plan anti-spéculation est mis en place pour tenter encore de lui faire échec. Une sorte de baroud d'honneur qui risque fort de se transformer en pétard mouillé. Le gouvernement sortira-t-il par la petite porte? Si l'on en juge par les mesures prises à nouveau, il y a de fortes chances pour que le scénario des années précédentes se reproduise. En matière de discours et de déclarations: c'est du réchauffé. Du déjà-entendu. Toutes les annonces faites avant le début du mois sacré pour rassurer les citoyens se sont avérées vaines. Le kilogramme de pois chiche qui n'a pas attendu le début du mois sacré a atteint les 300 dinars le kilogramme. L'importation de 9 000 tonnes de ce légume sec fortement consommé à cette occasion pourra-t-elle inverser cette tendance à la hausse? Comme il est permis de douter sur une éventuelle baisse des prix des viandes rouge ou blanche. 10.000 tonnes de viande congelée avaient été importées pour les mois de juillet et août alors qu'un stock de quelque 10.000 tonnes de poulet congelé a été créé dans le cadre du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Le produit sera écoulé à un prix de 250 DA/kg. Faut-il crier tout de suite cocorico? Un petit tour dans les marchés permet de constater que le prix de la viande de poulet a pris des ailes. Le kilogramme se négocie entre 360 et 400 dinars. Quant au kilo de viande ovine, il se maintient autour des 1000 DA. «Le contrôle des pratiques commerciales cible principalement tous les prix réglementés et la lutte contre la spéculation et la rétention des stocks... en cas d'infraction ou de manoeuvre spéculative, les opérateurs économiques concernés sont passibles de sanctions allant de la saisie des produits jusqu'à la fermeture des locaux et la poursuite judiciaire», a affirmé le directeur du contrôle des pratiques commerciales du ministère du Commerce, Abdelhamid Chibani. Une mise en garde qui sonne comme une déclaration de guerre. Elle vient renforcer celle du ministre du Commerce. «6000 agents répartis entre 3000 brigades seront mobilisés à l'échelle nationale durant le mois sacré de Ramadhan pour assurer le contrôle des marchés et les pratiques commerciales et veiller à l'hygiène des lieux et à la sécurité des produits», avait indiqué Mustapha Benbada le 28 juin, lors d'un point de presse, en marge de la visite qu'il avait effectuée dans la wilaya de Mostaganem (ouest du pays). Son appel à la population pour «une consommation rationnelle, particulièrement durant la première semaine du mois de Ramadhan, pour ne pas contribuer indirectement à une hausse des prix» laisse planer le doute sur l'efficacité du plan mis en oeuvre par le gouvernement pour faire échec à la spéculation. Ceux qui tirent les ficelles restent tapis dans l'ombre. Ils imposent l'omerta, la loi du silence, comme tous les mafieux du monde, certainement pour mieux porter l'estocade et mettre au grand jour les tares de la gestion du gouvernement...