Le phénomène de la mendicité prend une ampleur particulière pendant le mois de Ramadhan. Comme les prix flambent, les jeûneurs aussi changent de comportement alors que les professionnels de la mendicité établissent une nouvelle grille d'horaires pour mendier. Le choix des lieux est aussi stratégique, car les anciennes places publiques, et les sorties des restaurants ne sont plus rentables. Ces derniers sont fermés, pour cause de jeûne. Ils sont donc remplacés par les sorties des mosquées, magasins d'alimentation générale et surtout les marchés publics. En fait, le Ramadhan est la période propice pour la mendicité, les jeûneurs touchés par la faim peuvent se mettre à la place de ceux qui souffrent de la faim tout le long de l'année, sachant pertinemment que l'atmos-phère générale du mois sacré est aussi un facteur de prise de conscience, liée notamment aux préceptes religieux. Cependant, les faux mendiants qui vivent aux crochets des autres, mettent les mendiants nécessiteux hors piste. Chaque année à Annaba et à la même période, de nouvelles figures viennent s'ajouter à la liste des mendiants. A la sortie de tous les commerces, boulangeries, marchés et supérettes, entre autres lieux propices à la mendicité, on assiste à des bagarres entre eux. En somme, anciens et nouveaux mendiants se disputent leurs «territoires». En conclusion, de nouveaux mendiants venus de plusieurs wilayas, du Sud, notamment prennent la place des anciens à Annaba. En effet, le mois sacré coïncidant, deux années consécutives, avec les grandes vacances d'été, de nouvelles figures ont fait leur apparition à Annaba dans le milieu de la mendicité. C'est devenu une affaire familiale, avec le père et la mère ainsi que les enfants qui viennent de Biskra, Ouargla et autres wilayas du Sud pour faire la manche à Annaba. «Toi, tu assures le manger, moi j'assure la maison...», dira l'époux à sa femme, tout en se partageant les tâches, sans omettre de lui rappeler de ne pas céder aux caprices de leurs quatre enfants dont un en bas âge. En effet, il suffit de regarder les mendiants pour pouvoir distinguer les vrais mendiants des faux. Les chemins de la vérité sont souvent difficiles, et si la mendicité est saisonnière pour certains, cette nécessité ne l'est pas pour beaucoup d'autres. Les nécessiteux mendient toute l'année, alors que les bienfaiteurs ne se manifestent que durant le mois de Ramadhan, faisant ainsi du mois de jeûne un véritable mois des paradoxes.