Lors de la saison estivale, Air Algérie connaît un pic de sollicitations de la part de ses clients. Pour satisfaire la demande, appareils, personnel et encadrement de la compagnie sont sollicités à leur maximum non seulement pour augmenter le nombre de places disponibles en affrétant des avions mais également pour améliorer la ponctualité. La question des tarifs revêt aussi toute son importance lorsqu'il s'agit de permettre aux Algériens établis à l'étranger de passer leurs vacances au pays. Ce volume d'activité est accompagné par des remontrances de clients qui sollicitent toujours davantage de facilités en tous genres. Le président-directeur général de la compagnie, Mohamed Salah Boultif, détaille dans cet entretien les démarches prises pour relever ces défis. Car à côté de la saison estivale, il y a aussi la Omra et le Hadj qui sont de gros évènements à gérer. La compagnie aimerait bien mettre des moyens supplémentaires pour absorber la demande mais dans certains cas, cela ne dépend pas que d'elle. Les autorités aéroportuaires d'Arabie Saoudite et de France ont aussi leurs contraintes et ne peuvent pas toujours donner d'accord pour des vols supplémentaires pendant les périodes de pointe. Mais à peine, arrive-t-on à gérer ces dossiers que le volet social s'invite au débat avec les revendications des travailleurs. Là aussi, des protocoles sont signés avec des syndicats de certaines filières alors que d'autres sont toujours en négociations notamment en ce qui concerne le volet salarial. Dans tout cela, il y a un paramètre important à ne pas perdre de vue. C'est celui de la concurrence qui n'est pas seulement illustré par la politique tarifaire même si c'est le sujet dont les usagers parlent le plus. L'Expression: Comme chaque année, Air Algérie subit la hausse du trafic, quelle est l'offre proposée aux clients pour cet été? Mohamed Salah Boultif: Air Algérie a mis vis-à-vis des clients les capacités qu'elle est en mesure de fournir en cette période de pointe lors de laquelle elle propose une offre supplémentaire de 12% en comparaison à 2011. Les arrivées en provenance d'Europe, notamment la France, se répartissent en deux tranches. Il y a eu des arrivées en juin et juillet avant le début du Ramadhan suivies d'une deuxième dès le début du mois de jeûne lors duquel on a proposé des réductions de tarif de 60% valable aussi bien pour les partances à partir de France que d'Algérie. Pouvez-vous nous fournir un exemple illustrant cette réduction? Pour Paris-Alger, le coût est de 228 euros pour un voyage vendu avant le 15 juin à condition d'effectuer le déplacement entre le 20 juillet et le 20 août. Il y a eu également des tarifs à 243 euros pour d'autres échéances pendant l'été. Avant les réductions, le tarif était de 560 euros, toutes taxes comprises. Dans l'esprit des clients, il y a toujours le sentiment qu'Air Algérie reste une compagnie chère, que répondez-vous? Les billets à Air Algérie ne sont pas plus chers que chez les autres compagnies. Je tiens à parler d'une autre mystification selon laquelle Air Algérie est en situation de monopole à l'international. Ce n'est pas du tout le cas puisque plusieurs compagnies étrangères opèrent vers la France et d'autres pays encore. Rien que pour la France, il y a trois autres compagnies en plus de la nôtre. Il existe bel et bien une concurrence. Chaque compagnie tente de baisser les prix. Même Air Algérie propose des promotions. Nos compatriotes résidant à l'étranger vont même jusqu'à opérer des comparaisons avec des compagnies low coast, qui, comme leur nom l'indique, peuvent proposer des tarifs encore plus bas. Mais s'ils n'ont pas accès à ces compagnies, c'est plutôt une question qui relève des autorités et pas d'Air Algérie tout comme le dossier de la taxe aéroportuaire. Vous parliez d'augmentation des capacités, pouvez-vous nous donner des détails? Sur la France, il y a une offre de 61.650 sièges disponibles par semaine de fin juin jusqu'à septembre. C'était 56.000 à la même période de l'année dernière. Il y a 37 vols par semaine vers Paris en partance de 9 aéroports algériens: Alger, Oran, Constantine, Béjaïa, Sétif, Annaba... Pour l'ensemble de l'Europe on a augmenté l'offre de 27,41%, soit 16310 sièges par semaine contre 12 801 sièges en 2011. On a affrété des avions pour permettre cette amélioration. Pour les retours, ils sont plus concentrés. On a demandé 4 à 5 vols supplémentaires vers Paris, mais on attend toujours la réponse. La Omra est un autre motif d'affrètement des avions... Pour la Omra, on a prévu 6 à 7 vols par jour sur Djeddah et Médine et des affrètements sont nécessaires pour faire face à ce surcroît de trafic ce qui nous donne une capacité de 51.370 sièges. La programmation tient compte des désirs de notre clientèle qui demandent des séjours de 15, 21 et 30 jours. La demande est forte lors des 10 derniers jours du Ramadhan. Et pour le Hadj? Les départs commenceront à la fin de septembre. On prévoit quotidiennement 2 vols sur Djeddah et 1 vol sur Médine. On a demandé d'augmenter la fréquence à 5 vols, mais les autorités saoudiennes ont refusé à cause des travaux d'extension des aéroports qui vont durer encore quelques années. On commencera à vendre les billets au début septembre. Pour Alger, cela se passera à la Safex. Le dispositif de l'année dernière est maintenu car il a bien fonctionné et les départs auront lieu à partir des aéroports d'Alger, Oran, Annaba, Constantine et Ouargla. 18.000 pèlerins seront transportés par Air Algérie et 18.000 autres par la compagnie saoudienne sur une période de 32 à 34 jours. Où en êtes-vous dans les négociations avec le personnel? On a un protocole d'accord avec le syndicat des pilotes de ligne sur le régime du travail. Un protocole du même genre est en négociation avec le personnel navigant commercial. Il demande des augmentations salariales avec effet rétroactif de 6 mois de manière uniforme. Notre proposition est de se baser sur des augmentations en rapport avec la productivité. Nous sommes au stade d'échange des propositions. Avec le syndicat des employés de la maintenance, le dossier est ficelé et il ne reste plus qu'à le formaliser. Comment expliquez-vous la fronde des travailleurs? Je ne suis pas là pour être aimé mais pour travailler. On a adopté un plan quinquennal de 10 axes stratégiques qui trace la vision de la compagnie pour faire face à la concurrence. Je pense qu'un manager est là pour redresser la situation de l'entreprise. Je ne méprise pas les travailleurs. Lors du 5 juillet, les membres de l'Organisation des enfants de chouhada travaillant dans la compagnie m'ont invité et j'y suis allé. Je suis aussi présent lors d'autres occasions. Mais on dérange certains intérêts qui privilégient l'inertie. Je rencontre aussi des cadres et les partenaires sociaux lors de certains évènements, ce qui est une manière de communiquer comme on l'a fait lors de la présentation de notre dernier plan. Mais certains continuent à focaliser sur des détails. La transparence dans la gestion a toujours été le thème favori de tous les détracteurs... Pour ce qui est de la passation de marchés avec la compagnie, il y a des appels d'offres qui sont lancés. Quel bilan tirez-vous de l'exploitation des destinations comme le Canada et la Chine? Actuellement, il y a 5 vols par semaine vers Montreal et ce sera quotidien dès l'année prochaine pendant l'été contre 3 en hiver. On pense à développer le trafic vers le transit en créant des correspondances. On a constaté que le flux existe dans les deux sens. La liaison vers Pékin donne de moins bons résultats. On est en train de penser à la restructurer pour inclure Shanghai et une autre ville.