Une vue du tribunal de Blida Ligotés par les procédures, les membres du tribunal criminel de Blida ont traîné en longueur pour respecter la loi. Ouvert mardi à 9 heures à la cour de Blida, le procès dit «El Khalifa» a été reporté à la prochaine session après son ouverture, hier matin au tribunal criminel près la cour de Blida. Le procès a été reporté pour confirmer les cas de décès de deux accusés et pour convoquer les accusés absents, a indiqué le président de séance, le juge Antar Menouar. A midi pile, le président du tribunal décide de lever l'audience jusqu'à 14 heures au grand plaisir de la centaine d'avocats venus de Blida, Alger, Miliana. Ils avaient été près de 3 000 à défiler devant le juge d'instruction dans ce que fût l'ancien tribunal de Chéraga (cour de Blida). Lors du premier procès en 2007, Fatiha Brahimi a entendu 104 accusés. Cette fois, ils seront moins de 100. Le détournement des fonds publics, association de malfaiteurs, corruption et abus de confiance sont les chefs d'accusation qui feront que plusieurs personnes risquent gros. Il y a cette histoire de transfert de devises vers l'étranger. Et cette situation qui a démontré à l'époque le vaste réseau de corruption, car les transferts d'El Khalifa se faisaient, alors que la Banque d'Algérie avait bloqué les transactions extérieures de Khalifa. Et la loi ne permet pas de telles opérations. Il faut de suite souligner que Abdelmoumène Khalifa, en détention dans le pays de la terrible Albion, sera absent face à Antar Menaouar, ce président du tribunal criminel de Blida qui ne laisse rien passer. Et Khalifa risque de rester encore un bon bout de temps en Angleterre car ce pays, malgré le feu vert pour son extradition, est allergique lorsqu'il doit extrader un accusé dans un pays où la peine de mort est de rigueur. Cette fâcheuse situation est mi-figue, mi-raisin, car l'Algérie a tout entrepris pour obtenir l'extradition de Khalifa, 47 ans, diplômé en pharmacie, devenu un jalousé golden-boy qui a percé. Doué en business, il crée un véritable empire en n'oubliant pas ses amis d'enfance. En 1998, Khalifa Bank voit le jour. Suit Khalifa Airways, une école de pilotes de ligne est ouverte. Ce succès est retentissant. Il devient un sérieux sponsor en foot des équipes locales. Les bolides de course ne sont pas oubliés. Khalifa TV va être la cerise sur le gâteau. Et le gâteau voit plusieurs bouches y goûter. Tous ici se souviennent du procès de 2007. Le comble, c'est que la Cour suprême a encore fait des siennes. Jugez donc: Maître Ghatas était plutôt triste, à 20 minutes de l'ouverture du procès, des avocats se plaignent que des accusés tels le directeur de la Cnac et Bouamar ont été omis dans le dispositif. Du travail bâclé? Mystère. Heureusement, l'erreur matérielle a été vue. Un immense temps précieux a été perdu en tergiversions autour des absents dont Ali Aoun, hospitalisé pour des soins très serrés. Dans le box, 25 accusés, dont le sympathique Meziane Ighil, serein et optimiste, avaient pris place et ont suivi le jargon de Antar Menaouar, le président solidement assisté de Yasmina Benzaïdi-Ouaddah et de Laïd Boukhoubza. Ce trio a été choisi avec la plus grande rigueur car les chefs d'accusation veulent des magistrats expérimentés et gagnés par la rectitude. Le moment le plus fastidieux de cette demi-journée d'hier, victimes - parties civiles et témoins. Là aussi, il y avait beaucoup d'absents. Le service d'ordre est impressionnant. On se marche sur les pieds. Ceux de Bab Djedid, de la Dgsn en tenue et en civil. La vigilance est de rigueur. Pourtant, le risque du plus léger incident est à écarter. Dehors, à 100 mètres à la ronde, le stationnement est interdit. Les avocats enragent. On venait de leur enlever leurs places pour garer. Dans la salle d'audience, une âpre bataille a été lancée autour des absents. Un décédé a vu sa famille ne pas présenter un acte de décès, ce qui fera réagir Amine Boughaba, le procureur général, qui a estimé que sans un document d'état civil, l'accusé est considéré comme absent. Maître Houcine Bouchina et Maître Miloud Brahimi ont vainement tenté de faire revenir à la raison Antar inflexible à l'expression consacrée «trop de droit tue le droit»! Et comme il fallait bien finir avec ces luttes de droit, le tribunal criminel décide de suspendre les débats, le temps du déjeuner et d'une méritée pause, car la positon debout de trois heures n'est pas indiquée.