Le bâtonnier d'Alger, Me Abdelmadjid Silini, a plaidé samedi dernier à Alger, pour la mise en place d'une «nouvelle» commission pour l'évaluation de la mise en oeuvre des réformes en cours du secteur de la justice. Me Silini, qui intervenait à l'ouverture des travaux de l'assemblée générale de l'organisation qui compte près de 6000 adhérents, a affirmé que cet appel émanait de «la conviction des avocats que leurs conditions de travail sont difficiles outre les dépassements et obstacles rencontrés au sein des tribunaux», d'où la nécessité de la mise en place d'une «nouvelle» commission d'évaluation des réformes engagées. Cette commission a pour mission «de sonder les citoyens et les différents acteurs sur le processus de réformes de la justice», a-t-il ajouté, exprimant son souhait de voir la promulgation d'«une nomenclature ou d'une loi relative aux droits de la défense incluant, notamment les droits des justiciables». Parmi les recommandations escomptées, souligne Me Silini, «l'impérative présence de l'avocat en cas de comparution devant le procureur de la République de manière à conférer davantage de crédibilité à l'instruction judiciaire». Concernant les affaires civiles, l'intervenant a appelé à la réunion de toutes les conditions à même d'améliorer les conditions de travail des avocats. Les avocats se plaignent des conditions de travail rencontrées dans l'exercice de leur fonction. «Les conditions d'exercice de la profession d'avocat au quotidien sont vraiment pénibles, notamment celle qui consiste à ficeler certains dossiers dans des audiences» souligne un avocat en précisant, que «la pression telle que le magistrat ne permet pas à l'avocat de plaider comme il se doit, provoque de nombreux incidents et dépassements, ce qui pousse les avocats à se révolter contre cette privation d'exercer les droits de la défense», ajoute le même avocat. Par ailleurs, Me Silini a déploré le fait que tout accusé comparaissant devant la justice algérienne «soit considéré comme coupable, au lieu de bénéficier de la présomption d'innocence», soulignant l'impératif de «respecter les droits des citoyens consacrés par la loi conformément aux recommandations de la Commission nationale de réforme de la justice, notamment en ce qui concerne la liberté provisoire». Cet avis de Me Silini ne fait pas l'unanimité, selon un magistrat, s'exprimant dans l'anonymat. «Les conditions de travail des avocats sont tout à fait normales.» Par ailleurs, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cnppdh), Farouk Ksentini, s'est exprimé sur la détention provisoire en soulignant que cette dernière ne doit s'appliquer que dans les cas «extrêmes» comme les crimes, les délits socialement dangereux ou les récidivistes incorrigibles. «Le temps est venu de ne recourir à la détention provisoire que dans les cas extrêmes lorsqu'il s'agit de crimes, de délits socialement dangereux ou de récidivistes incorrigibles», a-t-il affirmé. L'avocat a aussi estimé que placer en détention provisoire un accusé avant de le juger et lui faire subir une peine préalable avant même que sa culpabilité ne soit établie et proclamée par le juge de fond, est devenu une «tradition».