Tout en appelant la presse à ne pas s'appesantir sur la santé du chef de l'Etat, Sellal s'est dit désolé que l'Algérie soit arrivée à un stade où «même l'information officielle est démentie». Quarante-quatre jours après son hospitalisation en France, les Algériens, livrés à la spéculation, n'ont aucune nouvelle sur le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Faute d'informations fiables et d'images, toutes les folles rumeurs ont circulé à propos de son état de santé. Pour mettre fin à ces rumeurs, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a appelé, hier 9 juin à la résidence El Mithak à Alger, la presse à cesser de focaliser la santé de M.Bouteflika. «Certains présidents se soignent en France des semaines et des semaines sans que personne n'en parle», a-t-il argué, à l'ouverture des travaux du colloque sur la communication institutionnelle. Il s'est dit désolé que l'Algérie soit arrivée à un stade ou «même l'information officielle est démentie» avant d'ajouter «qu'il était impératif pour nous d'annoncer ce qui est de notre devoir d'annoncer», affirmant que «nous n'avons rien à cacher». Les Algériens n'ont-ils donc pas le droit de savoir la vérité sur la santé du premier responsable de l'Etat?Dans son allocution, le Premier ministre a reconnu la défaillance de la communication institutionnelle.«L'institution est dans un oued, la communication est dans un autre», a-t-il avoué. Cette situation générée par le mutisme des responsables notamment dans des moments de crise est dangereuse. Abdelmalek Sellal, qui n'ignore pas ce fait a estimé que «le silence engendre la rumeur et la rumeur détruit la société». Soulignant que la faute dans le colportage de la rumeur n'incombe pas au journaliste mais à la source de l'information, M.Sellal a indiqué ne pas comprendre les raisons de la défaillance de la communication institutionnelle. «Je ne sais pas où est le dysfonctionnement: dans la société algérienne, dans les gouvernants ou dans les gouvernés», a-t-il ajouté, soutenant que le problème est d'abord dans les institutions. «Si le chef ne parle pas, personne ne parle», a-t-il souligné, appelant les responsables algériens à sortir de cette «maladie» et à communiquer dans la transparence afin de rétablir la confiance entre le gouvernant et le gouverné. «Il ne faut pas avoir peur», a-t-il plaidé. «Il est impératif pour nous de dire tout sans rien cacher», a-t-il insisté. Le Premier ministre a souligné la nécessité de permettre au journaliste d'accéder à la «bonne information» au «bon moment», considérant que le manque de communication était aujourd'hui la «plus grande problématique» à laquelle les institutions de l'Etat sont confrontées. Pour sa part, le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, a affirmé, dans son laconique intervention, que la communication institutionnelle en Algérie «trébuche et a besoin d'être organisée». En dépit des «grands pas» réalisés en matière de communication institutionnelle par des institutions et départements ministériels, a-t-il dit, certains «ne se sont toujours pas adaptés à cette arme efficace pour communiquer avec le public». Dans ce contexte,M.Mohamed Saïd a émis le voeu de voir le séminaire contribuer à rattraper «le déficit» en matière de communication institutionnelle et sortir avec «une vision à long terme dans le cadre d'une stratégie nationale intégrée qui transformera le processus de communication en une opération interactive qui renforcera la confiance entre la société et ses institutions». A souligner que des représentants d'institutions nationales, d'organismes spécialisés et de différents médias participent à cette rencontre. Il sera question également, lors des travaux, de «dégager des solutions aux obstacles qui entravent le développement de la communication institutionnelle». Des ateliers ont été organisés pour débattre de la fonction de communication, des formes de communication des institutions et son financement, des cellules chargées de communication des institutions publiques et la gestion de la communication institutionnelle en temps de crise. Le séminaire sera clôturé aujourd'hui avec l'adoption des recommandations des séminaristes.