Chef d'entreprises, investisseurs, fonctionnaires, chômeurs, tous portent de grands espoirs sur cette rencontre. Des attentes et des promesses. Le rendez-vous de la tripartite s'annonce décisif. La réunion qui regroupera demain le gouvernement, le patronat et les organisations syndicales revêt une importance capitale. Jamais un tel rendez-vous n'a capté autant d'attention. Les enjeux sont énormes et les attentes nombreuses. Intervenant dans un contexte particulier marqué par le front social en ébullition et coïncidant à la veille des échéances électorales, la tripartite attire tous les regards. Chefs d'entreprise, investisseurs, fonctionnaires, chômeurs tous portent de grands espoirs sur cette rencontre. Surtout que cette tripartite s'est élargie à d'autres organisations. Contrairement aux précédentes, la rencontre de demain regroupera les différentes organisations patronales et syndicales autonomes. Elle consacre ainsi la fin du monopole de la Centrale syndicale qui était le seul porte-parole des travailleurs. Ces derniers seront largement représentés, un gage qui leur assure plus de garanties. Des dossiers lourds seront au menu demain. La modification de la règle des 51/49% instaurée par la loi de finances 2009 et le retour du crédit à la consommation et le développement d'une politique industrielle, sont les grandes questions qui seront examinées par les différents partenaires. Les organisations patronales comme les syndicats mènent une rude bataille pour arracher des acquis. La mission est loin d'être facile pour le gouvernement. Confrontée à plusieurs organisations patronales et de nombreux syndicats, l'équipe Sellal aura du mal à convaincre. Surtout que les organisations patronales vont en rangs dispersés. Au moment où l'on s'attendait à une harmonisation des positions, le patronat se retrouve divisé. Un divorce confirmé d'ailleurs par le président de l'Agea qui a évoqué «des manoeuvres» selon les visions de chacun. M.Kheloufi qui annonçait, mercredi dernier, la naissance de la coordination du patronat du Btph et des industries annexes, englobant une douzaine d'organisations et d'associations patronales et dont il assure la présidence, est allé jusqu'à préciser que cette nouvelle organisation «n'avait rien à voir» avec la coordination du patronat algérien, créée en parallèle et au même moment par huit organisations patronales dont les partenaires traditionnels de la tripartite, signataires du pacte national économique et social en septembre 2006. Le Forum des chefs d'entreprise, qui n'a rejoint la tripartite que récemment, a vite fait de se rétracter pour annoncer, par la voix de son président, sa décision de se retirer de cette initiative. Le FCE, dont le poids sur la scène économique et dans le cadre de la concertation avec les pouvoirs publics lui est largement concédé, fera ainsi cavalier seul. Le patronat, dont les revendications convergent pourtant vers des objectifs communs et rapprochés, ne semble pas, ainsi, convaincu de l'idée d'un porte-parole unique pour exprimer ses préoccupations comme attendu. Le gouvernement va se retrouver avec plusieurs propositions sur le développement de l'industrie. Ce qui complique davantage la tâche pour lui. Le gouvernement veut en finir avec la politique de bricolage de l'industrie et élaborer une véritable stratégie pour ce secteur. «La rencontre sera l'occasion pour élaborer une stratégie à même de booster le développement économique (industrie et agriculture)», avait affirmé le Premier ministre lors d'une rencontre avec les représentants de la société civile de la wilaya de Médéa. «Nous allons élaborer une stratégie pour développer davantage l'économie nationale, une économie qui devrait être fondée sur la création d'unités industrielles nationales publiques, privées ou mixtes», a-t-il poursuivi. M.Sellal a soutenu, dans ce cadre, que «la seule solution aujourd'hui est de se lancer dans la concurrence et la production industrielle et agricole». Il a reconnu que l'Algérie a enregistré beaucoup de retard dans ces domaines par rapport aux années 1970. Pour le Premier ministre, un pays dont l'économie n'est fondée que sur les hydrocarbures «n'ira pas loin», plaidant pour une économie axée, également, sur la production industrielle et agricole. Il reste à savoir si ce défi sera enfin relevé ou pas? Attendons pour voir.