Cette grève prolonge le cauchemar des citoyens Le tribunal administratif de Sidi M'hamed juge «illégale» la grève des travailleurs de l'Etusa. Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) a timidement repris ses activités, hier, au 9e jour de la grève illimitée entamée sans préavis, par les chauffeurs et receveurs des bus, en dépit du verdict prononcé par le tribunal administratif de Sidi M'hamed, a-t-on constaté à la station du 1er Mai. Ni le verdict du tribunal qui les somme de reprendre «immédiatement» le travail, ni les conditions météorologiques difficiles, ne semblent affecter les grévistes regroupés à la station où des bus de l'entreprise sont garés pour empêcher ceux du secteur privé d'occuper les lieux, selon les explications d'un groupe de receveurs et chauffeurs. L'ensemble des grévistes plaident pour le rétablissement du bureau syndical affilié à l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), suspendu en octobre dernier, afin d'assurer le dialogue et arriver à satisfaire leur principale revendication qui consiste en l'application de tous les articles de la convention collective signée et adoptée en 1997 avec effet rétroactif et le respect de ses dispositions juridiques, ont-ils rappelé. Selon eux, «il est normal que la grève soit considérée comme illégale du moment que le bureau syndical a été suspendu». C'est cet état de fait qui les a obligés d'entamer leur grève sans un préavis, ont-ils fait savoir, tout en affirmant qu'ils poursuivront la grève tant que les revendications n'ont pas été satisfaites. Jeudi dernier, des grévistes avaient reconnu que cette situation donnait à leur grève un aspect «sauvage» qui risque de rendre le dialogue difficile et de compromettre la légitimité du débrayage. Au 9e jour de la grève, les usagers des transports continuent de subir les désagréments du débrayage qui les contraints de recourir à des bus privés «sans commodités», ou des taxis clandestins pour arriver à leur destination. Cependant, une reprise «partielle» du travail sur certaines lignes de Bir Mourad Raïs, Hydra et El Mouradia, sans pour autant assurer un retour à la normale. En marge d'une visite d'inspection à Alger, le ministre des Transports, Amar Ghoul, a estimé avant-hier, que la grève des travailleurs de l'Etusa était un «problème interne qui doit se régler au niveau de l'entreprise», ajoutant que son département ministériel avait donné des instructions pour prendre en charge les revendications des grévistes, à condition qu'elles soient «raisonnables». Ce débrayage inopiné a été, en effet, jugé par le tribunal administratif de Sidi M'hamed «illégal». Ce verdict intervient à la suite d'une plainte de la direction générale de l'entreprise. Les grévistes ont été sommés de reprendre «immédiatement» leurs fonctions, suite au verdict prononcé après un jugement en référé. Selon certains confrères arabophones, pas moins de 800 travailleurs de l'entreprise sont menacés de licenciement suite à ce débrayage «inopiné et illégal». La grève a été déclenchée après que l'entreprise ait fait un retard de paiement de salaire du mois d'octobre. Toutefois, l'entreprise avait justifié ce retard par la mise en place de nouveaux mécanismes administratifs, notamment le changement de date du virement des salaires, à savoir le 10 de chaque mois, alors qu'auparavant les travailleurs touchaient leurs paies, les 22 et 23 de chaque mois. Mais une fois la paie d'octobre versée, une autre revendication a refait surface, à savoir «l'application de tous les articles de la convention collective signée et adoptée en 1997, avec effet rétroactif et le respect de ses dispositions juridiques». Cette dernière est considérée comme étant la principale revendication de la grève. Les travailleurs grévistes, rassemblés en petits groupes à côté des bus à la station du 1er Mai, ont réaffirmé leur détermination et leur intention de poursuivre la grève jusqu'à ce que les revendications soient satisfaites. De leur côté, des représentants du bureau syndical de l'entreprise, affilié à l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) et dissous en octobre dernier, avaient affirmé leur détermination à poursuivre la grève et plaidé, par ailleurs, pour le rétablissement du bureau pour faciliter le dialogue.