Une politique de relogement, c'est celle qui prend la température des mal-logés en amont et non pas celle qui fait le pompier à chaque fois, en attendant que le feu prenne encore dans un autre endroit... que Baraki. Le beau temps dans la capitale, en ce mois de décembre n'a pas été aussi clément avec ces centaines de familles, qui croulent dans des logements invivables dans la cité Diar El Baraka à Baraki. C'est le cas de le dire vu qu'hier, ce coin le plus peuplé de la capitale a connu une des plus inquiétantes protestations. Des centaines de personnes ont investi le siège de la daïra de Baraki. La raison: les 500 familles de la cité Diar El Baraka, à qui les pouvoirs publics ont promis leur relogement depuis plusieurs années crient à la «trahison». «Oui, puisque, les autorités depuis le Premier ministre jusqu'au wali d'Alger en passant par l'actuel wali délégué, ont tous promis que ces 500 familles seraient relogées avant le 20 décembre du mois en cours», nous explique un des membres du comité de cette cité. A 10 h, la cour du siège de la daïra de Baraki grouillait de monde. Le tout était encerclé par des éléments des forces de l'ordre. Plusieurs centaines de personnes, femmes et hommes criaient à l'injustice, à la promesse non tenue de les reloger avant la fin de l'année. «Les protestataires crient au scandale», puisque selon leur dire, ils attendaient d'être relogés à la nouvelle cité des 1074 Logements sise à Bentalha. Surprise! Une information fait le tour de la ville, comme quoi ils ne sont pas concernés par lesdits logements, car «ces derniers recevront prochainement d'autres relogés qui viendront d'autres quartiers de la capitale», selon leurs explications. «Nous connaissons parfaitement nos droits et nous savons tous ce qui se passe. Nous avons cru en leurs promesses. Nous avons longtemps attendu. Nous avons évité à maintes reprises de recourir à la violence. Jusque-là, nous avons tout puisé et notre vie et notre patience. Ils n'ont pas compris qu'on peut brûler Baraki et nous avec, sans réfléchir deux fois», s'écrie un vieux, pris de rage. Il faut dire que ça frôle l'immolation. «Nous n'avons rien à perdre puisque nous avons tout perdu déjà», s'écrie un autre jeune. Entre-temps, le wali délégué de Baraki n'arrêtait pas de recevoir par groupes les citoyens pour tenter de calmer les esprits. «Si jamais nous ne sommes pas relogés dans les nouveaux logements de Bentalha et qu'on relogera d'autres que les habitants de la cité Diar El Baraka en premier, nous allons effacer Baraki de la carte de la capitale», menace un groupe de jeunes. Enfin, les protestataires ont dénoncé le fait que les autorités locales, lors de la visite du wali d'Alger, samedi dernier à Baraki, se sont contentées de ne lui faire visiter que la face peinte, la veille, de cette ville. Le wali d'Alger a visité un boulevard peint pour les besoins d'une image mais jamais «le drame» que vivent plus de 500 familles depuis près de 20 ans. Ces pratiques des responsables locaux sont censées être révolues. La phrase qui résume tout ce malheur tombe de la bouche d'un vieil homme: «En hiver, les gens s'habillent contre le froid en sortant de chez eux. Nous, nous nous habillons pour rentrer chez nous!». Mais les poudrières sont nombreuses dans ce vaste pays, jusqu'à quand allons-nous continuer à faire dans la politique du replâtrage en tentant à chaque fois d'en éteindre l'étincelle par-ci puis par-là sans une réelle politique de relogement juste pour tous? Pourquoi à chaque fois faut-il attendre que le torchon brûle pour venir l'éteindre de manière ponctuelle sans une vraie stratégie de relogement de manière juste et transparente? Une politique de relogement, c'est celle qui prend la température des mal-logés en amont, et non pas celle qui fait le pompier à chaque fois, en attendant que le feu prenne encore dans un autre endroit.....que Baraki.