Les cinq personnes arrêtées à Baraki ont été libérées. Dans le même temps, des familles attendent toujours un toit. Est-ce le calme qui précède la tempête? Les ruelles de la cité Diar El Baraka de Baraki, banlieue sud-est d'Alger, ont retrouvé, hier, leur cours normal. «Les cinq personnes arrêtées ont été libérées hier (dimanche) dans la nuit», a annoncé Rachid Boudina, membre de la commission de relogement des habitants de la cité, joint par téléphone. Les membres de cette commission ont été reçus, hier, par le wali délégué de Baraki. «Nous sommes en réunion avec le wali. Il nous a demandé de finaliser la liste des demandeurs de logement dans un délai n'excédant pas trois jours», a affirmé M.Boudina. Il a précisé que le wali délégué s'est engagé à remettre le dossier de la cité de Diar El Baraka au wali d'Alger «d'ici la fin de cette semaine». Cette cité a retrouvé sa quiétude. Cependant, la colère des habitants couve toujours. Seule une réponse convaincante de l'administration peut apporter l'apaisement. Samedi et dimanche un vent de révolte a soufflé sur plusieurs quartiers de la banlieue d'Alger. Les cités de Diar El Baraka, des Palmiers (Oued Ouchaïah) et de Diar Echems (El Madania) ont été le théâtre d'échauffourées ayant opposé les manifestants à la police anti-émeute. A Diar El Baraka, les altercations ont été des plus violentes. Bilan: cinq personnes arrêtées et plus de 20 blessés parmi les manifestants et les policiers. Les raisons de cette colère sont multiples. Voyage au coeur de la misère. La cité de Diar El Baraka a été construite en 1958. «Nos familles occupent cette cité depuis 1960», témoigne Seddi Krimo. La cité compte plus de 2200 familles qui occupent 700 logements. Des habitations de deux pièces abritent trois, voire quatre familles. «J'habite dans cette pièce qui nous sert de cuisine, de salon et de chambre à coucher», montre M.Zakour, père d'une famille de sept membres. «Les autorités n'arrêtent pas de nous promettre de nous reloger depuis le mois de juin», dénonce un autre habitant. Sur le brasier de ces promesses, le feu de la colère s'est déclenché. Des centaines de jeunes du quartier populaire des Palmiers, constitué d'habitations précaires, dans la banlieue sud d'Alger, ont sonné les clairons de la révolte. Des échauffourées les ont opposés aux forces de l'ordre. Ces jeunes ont bloqué pendant plusieurs heures la circulation automobile sur l'axe routier de Oued Ouchaïah. Ils protestaient contre leur «exclusion» de la liste des bénéficiaires de logement. Des incidents similaires avaient eu lieu la veille dans ce même quartier, ont précisé des résidents. Les manifestants ont été «surpris» de découvrir que leurs quartiers ne figuraient pas dans le programme du relogement lancé par la wilaya d'Alger, dimanche dernier. Pourtant, le directeur de l'habitat de la wilaya d'Alger, Smaïl Mohamed, avait annoncé, sur les ondes de la Radio nationale, le lancement de ce programme. «Il concerne quelque 1600 familles vivant dans des bidonvilles et des chalets installés dans la capitale après le séisme dévastateur de mai 2003», a-t-il expliqué. Cette opération sera achevée aujourd'hui. Seulement, elle risque de provoquer le mécontentement de centaines de citoyens mal logés. Et ce mécontentement pourrait mener à une révolte généralisée. Les émeutes du logement accompagnent, presque, chaque opération de relogement dans le pays. «L'Algérie compte 553.000 habitations précaires. Elle entend reloger l'ensemble des familles habitant les bidonvilles et les maisons construites dans le sud du pays en toub (briques composées d'argile et de paille)», a déclaré, récemment, le ministre de l'Habitat Nourredine Moussa. Selon lui, 70.000 logements devaient être construits en 2010 pour reloger des familles vivant dans des habitations précaires dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. Ce plan prévoit la construction de 1 million de logements. «Nous allons maintenir la cadence de la construction de 220.000 logements par année», a assuré le ministre. Il a rappelé que 1.045.000 logements ont été construits, conformément au programme présidentiel. Cela dit, les citoyens en colère attendent de recevoir les clés de leurs nouveaux logements.