L'audiovisuel marocain connaît, ces derniers temps, une sérieuse crise de stabilité et de crédibilité. Une crise qui fait suite aux dernières informations rapportées par la presse au sujet des deux principales chaînes publiques: Al Oula et la 2M. Dans une décision datée du 4 février, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca) a ordonné à la 2M et à la Al Oula (la première chaîne marocaine publique) d'accorder un droit de réponse à Hamid Chabat au chef du gouvernement, suite aux propos que Benkirane a tenus sur le parti de l'Istiqlal et son secrétaire général durant le magazine spécial diffusé sur les deux chaînes, le 13 octobre 2013, rapportent Al Massae et Ahdath Al Magribiya. Une victoire politique pour le leader du parti Istiqlal qui avait saisi l'autorité de régulation du paysage audiovisuel français pour avoir un droit de réponse. Ce droit de réponse est une forme de rappel à l'ordre pour les deux chaînes qui n'ont pas pu faire preuve de maîtrise d'antenne lors de cette émission avec Benkirane, le laissant ainsi taper sur ses adversaires à commencer par l'Istiqlal. Si cette affaire est politique, la seconde affaire qui secoue l'audiovisuel marocain est beaucoup plus grave. Des accusations portées contre la 2M, suspectées depuis quelques jours par une prétendue affaire de harcèlement sexuel de stagiaires. Illustrant sa une par une photo de Salim Cheikh, DG de 2M, aux côtés d'une jeune fille qui lui donne un baiser lors d'une réception. Le quotidien indépendant marocain Al Akhbar avance que Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants qui a posé une question à ce sujet au Parlement ne dispose ni de documents ni de témoignages attestant ces accusations. Le journal fait savoir qu'une équipe de 2M a été victime, mercredi dernier, d'agressions verbales de la part de citoyens lors d'une couverture médiatique. Al Oula n'est pas en reste. On apprend ainsi sur les colonnes de Al Khabar que la crise financière de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision menace le service public et l'avenir du secteur audiovisuel. Selon la presse marocaine, le déficit de la holding publique s'élève à 3 milliards de DH. Et de préciser que pour l'exercice 2014, la Snrt n'a bénéficié d'aucun dirham de la part du ministère de la Communication. Discrédit jeté sur 2M d'une part, crise financière frappant Al Oula d'autre part. Le paysage audiovisuel marocain, qui était considéré comme le plus professionnel et le plus avancé du Maghreb, affiche une image déplorable. La crise financière que connaît le Maroc suite à la baisse, notamment des aides étrangères en matières de subventions européennes et arabes. Il est étonnant de voir une chaîne publique privée de toute subvention qui pourrait lui permettre de renouveler son programme et sa grille et de regagner son audience. Depuis l'arrivée des islamistes au gouvernement marocain, la télévision publique est marginalisée et surtout poussée à la faute professionnelle. Politiquement, l'audiovisuel marocain subit un sérieux revers face à l'avancée de l'audiovisuel tunisien et l'ouverture de l'audiovisuel algérien aux privés.S. [email protected]