Quand ils ont fait la révolution contre Hosni Moubarak en 2011, ils espéraient un avenir meilleur pour l'Egypte, mais aujourd'hui ces jeunes redoutent "une plus grande répression" en cas de victoire de l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi. Alaa Abdel Fattah, figure de la révolte qui a mis fin à 30 ans de règne sans partage de Moubarak, voit de nouveau ses activités de militant "pour la liberté" le conduire devant les juges, face au pouvoir intérimaire dirigé de facto par le maréchal Sissi, qui a destitué il y a 11 mois le président islamiste Mohamed Morsi. Poursuivi pour avoir désobéi à une loi interdisant toute manifestation non autorisée par la police, il assure : "La présidence Sissi ne sera pas un retour au régime Moubarak. Ce sera pire!" Alors même s'il pense comme tout le monde que l'élection est "jouée d'avance", il votera pour le leader de gauche Hamdeen Sabbahi, l'unique rival de Sissi, qui "détient déjà le pouvoir de fait". Depuis la destitution et l'arrestation de M. Morsi, plus de 1.400 manifestants pro-Sissi ont péri sous les balles des forces de l'ordre, avant que l'implacable répression ne commence à cibler aussi la contestation libérale et laïque des mouvements de jeunes de 2011. Plus de 15.000 islamistes ont été arrêtés et des centaines condamnés à mort ou à de lourdes peines lors de procès expéditifs qui ont déclenché un tollé international. D'autres militants, comme le mouvement du 6-Avril, fer de lance de la révolte de 2011, récemment interdit et dont plusieurs responsables sont en prison pour avoir manifesté sans autorisation, appellent au boycott du scrutin présidentiel de lundi et mardi. "L'Egypte retrouve un président militaire", lance Amr Ali, à la tête du 6-Avril, "c'est le retour à l'ère de la répression", affirme-t-il, tout près de l'emblématique place Tahrir, où durant 18 jours des centaines de milliers d'Egyptiens avaient manifesté début 2011 contre Moubarak et son Etat policier.