Aujourd'hui s'ouvre au Brésil la 20e Coupe du monde de football. Une inauguration plombée, tant par les retards pris dans la livraison des infrastructures sportives, que par les manifestations contre son organisation dans un pays miné par les problèmes sociaux et particulièrement par la «rumeur» qatarie - un Qatargate en vue - qui embarrasse la FIFA. En fait, on n'écarte plus la possibilité de procéder à un nouveau vote quant à l'organisation du Mondial de 2022. Cela nous éloigne quelque peu de ce qu'aurait dû être la fête du football, éclipsée par les suspicions et les scandales financiers autour d'un sport qui échappe de plus en plus à sa raison d'être, devenu une gigantesque machine à engranger les milliards. Ainsi, de nouveaux paramètres président désormais à la désignation du pays organisateur du Mondial de football où entrent en compte des principes qui ne sont pas toujours inhérents à la seule pratique du football. D'ailleurs, l'affaire du présumé «achat» par le Qatar de l'organisation du Mondial 2022, ne serait que la partie visible de l'iceberg. Le football qui génère des milliards de dollars de revenus est en fait devenu une gigantesque entreprise financière, l'exposant à des pratiques mafieuses où tous les coups seraient permis. Ainsi, la Fédération internationale de football association (FIFA) brasse des milliards de dollars (elle affichait au 31 décembre 2013 un produit total de 1386 millions USD ventilé entre les produits des compétitions, les produits d'exploitation et les produits financiers). Et la FIFA voit toujours plus grand quand l'argent appelle l'argent. Rien, en effet, n'explique que la FIFA ait confié l'organisation d'une manifestation sportive de cette envergure à un pays minuscule qui ne s'impose ni par ses traditions dans le domaine du sport ni par une pratique du football qui force le respect. Mais le Qatar - moins d'un million d'habitants de souche - est riche, très riche à ne savoir quoi faire de son immense pactole. Les Qataris qui investissent tous azimuts dans le sport, se sont fait une philosophie, comme quoi tout s'achète. Il suffit seulement d'y mettre le prix et tout aurait un prix selon l'ancien chef de la diplomatie qatarie, Hamad bin Jassem al-Thani. Aphorisme repris par un de ses compatriotes, Mohamed bin Hammam, ex-président de la Fédération asiatique de football (AFC), devenu infréquentable et exclu en 2012 des effectifs de la FIFA pour corruption et achat de voix...Son exclusion a-t-elle un rapport avec l'octroi du Mondial 2022 au Qatar? Le fait est que le football n'est plus l'affaire des footballeurs et de ses administrateurs, mais celui de financiers qui ont compris que le football est désormais un gisement fantastique, un business superlucratif. En effet, le football est aujourd'hui un business pris en charge par les requins de la finance mondiale où le footballeur est dorénavant une marchandise qui se monnaie au plus offrant. D'ailleurs, les agents des joueurs sont agréés par la FIFA. Mais il y a également les agents «illégaux». Ce sont ceux-là qui travaillent en sous-main écumant les centres de formation et repérant les futures «pépites» du football. On prend désormais les enfants quasiment au berceau, tant la filière est très rentable. En fait, tellement rentable que des banques, des fonds d'investissement, des multinationales se sont mis de la partie prenant en main la gestion de cette pépinière fructueuse. Les footballeurs sont ainsi devenus des produits financiers. Etonnez-vous que des banques donnent des leçons de finance à des enfants de 12 ans ou que d'autres soient «détenus» par des fonds d'investissement? Les joueurs n'appartiennent plus au club, mais à des sociétés qui ont investi sur eux et entendent récupérer cet investissement au centuple. Un jeune joueur français de 21 ans avoue qu'il ne sait pas au juste à qui il appartient. Mais comme à son âge il a des revenus de P-DG, il ne se plaint pas. De fait, cette tendance mercantile du football est apparue à l'orée des années 2000 et l'avènement du Suisse Joseph «Sepp» Blatter à la tête de l'institution mondiale du football. Les règles ont ainsi changé, de même que la gouvernance du football. De fait, la «first» présidence de Blatter - qui va postuler à un cinquième mandat en 2015 - a été marquée par un scandale retentissant en 2001, à savoir la faillite d'ISL-Ismm, premier groupe mondial de marketing sportif, qui éclaboussa la FIFA à la veille du Mondial au Japon et en Corée du Sud en 2002. En effet, le «foot-business» est aujourd'hui le marché le plus dérégulé de la planète dégageant des chiffres d'affaires mirobolants de près de 400 milliards de dollars. Alors le Qatar? Une goutte - certes très riche - dans un océan financier ou ne nagent plus que les gros requins. Le fait est que le football est définitivement sorti de l'orbite du sport.