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La renommée par le football
Monde arabe
Publié dans La Nouvelle République le 12 - 06 - 2010

ça y est, nous y sommes ! La phase finale de cette 19e coupe du monde de football, organisée pour la première fois sur le continent africain, vient de débuter. Pendant un mois, ce sont près de 3 milliards de téléspectateurs du monde entier qui vont être tenus en haleine pour suivre ce qui représente l'événement le plus médiatisé de la planète. Retransmise dans plus de 200 pays, l'engouement pour cette compétition sportive est énorme. On imagine les juteuses retombées économiques et médiatiques pour le pays organisateur qui deviendra la cible des médias du monde entier pendant plusieurs semaines. C'est dire si la concurrence pour le choix du pays organisateur est vive au sein de la FIFA. Après la France, qui vient de remporter l'organisation de l'Euro en 2016, c'est au tour du Qatar, minuscule pays situé à l'est de la péninsule arabique, de se porter candidat pour l'organisation de la coupe du monde de football en 2022. Rien que ça !
Imaginez donc un pays grand comme la Corse, peuplé d'un million d'habitants mais déterminé à jouer dans la cour des grands… Résolu à sortir de l'anonymat, le petit émirat mène depuis plusieurs années une politique tous azimuts pour influer sur les affaires du monde et bénéficier d'une renommée mondiale. Pour arriver à ses fins, le Qatar dispose de plusieurs cordes à son arc mais c'est la carte du sport, notamment du football, qu'il va user pour faire parler de lui et se forger la stature d'un grand pays. Il faut dire que les moyens ne manquent
pas : l'atout du Qatar, ce sont d'abord ces élites mais aussi – et surtout – sa géologie. Assis sur les troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, le pays fait également partie du club très fermé des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Forcément, ce petit avantage permet au pays de se donner les moyens de ses ambitions, ce qui ne va pas sans irriter ces voisins. Le sport est donc considéré par les élites du Qatar comme l'un des moyens les plus sûrs d'aboutir à une grande visibilité internationale. L'émir avait expliqué les raisons de cette démarche il y a quelques années avec un brin d'humour : « Il est plus important d'être reconnu au Comité international olympique (CIO) qu'à l'Organisation des Nations unies.» La raison en est
simple : «Tout le monde respecte les décisions du CIO.» Et d'ajouter : «Le sport est le moyen le plus rapide de délivrer un message et d'assurer la promotion d'un pays. Quand on vous dit Proche-Orient, vous pensez tout de suite terroristes, pas vrai ? Eh bien, nous voulons que le Qatar ait bonne réputation.» Des centaines de millions de dollars ont donc été injectées ces dernières années pour faire du Qatar un haut lieu du sport mondial, particulièrement en ce qui concerne le ballon rond.
Dans ce domaine, l'émirat est désormais perçu comme un eldorado pour un bon nombre de sportifs reconnus mondialement et arrivant en fin de carrière. Ces dernières années, de grandes stars du football ont fait des séjours, plus ou moins longs, dans le pays. Ainsi, des joueurs tels Batistuta, Romario, Guardiola, Effenberg... et d'anciens champions du monde de l'équipe de France y ont également fait des passages tels Franck Leboeuf, Christophe Dugarry ou Marcel Dessailly, la plupart du temps pour des salaires mirifiques. De même pour Juninho, l'ancien meneur de jeu de l'équipe de Lyon qui évolue depuis deux ans dans un club qatarien.
En 2008, c'est le transfert de l'attaquant de l'AS Saint-Etienne Pascal Feindouno, acheté par un club qatarien et payé au prix fort, qui a démontré la capacité d'attraction du Qatar dans le domaine footballistique. Ce transfert assez houleux avait d'ailleurs quelque peu secoué le football hexagonal. L'international guinéen était parti fin septembre au Qatar pour évoluer dans le club d'Al-Saad pour un salaire de 2,5 millions d'euros net par an. Son départ des Verts s'était fait dans la confusion et le principal intéressé s'en était expliqué ouvertement : «C'est aussi un choix financier, je ne le cache pas. Je répète ce que j'avais dis en août : une telle proposition ne se refuse pas ! Après le foot, je ne vais pas demander à quelqu'un de m'aider, ma famille ou moi.» Plus récemment, ce sont les attaquants du champion de France, l'Olympique de Marseille (OM), qui intéressent le petit émirat. Alors que l'attaquant ivoirien Bakari Koné était aperçu il y a quelques semaines au Qatar pour une visite médicale en vue de rejoindre le championnat national, c'est au tour de la star de l'OM et meilleur buteur du championnat français cette saison, Mamadou Niang, d'alimenter les rumeurs. L'offre en or venant de l'émirat doit actuellement sûrement faire réfléchir le Sénégalais ainsi que les dirigeants de l'OM… Les autres championnats ne sont pas en reste : il y a quelques jours, le Cheikh Abdallah Ben Nasser Al-Thani, membre de la famille princière du Qatar, s'est offert le club de Malaga, 17e du dernier exercice de la Liga. D'après le quotidien sportif AS, l'opération porterait sur 25 millions euros… Le Qatar utilise cette dimension sportive dans le but d'apparaître à terme comme une grande nation du sport et de bénéficier ainsi de l'importante couverture médiatique qui s'y attache. L'émirat va jusqu'à naturaliser des joueurs ou des athlètes non sélectionnés par leur équipe nationale afin de qualifier le pays pour des phases finales de compétition. Cela s'est déjà produit pour le football comme pour l'athlétisme, poussant ainsi la Fédération internationale de football association (FIFA) à durcir sa réglementation sur les conditions de naturalisation des joueurs de football.
Cet engouement pour le sport rentre donc dans l'objectif d'accroître le rayonnement du Qatar sur la scène internationale. Cet enthousiasme pour le sport devient même une des caractéristiques majeures de l'émirat. Intrigué par cette évolution, les journaux sportifs consacrent régulièrement de nombreuses pages sur le développement du sport dans le pays. Les dirigeants du Qatar, qui en ont fait l'un des axes prioritaires de leur politique, ne sont d'ailleurs pas les seuls à penser de la sorte. En 2008, la Chine s'était servie des JO pour exhiber sa puissance à la face du monde. Nicolas Sarkozy, qui a récemment fait le déplacement jusqu'à Genève pour soutenir la candidature de la France à l'Euro 2016, a semblé avoir la même interrogation que l'émir du Qatar que nous avons relevé plus haut : «Qu'y a-t-il de plus fort que le football ?»
Comme le rappelle Didier Lucas, directeur de l'institut Choiseul – think thank spécialisé dans les relations internationales –, «à l'heure du soft power, le football est probablement l'un des instruments de rayonnement d'un Etat». Et quand on sait qu'en 2006, ce sont 26 milliards de personnes – en audience cumulée – qui ont suivi les retransmissions télévisées des matchs du Mondial allemand (contre seulement 4,7 milliards pour les JO de Pékin) et que cette coupe du monde devrait rapporter 9 milliards d'euros à l'Afrique du Sud, on imagine aisément combien cet évènement peut compter dans la destinée d'un peuple et d'une nation.
En outre, les investissements et les grands travaux dédiés au sport se sont multipliés dans l'émirat.
A titre d'exemple, le pays a construit, il y a quelques années, une colossale académie des sports dont le coût s'est élevé à plus d'un milliard d'euros . De grandes personnalités du sport s'étaient déplacées pour son inauguration, au premier rang desquels les légendes du football, le Brésilien Pelé et l'Argentin Maradona.
L'engouement est tel que le Qatar s'est vu confier l'organisation de grandes compétitions sportives. Ainsi en a-t-il été de l'organisation des jeux Asiatiques de décembre 2006. Cette manifestation sportive a représenté un événement d'une importance symbolique capitale pour l'émirat puisqu'elle constitue le troisième évènement sportif mondial après la coupe du monde de football et les jeux Olympiques. Après avoir réussi ce galop d'essai, les dirigeants du Qatar sont aujourd'hui encore plus ambitieux et espèrent transformer l'essai en organisant le Mondial de 2022. Rien n'effraie les dirigeants du pays, car ces derniers lorgnent également à terme sur l'organisation des jeux Olympiques…
Tout est donc mis en oeuvre pour mettre toutes les chances du côté du Qatar pour l'organisation de la coupe du monde de 2022. L'émir, qui sillonne la planète, ne manque pas une occasion de convaincre les dirigeants des pays qu'ils visitent pour obtenir leur appui. De grands noms du sport ont déjà fait part de leur soutien. C'est le cas du charismatique entraîneur du FC Barcelone Josep Guardiola, qui vient de prêter main forte à l'émirat dans sa course. Ce dernier, lucide, a même déclaré : « Si nous allons toujours dans les mêmes pays, l'épreuve ne mérite pas son nom de coupe du monde». Mieux encore : l'émirat s'est offert les services de l'entraîneur pour être son ambassadeur en vue de la candidature du Qatar pour l'organisation de la coupe du monde de football en 2022. Il est vrai que celui qui figure actuellement parmi les meilleurs entraîneurs de football au monde avait terminé sa carrière de joueur sous les couleurs du club qatarien d'Al Ahli entre 2003 et 2005 et que, de l'aveu même de l'intéressé, cet appui «tient au fait que j'y ai déjà vécu».
Cette candidature est à prendre au sérieux. La portée symbolique d'une telle nomination au coeur du Moyen-Orient serait considérable dans tout le monde arabe et musulman. Même Joseph Blatter, actuel président de la FIFA y croit. «Le monde arabe mérite la coupe du monde et le Qatar a une bonne chance d'être le premier pays de la région à l'accueillir», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à Doha, tout en évoquant son admiration pour l'évolution du pays. Le pays se met d'ailleurs en ordre de marche, engrangeant les soutiens et se préparant matériellement à accueillir la compétition. L'émirat s'est engagé dans la construction et la rénovation de plusieurs stades de football pour les mettre aux normes internationales et même pour les doter d'un système de climatisation, la chaleur en été étant étouffante dans la région du Golfe (celle-ci pouvant culminer à 45°). «Nous allons construire des stades où la température ne dépassera pas les 27 degrés, en utilisant une technologie fonctionnant à l'énergie solaire avec des émissions réduites de CO2», vient de déclarer le fils de l'émir, Cheikh Mohammed bin Hamad bin Khalifa al-Thani, renouvelant l'ambition de son pays d'être le premier pays arabe à accueillir une telle compétition.
En course avec l'Angleterre, la Corée du Sud, les Etats-Unis, l'Australie et les duos Belgique-Pays-Bas, Espagne-Portugal et Japon-Russie, l'affaire risque d'être compliquée pour le Qatar. Suscitant appétits et convoitises, l'organisation d'une coupe du monde de football ne résiste pas à des marchandages parfois douteux, tellement les intérêts sont colossaux. Mais le Qatar, qui a fait la preuve de sa capacité à organiser de grands événements sportifs, mérite cette attribution qui sera le signal d'une intégration pleine et entière du monde arabe et musulman dans la mondialisation.


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