Un septième titre mondial historique en poche, Teddy Riner sait déjà qu'il sera au rendez-vous l'année prochaine parce qu'il entend rester le maître de la planète au moins jusqu'aux JO 2016. Depuis 2007, le champion français remporte un titre majeur tous les ans. Si chaque année qui passe renforce sa suprématie et fleurit son palmarès, il est chaque fois plus attendu. Et avec des championnats du monde annuels depuis 2009, le jeu est de plus en périlleux. «Etre au niveau tous les ans et être attendu comme il l'est parce qu'il est invaincu depuis un certain nombre d'années sur les championnats du monde, ça reste exceptionnel. ça rajoute une pression supplémentaire mais il veut s'aligner sur tous les championnats du monde», souligne son entraîneur chez les Bleus, Franck Chambily. Le coach a bien tenté de convaincre le champion olympique 2012 de faire l'impasse l'année prochaine, histoire de souffler un peu. Sans résultat. «Il veut s'aligner à chaque fois pour battre des records. Il met un point d'honneur à participer et à gagner le Championnat du monde», explique Chambily. Samedi à Tcheliabinsk, il a glané un 7e titre mondial; le 6e chez les +100 kg. Exceptionnel mais pas unique dans le judo. La Japonaise Ryoko Tani en détient elle aussi 7. Tout comme la Chinoise Tong Wen. «Le record n'est pas encore battu. Rendez-vous l'année prochaine!» lance Chambily. Le responsable des garçons en équipe de France, Stéphane Frémont, a lui aussi plaidé pour un allègement des échéances à enjeu. Mais il a vite compris que le colosse orgueilleux est avide de victoires. «Les Championnats du monde, c'est son territoire, il est l'alpha de ce territoire, il ne laissera personne le lui prendre», dit-il. Benoît Campargue, qui a guidé Riner vers son sacre olympique en 2012, explique qu'il s'agit «d'une motivation supplémentaire pour Teddy pour s'entraîner». «S'il n'y avait rien pendant deux ans, ça pourrait paraître compliqué pour se motiver». Pour gérer l'appétit du champion, l'encadrement des Bleus a opté cette saison pour la constance alors que les deux derniers exercices ont été marqués par des blessures. «Il s'est énormément blessé après les Jeux mais c'est plus lié à la surcharge pondérale qu'il a eue. Il a tellement voulu redescendre vite au poids et se remettre dans le bain pour aller chercher un titre que ça a occasionné pépin sur pépin», analyse Frémont. La nouvelle saison sera donc faite d'entraînements plus réguliers, de stages, en France et à l'étranger. Et de compétitions. Il devrait s'aligner sur un tournoi chaque trimestre, mais pourrait renoncer aux Championnats d'Europe en avril. «Il faudra quand même ne pas trop l'exposer non plus, prévient Chambily. Par exemple, je préfère éviter qu'il prenne le Russe (Saidov) trop souvent. Il faut se méfier, on est à deux ans des Jeux». «Teddy doit se préserver et garder cette fraîcheur, cette nouveauté, cet impact psychologique et technique qu'il va falloir avoir pour les Jeux olympiques», rappelle le technicien. D'autant que si Teddy Riner veut devenir le plus grand de tous, il devra aller chercher deux autres titres olympiques, en 2016 et en 2020. La France finit par l'or La France a été sacrée Championne du monde par équipes dames après avoir battu en finale la Mongolie 3 à 2, hier à Tcheliabinsk. Le Japon et l'Allemagne ont pris le bronze. Priscilla Gneto, Automne Pavia, Clarisse Agbegnenou, Margaux Pinot et Audrey Tcheuméo ont permis à la France de remporter le titre collectif qu'elle n'avait plus eu depuis 2011. La victoire a été apportée par Tcheuméo (-78 kg), dernière en lice alors que le score était de 2 à 2 face à des Mongoles qui n'avaient jamais atteint une finale de ce niveau. Tcheuméo, sous le regard du président russe Vladimir Poutine, n'aura mis que 44 secondes pour infliger un ippon à Munkhtuya Battulga et s'envoler vers la victoire finale, tirant la langue gentiment à tous les Bleus venus la soutenir. Les Françaises ont excellé lors de la compétition avec cinq médailles individuelles, dont une en or, sur un total de sept.