«La lutte antiterroriste doit se poursuivre même au-delà de l'éradication du fléau», insiste le directeur général de la Sûreté nationale. A la veille du 42e anniversaire de la police prévue le 22 juillet prochain, M.Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, a convié hier les journalistes à un déjeuner suivi d'un point de presse. Visiblement, cette rencontre marque une nouvelle étape dans la vie de la police nationale. Un nouveau ton, une convivialité et un désir certain de s'ouvrir à l'opinion publique ont transformé une simple conférence de presse en un rendez-vous majeur. «La Direction générale de la Sûreté nationale fera de la communication sa préoccupation majeure. Nous avons fait appel pour cela à des experts», dira en substance le patron des policiers. Aussitôt dit aussitôt fait. A une question d'un journaliste qui voulait avoir plus de précisions sur l'explosion le 22 juin dernier de la centrale électrique d'El Hamma à Alger, M.Tounsi répondra sans ambages : «C'était un attentat à la voiture piégée!» «Est-ce le Gspc ou un autre groupe terroriste?», «Les terroristes sont-ils revenus dans la capitale?» A ces questionnements de journalistes qui ont suivi la confirmation de l'attentat, M. Ali Tounsi répond que «ce n'est pas le groupe qui a perpétré l'attentat qui est important mais la vigilance qui doit toujours prévaloir. La lutte antiterroriste doit se poursuivre même au-delà de l'éradication du fléau.» En fait, l'ordre du jour annoncé de la rencontre était de faire un bilan et dresser les perspectives de la police nationale 42 ans après sa création. A ce sujet, nous apprendrons que l'effectif national est de 122.000 fonctionnaires de la sûreté nationale, soit 1 policier pour 300 habitants. Ce chiffre a plus que doublé en 10 ans. 3500 femmes en font partie. Si le recrutement a été massif, la formation n'a pas été cependant en reste. «Nous sommes plus exigeants aujourd'hui», souligne M.Tounsi, pour qui le travail de proximité est capital. «Il nous faut regagner la confiance du citoyen et je crois que nous sommes sur la bonne voie. Aujourd'hui, chaque inauguration d'une nouvelle structure de la sûreté est une fête populaire marquée par des youyous alors qu'il y a quelques années nous étions contraints de le faire le plus discrètement possible, presque dans la clandestinité», lance en aveu le DG de la Sûreté nationale. A notre question de savoir si des actions sont prévues pour plus de sévérité dans les infractions commises quotidiennement par des citoyens en déficit de civisme et qui font des villes de gros bourgs, M. Ali Tounsi nous opposera la nécessité de former encore et toujours le policier tout en comptant sur le changement des mentalités des citoyens. Ce qui veut dire qu'il faut laisser le temps au temps et ne pas retomber dans les erreurs du passé comme celles des années «hamma loulou». Comme on le voit, la police fera tout pour se rapprocher des citoyens et ne courra aucun risque qui puisse l'en écarter. A propos du problème de la pénibilité des agents de la police des frontières qui vivent dans le fin fond du sud du pays comme Timiaouine et Aïn Gezzem, M.Tounsi reconnaît les dures conditions de ces policiers et révèlera qu'une amélioration est prévue avec notamment l'achat des chalets climatisés ayant servi aux sinistrés de Boumerdès et l'instauration d'une rotation dans les affectations. Il informera par la même occasion que dans le nouveau règlement intérieur en élaboration, il sera exigé dans la carrière de tout policier au moins 3 années passées dans le Sud. «Que voulez-vous, la géographie de notre pays est ainsi faite et nous nous devons de le garder quelle que soient les conditions», dira-t-il à l'adresse de ses cadres présents à la rencontre. La police algérienne entre dans une nouvelle phase faite de modernité et de hautes technologies mais surtout elle communiquera mieux. Voilà ce qu'il y a à retenir de la rencontre.