Le commandant en chef de l'Otan, le général américain Philip Breedlove, a rencontré hier à Kiev les autorités ukrainiennes pro-occidentales qui ont fait de l'adhésion à l'Alliance atlantique leur priorité face à l' «agression russe». Le général s'est entretenu dans la matinée avec le très atlantiste Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk et devait rencontrer le président Petro Porochenko avant de donner un point de presse en début d'après-midi. M. Iatseniouk a «confirmé la volonté du pouvoir ukrainien d'approfondir la coopération entre les structures appropriées» ukrainiennes et de l'Alliance, a annoncé le service de presse du gouvernement. Le général Breedlove a, à maintes reprises, accusé la Russie de déployer dans l'est rebelle de l'Ukraine des troupes et de l'équipement lourd, ce que Moscou dément catégoriquement. Sa visite intervient au moment où les autorités ukrainiennes s'apprêtent à renoncer au statut non-aligné de cette ex-république soviétique en vue d'une future adhésion à l'Alliance. Après le rattachement de la Crimée à la Russie en mars et le conflit meurtrier dans l'Est avec les séparatistes russophones, l'idée d'une adhésion à l'Otan devient de plus en plus populaire en Ukraine. Cette perspective crispe Moscou qui veut maintenir le statu quo dans cette région sensible et dément toute implication dans le conflit dans l'Est qui a fait plus de 4.300 morts depuis le lancement de l' «opération antiterroriste» ukrainienne à la mi-avril. La nouvelle coalition pro-occidentale issue des élections législatives d'octobre a fixé comme nouvelle priorité l'adhésion à l'Alliance atlantique. Pour cela, elle s'est engagée à modifier d'ici à la fin de l'année la législation afin d' «annuler le statut non-aligné de l'Ukraine» et de «relancer la politique en vue d'une adhésion à l'Otan». Cette coalition, qui sera scellée jeudi lors de la première séance du nouveau Parlement, doit «en premier lieu» adopter la loi annulant le statut non-aligné, a estimé hier l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, partisane ardente d'une adhésion à l'Otan et dont le parti Batkivchtchina fait partie de la coalition. Le président Porochenko a promis lundi d'organiser un référendum national à ce sujet sans toutefois indiquer quand les critères nécessaires seront «remplis». Toutefois même les alliés les plus fidèles de Kiev restent sceptiques sur la perspective d'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique. La responsable du département d'Etat américain en charge des affaires européennes, Victoria Nuland a déclaré hier dans une interview au site d'information russe indépendant Meduza qu'il serait «très difficile» pour l'Ukraine d'adhérer à l'Otan. La semaine dernière, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a déclaré au Spiegel qu'il voyait un «partenariat entre l'Ukraine et l'Otan, mais pas d'adhésion».