L'Ukraine a salué le vote «historique» de cette loi adoptée par le Congrès américain, qui autorise à livrer davantage d'armes, y compris létales, à Kiev et à adopter de nouvelles sanctions contre Moscou, au quatrième jour d'une trêve fragile dans l'Est. Kiev a par ailleurs appelé l'Union européenne à «garder sur la table» la possibilité de nouvelles sanctions lourdes contre Moscou. La Russie «joue un jeu» et «essaie de créer un écran de fumée» sur son rôle dans le conflit, a affirmé à Bruxelles l'ambassadeur ukrainien, Constantin Yelisiev. Le département d'Etat a annoncé vendredi que MM.Lavrov et Kerry discuteraient lundi des «récents développements» au Proche-Orient mais aussi de l'Ukraine, où des séparatistes russophones soutenus pas Moscou sont en guerre contre le pouvoir ukrainien dans l'est du pays, et de la Syrie, ravagée par la guerre civile. Le vote au Congrès américain constitue un premier pas très symbolique pour l'Ukraine, qui cherche désespérément depuis des mois à convaincre ses alliés de lui vendre des armes pour ses soldats, largement sous-équipés face à des rebelles russophones soutenus militairement, selon Kiev et les Occidentaux, par la Russie. Ce vote ne signifie pas pour autant que Barack Obama se résoudra à livrer de telles armes aux forces ukrainiennes. Le président américain a jusqu'à présent toujours préféré fournir l'Ukraine en matériel «non létal», comme des radars, des lunettes de vision nocturne ou des gilets pare-balles. Moscou a de son côté exprimé de «profonds regrets» à propos de ce texte, «adopté sans débat ni vote réel» et qui est tourné vers la «confrontation», a déploré le ministère russe des Affaires étrangères. Le texte a toutefois été amendé in extremis et ne désigne plus l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie comme des «alliés majeurs non-membres de l'Otan», comme le craignait Moscou. Selon l'exécutif américain, le statut privilégié octroyé à l'Ukraine n'apporterait à Kiev rien dont le pays ne bénéficie pas déjà. Ce vote intervient alors que le ministre ukrainien de la Défense, Stepan Poltorak, a annoncé que 40.000 soldats devaient être appelés en 2015, soit deux fois plus que lors de la précédente conscription avant le début de la crise. De plus, 10 500 autres hommes seront formés pour servir sous contrat. Le nombre des forces armées va augmenter l'an prochain à 250.000 hommes contre 232.000 actuellement et de nouvelles unités seront mises en place, ainsi que «des forces chargées des opérations spéciales». Dans un pays au bord de la faillite, qui nécessite d'urgence plusieurs milliards de dollars d'aide occidentale, le budget militaire va plus que doubler pour atteindre 50 milliards de hryvnias (2,4 milliards d'euros). Sur le terrain, la trêve semblait globalement respectée par l'armée et les rebelles russophones dans l'Est de l'Ukraine au quatrième jour de son entrée en vigueur, malgré la mort de deux volontaires ukrainiens. En visite à Sydney, le président ukrainien Petro Porochenko avait salué dans la nuit de jeudi à vendredi «un réel cessez-le-feu en Ukraine», se félicitant du fait qu'il n'y ait pas eu de morts en 24 heures. Mais vendredi, le bataillon de volontaires Azov qui assure la défense du port stratégique Marioupol sur les bords de la mer d'Azov a annoncé deux morts dans ses rangs, tombés dans une embuscade près de Pavlopil. Bien que les protagonistes affirment que le cessez-le-feu est globalement respecté, les deux camps ont toutefois des difficultés à trouver un apaisement plus durable au conflit qui a fait plus de 4.300 morts depuis avril, les pourparlers de paix prévus cette semaine à Minsk peinant à démarrer. Une rencontre à Minsk entre le Groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, la Russie et l'OSCE et des rebelles était prévue dès mardi, mais l'incertitude a régné vendredi sur la date finale de cette rencontre. Tortures de la CIA La présence de détenus en Roumanie n'est pas exclue Un ancien chef du service de renseignements extérieurs (SIE), Ioan Talpes, n'a pas exclu la présence de détenus dans un «centre de transit» de la CIA en Roumanie, assurant que Bucarest n'était pas au courant des activités menées par les Américains sur ce site. «Il y a eu ici un centre que les Américains ont géré dès le début, la partie roumaine n'a pas été intéressée par ce que faisaient les Américains, justement pour leur montrer qu'ils pouvaient nous faire confiance», a déclaré M. Talpes dans une interview vidéo au quotidien Adevarul. «Il est possible qu'il y ait eu un site ou deux. S'il y en a eu, il y a un centre où auraient été amenés des détenus. Ce qui est sûr c'est que nous n'étions pas au courant de la présence de détenus», a souligné M.Talpes, conseiller de sécurité de l'ancien président Ion Iliescu entre 2000 et 2004. Selon lui, après le 11 septembre 2001, alors que Bucarest souhaitait obtenir le feu vert pour intégrer l'Otan, des discussions entre la Roumanie et les Etats-Unis ont porté sur «des centres de soutien pour la CIA, des sites que les Roumains mettent à disposition des représentants de la CIA, où ces derniers puissent organiser des activités qu'ils voulaient mener sur le territoire d'autres pays». «Il n'y a pas eu de site qui soit nommé dès le début centre de détention. Il s'agissait simplement d'un centre de transit», a-t-il expliqué. Selon un rapport du Sénat américain sur les interrogatoires violents des membres suspectés d'Al Qaîda après le 11-Septembre, au total 119 détenus ont été capturés et emprisonnés dans des sites dits «noirs», dans d'autres pays jamais identifiés, mais qui incluent vraisemblablement la Thaïlande, l'Afghanistan, la Roumanie, la Pologne et la Lituanie. La Roumanie n'a jamais admis l'existence de prisons secrètes présumées de la CIA sur son territoire. M.Iliescu a déclaré cette semaine «ne rien savoir» sur cette affaire, tandis que le Premier ministre Victor Ponta a assuré qu'il appartenait au ministère des Affaires étrangères de répondre aux questions liées à ce dossier. Le ministère roumain n'a pas souhaité commenter.