L'Hôtel de ville est en dégradation avancée. Ses deux lions sont doublement emprisonnés. La restauration de l'Hôtel de ville abritant l'APC d'Oran est renvoyée aux calendes grecques. Une telle évidence est pour le moment irréfutable, tant les services en charge de la problématique viennent de résilier le contrat paraphé deux ans auparavant par la wilaya d'Oran et une entreprise italienne. Hormis la confirmation d'une telle information, les responsables chargés du suivi du projet n'ont avancé aucune raison ayant motivé le recours à une telle mesure qui a abouti à la mise à l'écart de l'entreprise italienne. Le projet est donc remis à une date non encore définie, sans toutefois avancer d'autres explications, notamment en ce qui concerne la reprise du chantier mais également sur le choix d'une nouvelle entreprise devant assumer les travaux. Plusieurs questions sont en droit d'être posées! Pourquoi a-t-on annulé le contrat? L'entreprise italienne ayant été désignée n'est-elle pas spécialisée dans la réhabilitation du patrimoine historique? A-t-on pensé d'ores et déjà au choix d'une nouvelle entreprise hautement spécialisée? A-t-on associé le maire d'Oran dans la prise d'une telle décision, l'annulation du contrat? Aucune réponse n'a été apportée ne serait-ce que pour contenir à l'avance l'ire des férus du patrimoine historique d'Oran. Ladite mesure a été prise alors que toutes les villes algériennes «sombrent» dans la célébration folklorique du mois du patrimoine. Le siège de l'APC d'Oran, connu sous l'appellation coloniale de l'Hôtel de ville, est en dégradation avancée. «Il a été transformé en base de vie des Italiens ayant occupé les lieux dans le but de le restaurer alors que le chantier n'a jamais vu le jour», dira un cadre municipal déplorant l'état lamentable dans lequel se trouve la plus ancienne mairie du pays. Pis encore, ses deux lions (Ihrane) sont doublement emprisonnés. Leur premier «emprisonnement» a été décidé en 2004 par l'ex (2002-2007) et actuel maire (2012-2017), Nouredine Boukhatem, qui a mis en place une grande clôture ceinturant les escaliers menant vers l'APC. Le deuxième «enfermement» est constitué des échafaudages mis en place à l'effet de passer au chantier de restauration. Les finances ne manquent pas. Les pouvoirs publics ont accordé au chantier un pactole de 59 milliards de centimes. Quel sera le devenir de cette importante bagatelle financière allouée au projet? Là aussi, aucune réponse n'est apportée! Subséquemment, rien ne va. Les projets de réhabilitation des sièges de la Grande-Poste d'Oran et de l'Hôtel de ville sont incertains, vu les trébuchements des pouvoirs publics. Certaines sources osent défier la peur et briser le mur du silence en lâchant quelques bribes tout en avançant que les formalités administratives s'inscrivent dans la durée. Il s'agit entre autres des appels d'offres souvent infructueux vu l'absence des entreprises spécialisées dans la restauration du vieux bâti. C'est du moins ce que défendent les responsables en charge de ces questions, expliquant que «le retard est justifié par les lenteurs administratives.» Et d'ajouter que «les travaux seront lancés dans un délai ne dépassant pas la fin du premier semestre de l'année en cours». De tels aveux sont peu convaincants, notamment dans le cas de l'Hôtel de ville étant donné le marché conclu de gré à gré avec la société italienne. L'Hôtel de ville, ce joyau architectural, construit en 1868 qui est «abandonné» par ses occupants depuis 2013, date durant laquelle sa restauration avait été décidée. Et depuis, rien n'a été fait hormis la clôture de la mairie par des estrades et autres échafaudages entourant les quatre façades du bâtiment. Les responsables, devant relancer les travaux, le maire et son cabinet, n'arrivent plus à s'exprimer face à une situation qui risque de s'inscrire dans la durée. Pour pallier leur «manquement», ils n'ont rien trouvé de mieux à faire que de «squatter» l'ex-Prisunic d'Oran retapé pendant le règne du P/APC Zinedine Mohamed Hassam. La gestion de la ville est assumée à partir du centre culturel situé dans le boulevard de la Soummam. Le secrétariat général de l'APC, devant initialement être adjacent au bureau du maire, est expédié loin du boulevard de la Soummam puisque placé au 111 rue Larbi Ben M'hidi. L'Hôtel de ville, fissuré sur plusieurs pans, menace de s'écrouler. Idem pour l'historique Grande-Poste d'Oran, dont les travaux ont été arrêtés à plusieurs reprises et qui est restée fermée pendant trois ans. La poste centrale a été bâtie en 1903. Dans tous ces projets, les responsables locaux sont figés dans une seule, unique et ironique réponse en affirmant à chacune des occasions que «nous allons lancer incessamment un autre avis d'appel d'offres». Que nenni! Réhabilitation du vieux bâti Plusieurs projets en souffrance Rien ne va plus, notamment dans le cadre de la réhabilitation du vieux bâti. Un tel constat, résumant l'état des lieux, a été fait récemment par le wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane, lors de la réunion tenue récemment à cet effet au siège de la wilaya. L'opération de réhabilitation du vieux bâti lancée en 2007 n'arrive pas à retrouver ses marques huit années plus tard. Pis encore, elle accuse un retard considérable. Pour cause, diverses nombreuses sont les considérations qui ont été avancées à commencer par l'indolence et la passivité dans la gestion de nombreux responsables en charge de la problématique. Le wali, étant explicite dans ses dires, n'a pas dissimulé son «ire» en faisant un aveu en marge de la rencontre tenue récemment à l'effet de débattre de la question du vieux bâti. Il est allé jusqu'à démontrer son insatisfaction et sa désapprobation du travail accompli. En réalité, le wali n'a fait que répercuter tout haut ce que les populations locales pensent tout bas. En effet, des 600 immeubles devant subir le «lifting et le relookage», à peine une centaine ont été «retapés» grâce au concours des entreprises étrangères alors que les sociétés privées pataugent étant donné qu'elles n'ont pas la qualification requise en matière de restauration des véritables bijoux architecturaux ornant les immeubles du centre-ville d'Oran. Des mesures viennent d'être prises, à commencer par la mise en place d'un Comité de pilotage composé de plusieurs institutions en relation avec le dossier. Le directeur de l'urbanisme est appelé à veiller sur les procédures des marchés et la levée de plusieurs boucliers entravant le bon déroulement des projets soutenus par une enveloppe financière égale à 750 milliards de centimes. La réhabilitation du quartier de Sidi El Houari, est plus qu'urgente étant donné que celui-ci est déclaré patrimoine sauvegardé. Le projet connaît plusieurs couacs alors que le vieil Oran (Sidi El Houari) continue à dépérir malgré les140 milliards injectés par l'Etat. Les atermoiements des uns et les tergiversations des autres continuent à bloquer l'avancement du projet. A quand la prise de conscience? En attendant, rien ne va plus! «Que des paroles en l'air», s'exclama un élu local.