Les tâches sont redéfinies La République ne peut se permettre le luxe de mettre au placard des compétences reconnues en cette période compliquée aux plans régional et international. Quelques jours après le remaniement ministériel, un décret présidentiel rendu public hier, recadre certaines attributions et missions des deux ministres qui se partagent le département des Affaires étrangères. Le décret présidentiel confère à Ramtane Lamamra le statut de ministre d'Etat. De plus, l'intitulé exact du poste a quelque peu changé, puisque Lamamra est désormais chargé des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Ainsi, contrairement au premier communiqué annonçant le remaniement, il est clairement désigné comme le premier patron du département des Affaires étrangères. Ce qui peut ressembler à une promotion vise plutôt l'objectif de clarifier les missions au sein du département des affaires étrangères et situer les responsabilités. Sur cette même base, le décret présidentiel confirme à Abdelkader Messahel son rang de ministre de plein exercice et le charge des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe. On aura compris que la mission de la Coopération internationale ne relève plus des prérogatives du ministre qui doit, de fait, en référer au ministre d'Etat, Ramtane Lamamra. Ce recentrage du remaniement ministériel amène à constater la volonté du président de la République de maintenir les deux hommes, Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel dans l'équipe gouvernementale en raison de l'efficacité dont ils font montre dans la gestion du département des affaires étrangères. En d'autres termes, la République ne peut se permettre le luxe de mettre au placard aucun des deux ministres, en cette période compliquée aux plans régional et international. Il aurait été «injuste» de priver Abdelkader Messahel du poste de ministre de plein droit, après plus de 15 ans de bons et loyaux services au profit de la diplomatie algérienne. D'un autre côté, la forte présence de l'Algérie sur la scène internationale recommande la présence de Lamamra à son poste, pour des raisons évidentes d'efficacité. Le décret présidentiel vient donc d'éviter un quelconque risque de cafouillage au sommet de la diplomatie en confirmant Lamamra comme premier responsable des Affaires étrangères, en le faisant assister par un diplomate de talent sur des dossiers en rapport avec le Monde arabe et l'Union africaine. La décision du président de la République ne concerne pas que les deux ministres en charge de la diplomatie. Un second décret a été également rendu public hier. Il fait état de la nomination de Youcef Yousfi en qualité de ministre conseiller auprès du président de la République, chargé des questions de l'énergie. Il faut dire que le départ de Yousfi du département de l'énergie avait surpris certains observateurs, bien que le «différend» sur l'exploitation ou pas du gaz de schiste entre lui et le Premier ministre avait été invoqué pour expliquer son départ de l'Exécutif. Il y revient donc en qualité de ministre conseiller. Ce poste éloigne, certes, l'ancien ministre de l'Energie du terrain, mais lui donne l'opportunité d'intervenir en Conseil des ministres, voire en audience avec le président de la République sur les grandes questions en rapport avec un secteur qu'il maîtrise parfaitement. Il y a lieu de souligner que Yousfi a été chargé par le président de la République de prendre langue avec plusieurs pays producteurs de pétrole pour conduire une action internationale commune visant à faire augmenter les prix de l'or noir sur le marché international. C'est dire que bien que ministre-conseiller, Yousfi aura du pain sur la planche.