Le président russe, Vladimir Poutine, recevant la semaine dernière à Sotchi, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry Les premiers signes de détente sont venus la semaine dernière de Sotchi, dans le sud de la Russie, où le président Vladimir Poutine a reçu le chef de la diplomatie américaine John Kerry. Après deux ans de brouille aux airs de Guerre froide, les Etats-Unis ont opéré ces jours-ci un retour diplomatique au plus haut niveau en Russie afin de chercher à apaiser les tensions et coopérer sur les dossiers brûlants du globe. Les premiers signes de détente sont venus la semaine dernière de Sotchi, dans le sud de la Russie, où le président Vladimir Poutine a reçu le chef de la diplomatie américaine John Kerry. Une rencontre exceptionnelle suivie lundi par la visite à Moscou de la secrétaire d'Etat adjointe pour l'Europe Victoria Nuland pour parler de l'Ukraine. Un émissaire du gouvernement américain chargé de la Syrie était en outre lundi dans la capitale russe afin de discuter d'une éventuelle «transition politique» dans ce pays en guerre. Les deux anciens ennemis de la Guerre froide traversent depuis 2012 leur pire crise diplomatique depuis la chute de l'URSS en 1991. Si bien que la simple venue de M.Kerry en Russie le 12 mai - une première en deux ans pour le secrétaire d'Etat - a marqué en soi un très net changement de ton et le désir affiché, du côté de Washington, de renouer avec Moscou. L'entrevue de quatre heures Poutine-Kerry sur les bords de la mer Noire, précédée de tout aussi longs entretiens du ministre américain et de son homologue russe Sergueï Lavrov sont «très importants (...) car ils maintiennent ouvert le canal de communication» avec les Russes, se félicite Fiona Hill, experte de la Brookings Institution. L'initiative diplomatique américaine n'a cependant produit aucune percée et a même été méchamment raillée par les cercles néo-conservateurs, pour lesquels M. Kerry n'a fait qu'enfiler devant la presse les «clichés» et les «tautologies», signant une «victoire diplomatique de Poutine». Joerg Forbrig, du centre de recherches sur les relations transatlantiques, German Marshall Fund of the United States, trouve aussi que la visite fut «très symbolique, sans grand contenu». Cela n'a été, à ses yeux, qu' «un geste des Américains envers les Russes». L'expert pense d'ailleurs qu'en dépit de plus de deux ans de tensions - aggravées par le conflit en Ukraine depuis fin 2013 - les Etats-Unis n'ont jamais voulu complètement rompre avec la Russie: «Les Américains savent bien qu'il y a des dossiers qui doivent être réglés avec les Russes», au premier rang desquels le programme nucléaire iranien et la guerre en Syrie. De fait, complète Mme Hill, «la Russie veut et a besoin de rester dans le jeu au Moyen-Orient». A Sotchi, John Kerry s'est d'ailleurs félicité devant ses hôtes russes des bienfaits «de parler directement à ceux qui prennent les grandes décisions», à propos de la crise ukrainienne. Il a aussi vanté «l'unité» et «l'alliance» entre les Etats-Unis et la Russie sur la question du nucléaire iranien. M. Lavrov, qui n'a jamais cessé en deux ans de voir très régulièrement M. Kerry, lui a répondu que sa venue avait «permis de mieux (se) comprendre». Les deux pays, qui ont longtemps eu des positions antagoniques sur le conflit syrien, avaient réussi à s'entendre fin 2013 pour démanteler l'arsenal chimique de Damas. Après plusieurs échecs de règlement diplomatique international, l'envoyé spécial de l'administration américaine sur la Syrie, Daniel Rubinstein, s'est entretenu lundi à Moscou avec de hauts responsables russes de «la manière de créer les conditions d'une transition politique authentique et durable et qui corresponde au communiqué de Genève», a rapporté le département d'Etat. Il faisait référence à un texte de 2012 signé par Moscou et Washington mais jamais appliqué, et qui dessinait les contours d'une sortie de crise en Syrie. Sur le dossier iranien, Russes et Américains sont main dans la main pour trouver, aux côtés des autres grandes puissances, un accord d'ici fin juin avec l'Iran qui permette de juguler son programme nucléaire en échange d'une levée de sanctions.