Le 30 33 est un acquis pour toutes les personnes qui ont besoin d'assistance Le numéro vert 30 33 est désormais devenu accessible à partir d'un téléphone portable. La maltraitance constitue un dangereux fléau qu'il convient de combattre sans répit. Les pouvoirs publics doivent encore durcir les lois pour protéger les enfants contre toutes les violences, physiques ou psychologiques.. Le numéro vert 30 33 mis en place par le réseau algérien de défense des droits des enfants Nada, dans le cadre de son programme de protection et de promotion des droits des enfants «Je t'écoute», est devenu, depuis hier, accessible à partir d'un téléphone portable. Dans une soirée, bien animée dimanche dernier, à l'hôtel El Riad à Alger, une cérémonie de signature a eu lieu entre le réseau Nada et les trois opérateurs de téléphonie mobile, en présence de Abderrahmane Arar, président du réseau Nada pour les droits de l'enfant, Azouaou Mehmel, président-directeur général d'Algérie Télécom, Saâd Damma, le président-directeur général de l'opérateur public de téléphonie mobile Mobilis, Vincenzo Nesci, président exécutif de l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy, Ramdane Djazaïri, directeur de la communication et des relations publiques de l'opérateur de téléphonie mobile Ooredoo, M'hamed Toufik Bessaï, président du conseil de l'Arpt, Katia Marino, la représentante de l'Unicef en Algérie, des parlementaires et des acteurs de la société civile ont pris part à cette cérémonie de signature. «C'est un moment fort et historique pour les droits de l'enfant, pour Nada qui a fait toute une dynamique et un processus par rapport au numéro vert 3033, qui est un mécanisme de signalement et d'accompagnement pour les enfants qui sont en situation de détresse», a souligné Abderrahmane Arar, président du réseau Nada pour les droits de l'enfant lors de la cérémonie, en rappelant que ce numéro vert existe depuis déjà sept ans. Même combat pour les 3 opérateurs «Nous avons pu convaincre les partenaires de téléphonie mobile, Djezzy, Mobilis et Ooredoo, d'être associés à cette dynamique». Pour lui, l'important est qu'à partir d'hier le numéro vert a été ouvert sur l'ensemble du territoire national. «L'important pour nous est d'être efficace et mettre hors de danger l'enfant en détresse, en coopération avec les différents corps de sécurité». Il a souligné dans ce contexte que le numéro vert sera joignable jusqu'à minuit, car des brigades sont mobilisées afin d'accompagner, suivre et prendre en charge les enfants en détresse. «Nous avons renforcé nos capacités avec le recrutement de 150 membres». Selon M.Arar, les stigmates de la violence exercée sur les enfants, que le temps ne permet ni d'oublier ni de refouler à jamais, font que les enfants maltraités ou ceux ayant vécu dans des familles au quotidien émaillé par des scènes de violences conjugales extrêmes et où la haine s'est durablement installée, deviennent des parents maltraitants, reprenant à leur compte et sur leur propre progéniture, de façon active ou passive, la violence subie. Les chiffres donnés par ce dernier, donnent des sueurs froides. Le numéro vert à reçu plus de 18.500 appels de détresse en un an. Sur ce chiffre effarant, 4890 dénonçaient la maltraitance physique ou psychologique, 1025 étaient relatifs aux agressions et aux violences sexuelles, dont 55 cas d'inceste et 790 cas d'utilisation des enfants pour la prostitution. Compte-tenu de la recrudescence et de la gravité de certains délits commis par des enfants de moins de 18 ans, la délinquance des mineurs compte parmi les problèmes sociopsychologiques qui affectent le plus notre société et mettent en difficulté la symbiose et le bien-être de la cellule familiale. Les enfants sont devenus agresseurs, voleurs, tueurs et même chefs d'associations de malfaiteurs. Ce phénomène ravageur est bien là, il touche de plus en plus les adolescents, jeunes et moins jeunes. «En 2014, quelque milliers d'enfants ont commis des crimes. 1000 d'entre eux sont dans des prisons. Entre 11.000 et 13.000 enfants sont présentés annuellement devant les tribunaux», regrette le même responsable. La situation de l'enfant en Algérie est inquiétante. «Cette frange de la société est la plus vulnérable, exposée aux multiples risques, elle représente un facteur de danger si elle n'est pas prise en charge», a-t-il dit en soulignant dans ce sens, que nul ne naît enclin à la défiance des règles qui régissent la vie en société, et un primo-délinquant peut se mettre définitivement en marge de la société et devenir un grand criminel. «Les enfants en danger moral sont entre 6000 et 7000 enfants par un, ce sont des enfants qui peuvent être prédélinquants», révèle-t-il encore une fois. De son côté, Azouaou Mehmel, président-directeur général d'Algérie Télécom, s'est félicité de cette dynamique qui a sept ans. «Les enfants d'aujourd'hui sont les citoyens de demain, on construit l'avenir avec eux», a indiqué le P-DG d'Algérie Télécom tout en mettant en exergue la souffrance des enfants maltraités. «L'enfant traumatisé dans son enfance, ne sera qu'un homme violent, ce qu' il a subi comme violences va affecter les autres générations. il faut casser et arrêter ce cycle infernal, nous devrons tous contribuer pour protéger nos enfants». Les solutions d'Algérie Télécom M. Azouaou, a expliqué que son entreprise ne fait que de fournir des solutions techniques, «c'est un centre d'appel, d'écoute qui va permettre d'écouter les enfants en détresse. Il y a un grand effort à faire au niveau de la formation et de la sensibilisation des adultes». Dans le même contexte, il est important de mettre en évidence l'impérieuse nécessité de la mise au point d'un plan national réfléchi, consacré à la mise en action de mécanismes de prise en charge pour les enfants maltraités et de soutien des primo-délinquants, pour leur faire prendre conscience des conséquences de leurs actes, éviter la récidive, et favoriser leur réinsertion. Pour sa part, Saâd Damma, le président-directeur général de l'opérateur public de téléphonie mobile Mobilis, a indiqué dans le même sens que «la technologie que nous sommes en train de mettre en service en Algérie, n'a pas de sens si elle n'améliore pas le quotidien de toutes les couches algériennes, en particulier celle des enfants».Le patron de Mobilis a précisé que son entreprise est toujours aux côtés des associations actives. «L'état instaure les lois et il y a toujours un travail complémentaire de la société civile». Il ajoute qu'«on améliore les outils de la communication, le portable donne le confort de la mobilité. Maintenant il faut s'organiser pour après. Beaucoup de moyens logistiques et humains sont à déplorer». L'enfance en détresse tient à coeur toute la société civile. «C'est un plan de contribution pour améliorer la vie humaine, une très grande priorité pour nous d'accompagner le réseau Nada dans sa dynamique et ses efforts», a estimé Vincenzo Nesci, le président exécutif de l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy, en poursuivant que «c'est une noble cause que nous soutenons et encourageons». Ramdane Djazaïri, directeur de la communication et des relations publiques de l'opérateur de téléphonie mobile Ooredoo s'est félicité de cette action humanitaire en soulignant que Ooredoo s'est intégré dans cette démarche avec le réseau Nada pour créer un numéro vert qui est destiné à la protection de l'enfance. «Pour dénoncer tout acte de violence et dépassement, ce qui est important à souligner est que sous l'autorité de l'Arpt tous les opérateurs se rejoignent dans cette action de solidarité». Pour le même responsable, c'est une action qui mérite d'être renouvelée et d'être sur d'autres domaines, «comme ça les citoyens en détresse pourront avoir des recours et des communications gratuites». Pour la plupart des participants, ce numéro vert vient afin de répondre aux besoins d'une tranche très sensible de la société qui est «l'enfant». Enfin, M'hamed Toufik Bessaï, président du conseil de l'Arpt, a confirmé l'importance de cette coopération. «C'est la consécration d'un travail de six mois avec les opérateurs. Nous avons déployé beaucoup d'efforts et nous sommes contents que nos efforts ont abouti aujourd'hui», a-t-il relevé en précisant que le numéro vert est un numéro qui porte bien son nom, «c'est le numéro de l'espoir». Selon le même responsable, c'est un acquis pour toutes les personnes qui ont besoin d'assistance, qu'elles puissent trouver quelqu'un derrière le fil. «C'est la contribution modeste du secteur de la télécommunication. Nous sommes au service de l'entraide et de la fraternité et la solidarité de la société», a conclu M.Bessaï. Par ailleurs, en ce qui concerne la loi, le réseau Nada a organisé plusieurs interventions ces dernières semaines pour apporter des amendements au Code de la protection de l'enfance, adopté la semaine dernière par l'Assemblée populaire nationale.