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Lettre citoyenne aux défenseurs du pays
Publié dans L'Expression le 18 - 06 - 2015

Aujourd'hui commencent les veillées festives du Ramadhan. Au même moment, des enfants d'Algérie veillent, dans des conditions rudes, à nos frontières et dans nos montagnes. Ils veillent sur nous en traquant l'ennemi. Nos militaires, nos policiers, nos gendarmes sont notre grande fierté. On ne le dit pas assez!...
Aouel Ramadhan. Nous avons passé la semaine à suivre les sorties de promo. A les voir défiler en ordre impeccable prêtes à affronter les pires dangers pour défendre le pays. Le pas sûr et martial, le buste droit et le visage déterminé laissent deviner leur détermination et leur courage qu'ils mettent au service de la nation. Au-dessus d'eux plane l'ombre du chahid dont chaque promotion a pris le nom. Ce chahid qui s'est jeté corps et âme dans la bataille contre l'occupant. S'il n'avait pas la même formation que nos militaires aujourd'hui, il en avait néanmoins la valeur. Un jour de novembre 1954, las d'être humilié, dominé, colonisé, asservi, il a décidé d'en finir avec l'occupant et le chasser du pays. Il n'avait pas d'autres choix. L'ennemi était plus équipé que lui. Mieux formé. Il avait en face de lui une vraie armée. Une puissance militaire mondiale. Il n'avait pas cette chance d'avoir une armée pour le défendre. Pour défendre le pays. Pour défendre son peuple. Alors il s'est fait militaire. Avec des moyens dérisoires. Des armes d'un autre temps. Une formation sommaire de maniement de ces armes. En ce jour de novembre 1954, ils étaient une poignée à avoir décidé de briser le «signe indien». A se sacrifier. Ils l'ont dit dans leur message rédigé comme un testament avant d'aller au-devant de l'ennemi. Ils savaient que leur décision n'allait pas être forcément bien comprise par tous. Ils savaient qu'ils risquaient d'être mal jugés par leurs compatriotes. Ils l'ont dit en écrivant «à vous qui allez nous juger!». Leur entreprise était difficile à croire tant leurs moyens étaient dérisoires. Ils avaient cependant un secret. C'est le chahid Ben M'hidi qui le révéla lors de son arrestation. Il lança aux journalistes qui l'entouraient qu'il était convaincu, lui et ses compagnons, qu'au prix de leurs vies, l'essentiel était de «mettre la révolution dans la rue et le peuple la portera». Ils avaient vu juste. Pour leurs morts. Ils l'avaient écrit dans leur appel au peuple algérien en lui précisant: «Quant à nous, nous donnons le meilleur de nous-mêmes.» Il avait tellement vu juste que le peuple a pris conscience, grâce à eux, qu'il était possible de se libérer du joug colonial. Ben M'hidi a prononcé sa phrase, près de trois années après le 1er Novembre 1954. Il a eu le temps de voir que le peuple les avait rejoints comme prévu. Notre armée à l'époque c'était çà. Un groupe d'Algériens déterminés jusqu'au sacrifice suprême qui a forcé l'admiration du peuple qui a fini par se jeter lui aussi dans cette guerre de Libération nationale. La plupart des moudjahidine de 1954, n'a pas assisté à la victoire en 1962. Ils ont payé de leur vie cette victoire. Ils sont morts pour que les Algériens puissent vivre libres dans leur pays. Le peuple algérien ne pouvait pas rester insensible à leur sacrifice suprême. C'est pourquoi le serment de veiller à la défense du pays et du peuple leur a été fait par les survivants. Aujourd'hui, 60 ans après le 1er Novembre 1954 et 53 ans après le 5 juillet 1962, les choses ont changé. L'Algérie a une vraie armée qu'elle n'avait jamais eue durant des siècles. Et quelle armée? Une puissance militaire régionale. Une armée qui, en 1954, relevait du rêve insensé aux yeux de beaucoup. Et pourtant, la réalité a aujourd'hui dépassé le rêve. Grâce, il faut le dire, à deux hommes. Deux moudjahidine survivants de la guerre de libération. Le premier est le président Houari Boumediene qui contre vents et marées s'est battu pour former, constituer et doter le pays d'une vraie armée. Le second est le président Abdelaziz Bouteflika qui s'est attelé à développer et moderniser cette armée au point de la rendre égale aux armées des pays développés. «L'armée veille sur vous!» nous a dit votre chef, le général de corps d'armée Gaïd Salah. Oui, les Algériens de 2015 ont cette chance, que n'avaient pas nos aïeux, d'être protégés par leur armée. Par leurs enfants, leurs frères. Par des militaires issus du peuple et de sa glorieuse ALN. Hier comme aujourd'hui, le peuple et l'armée ne font qu'un. Ce qui touche le peuple, atteint l'armée et ce qui atteint l'armée, retentit sur le peuple. C'est pourquoi, il est utile de rappeler que le devoir de tout Algérien est de «protéger» son armée. Cela peut surprendre mais il faut se rappeler que lors de la guerre de Libération nationale, les moudjahidine avaient l'aide de tout le peuple. Toute la logistique était assurée par le peuple. Le renseignement aussi et surtout. Rien n'a changé depuis. Pour ne prendre que le dernier exemple des terroristes qui avaient enlevé et assassiné le Français Hervé Gourdel. L'armée a pu les neutraliser grâce à la collaboration et aux renseignements fournis par le peuple.
Cette collaboration et ces renseignements doivent se poursuivre car le pays est cerné d'ennemis embusqués qui cherchent la faille pour frapper. Tous les peuples aident leurs services de sécurité. Les Allemands, comme les Japonais et tous les autres. Tout mouvement suspect d'individus ou de groupes doit être signalé par les citoyens. La main dans la main, citoyens et services de sécurité, nous formons une force infranchissable pour l'ennemi. En ce Ramadhan qui débute, nos pensées les plus affectueuses vont à nos militaires, policiers, gendarmes, qui sont aux avant-postes de défense. Aux frontières, surtout celles de l'extrême Sud. Dans nos montagnes où les conditions sont également rudes. On ne leur dit pas assez qu'ils sont notre grande fierté!
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