Un large échange de vues avec Alger Au plus fort des crises qu'il a affrontées, en 1980 avec l'affaire des otages de l'ambassade américaine à Téhéran, et tout récemment avec les négociations sur le nucléaire, l'Iran a trouvé le soutien inconditionnel de l'Algérie. Le ministre des Affaires étrangères de la République islamique d'Iran, Mohamed Jawad Zarif, effectue, depuis hier, une visite de deux jours en Algérie, à la tête d'une importante délégation. M.Zarif est porteur d'un message du président iranien, Hassan Rohani, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Cette visite, qui entre dans le cadre des consultations régulières entre les deux pays, «doit permettre aux deux parties d'échanger leurs vues sur la situation actuelle au Proche-Orient et sur les questions globales d'intérêt commun, ainsi que d'évoquer les moyens de renforcer la lutte contre le terrorisme», est-il précisé dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Elle leur permettra, aussi, d'examiner le calendrier des prochaines échéances qui s'ouvrent à la coopération et à la concertation bilatérale. Paradoxalement, les échanges économiques entre les deux pays demeurent insignifiants alors que, depuis deux décennies au moins, les relations politiques sont privilégiées. Au plus fort des crises qu'il a affrontées, en 1980 avec l'affaire des otages de l'ambassade américaine à Téhéran, et tout récemment avec les négociations sur le nucléaire, l'Iran a trouvé un soutien inconditionnel de l'Algérie, allié fidèle et médiateur éprouvé pour sauvegarder ses intérêts. Qui plus est, même sur la scène arabe, aussi bien durant le règne du shah scellant à Alger un traité de paix avec l'Irak, que lors de la guerre civile au Liban puis en Irak et en Syrie, Téhéran a sans cesse apprécié la démarche mesurée et médiane de notre paix qui privilégie en toutes circonstances les vertus du dialogue et de la réconciliation. Enfin, les intérêts iraniens aux Etats-Unis étaient représentés, durant les années de rupture des relations diplomatiques entre Téhéran et les pays occidentaux, par l'Algérie. La chute de la monarchie et le retour de l'ayatollah Khomeyni, en 1979, ont inscrit cette entente cordiale pour toujours. La République islamique d'Iran, sera proclamée un 1er avril 1979. Avec une superficie de 1648.000km2 et une population d'environ 77,8 millions (octobre 2014), l'Iran est la deuxième économie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le pays exporte des produits pétrochimiques, de l'aluminium, des matériaux plastiques. Il possède la quatrième réserve pétrolière mondiale, avec plus de 160 milliards de barils (14% des réserves mondiales) ainsi que le deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de 34.000 milliards de mètres cubes gazeux (16% des réserves mondiales). Autant dire que le pays a de solides atouts à faire valoir, même si l'embargo auquel il a été soumis plus d'une décennie par les puissances occidentales a fortement pesé sur son développement économique. Grâce à l'accord intervenu en juillet dernier sur le nucléaire, Téhéran compte déjà récupérer les quelque 100 milliards de dollars gelés dans les banques occidentales, principalement, et relancer la mécanique des exportations avec comme corollaire l'attrait des investissements directs étrangers. L'Algérie, comme à son habitude, a là aussi assumé un rôle aussi décisif que discret. En témoigne, l'hommage exprimé par la Chine pour son rôle efficient dans les négociations sur le nucléaire iranien. Il faut dire que les consultations entre Téhéran et Alger furent intenses et soutenues, de longs mois durant. Tandis que ses trois principaux fournisseurs sont la Chine, l'Allemagne et les Emirats arabes unis (plaque-tournante de ses exportations), l'Iran a besoin de renforcer ses relations avec les deux seuls pays arabes qui ont été ses alliés au cours de ces vingt ans écoulés: l'Algérie et la Syrie. Compte tenu de la situation qui prévaut au Proche-Orient, les consultations de Zarif à Alger vont être cruciales sur deux sujets brûlants: 1- la crise pétrolière 2- le conflit au Yémen entre les houtis et les tribus sunnites. Là encore, la médiation de l'Algérie va être probablement sollicitée, surtout que l'Iran, à peine revenu sur le terrain de la coopération internationale, n'a aucun intérêt à attiser des conflits plus ou moins brûlants et à affronter, directement ou indirectement, les monarchies du Golfe, d'ailleurs divisées. Tout en plaidant pour la réhabilitation de la Syrie au sein de la Ligue arabe, l'Algérie ayant chaque fois pris position contre les décisions de cette instance favorable à l'élimination de Bachar al Assad et aux bombardements par la coalition internationale, l'Iran partage des «constantes» que la quasi-totalité des pays arabes ont abandonnées: le soutien inconditionnel à la cause palestinienne, l'exigence de respect des résolutions de l'ONU de 1967 etc. Au lendemain de son élection en juin 2013, le président Rohani a clairement manifesté sa volonté de normaliser les relations de son pays non seulement avec les pays occidentaux mais également les voisins sunnites au Moyen-Orient, notamment l'Arabie saoudite. Si l'Irak et la Syrie, pour des raisons historiques, constituent une zone d'influence de premier plan, tel n'est pas le cas du Yémen, et Téhéran entend se consacrer à ses véritables priorités, dont la lutte contre le terrorisme. Tel sera le message délivré par Zarif au cours de sa visite et la délégation qui l'accompagne aura, pour sa part, à tenter de convaincre sur les opportunités que la nouvelle conjoncture pétrolière et internationale impose aux deux pays, soucieux de préserver leur économie d'un choc prévisible. Nul doute qu'il sera parfaitement entendu. Le président Bouteflika reçoit le ministre iranien des Affaires étrangères Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu, hier, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamed Jawad Zarif, qui effectue une visite de travail en Algérie. L'audience s'est déroulée en présence du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, et du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel.