Les opérateurs nationaux joueront-ils le jeu ou se sucreront-ils sur le dos du citoyen? Le ministre du Commerce somme les opérateurs de répercuter la baisse des prix des produits constatée à l'international. Les prix à l'importations de certains produits alimentaires, dont le sucre, la poudre de lait, le maïs et le blé tendre, ont sensiblement baissé ces derniers mois, mais le consommateur algérien ne profite pas de cette accalmie. Les opérateurs se sont jusque-là sucrés sur le dos du citoyen qui a continué à payer rubis sur l'ongle les marchandises friandes de ces intrants, notamment les pâtisseries, dont le prix moyen à l'unité dépasse l'entendement. S'offrir une douceur devient une torture pour le petit peuple. Les prix moyens des produits alimentaires et agroalimentaires importés ont, en fait, continué, dans l'ensemble, à reculer durant les six premiers mois de 2015 par rapport à la même période de 2014, mais sans que cette baisse ne soit répercutée sur le marché; face à cette scandaleuse situation, le ministère du Commerce vient de sommer les opérateurs de baisser les prix. Il les contraint sans délai à répercuter cette baisse des prix sur le marché interne. L'on rappelle que les prix d'achat des matières premières destinées à l'industrie agroalimentaire, excepté ceux du blé dur (+26%) et de quelques huiles alimentaires brutes (entre +16% et 80%), ont reculé, fin juin, à un rythme comparable à celui de fin mai, indique une note d'analyse du ministère du Commerce relative aux importations de certains produits alimentaires, agroalimentaires et du ciment. Dans cette catégorie de produits, les prix à l'importation ont reculé de 42% pour la poudre de lait, de 19% pour le maïs, de 15% pour le blé tendre et de 6% pour les sucres roux. Les prix moyens des produits de large consommation ont également marqué des baisses. Cette diminution concerne principalement le riz (-44%), le lait pour enfant (-23%), le sucre blanc (-17%), le triple concentré de tomate (-6%) et les pâtes alimentaires et couscous (-2%). Dans ce groupe de produits, la progression touche les prix des cafés non torréfiés (3%), du thé (8%), du concentré et du double concentré de tomate (9% et 35% respectivement). Pour ce qui est des viandes, les évolutions sont contrastées: les prix des viandes bovines réfrigérées ont reculé de 5% et ceux des poissons congelés de 34% alors que ceux des viandes bovines congelées et ceux des crustacés congelés ont augmenté de 12 et 24% respectivement, révèle-t-on. Côté légumes secs, les prix moyens des lentilles ont par contre sensiblement augmenté (32%) contrairement à ceux des haricots secs qui ont diminué (31%). Outre les produits alimentaires, les prix à l'importation du ciment ont enregistré une baisse oscillant entre 3 et 9%. Pour venir à bout de l'incurie, le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, vient d'ordonner aux opérateurs de répercuter la baisse des prix de produits achetés à l'international sur le marché interne en les avertissant d'une application rigoureuse de la loi en cas d'infraction. «Il faut que nous revenions sur une certaine orthodoxie où il y a des règles. Le fait de ne pas répercuter la chute des cours est une infraction», a averti le ministre lors d'une réunion avec les services des douanes. Le ministre a fait savoir qu'il avait demandé à ses services de saisir les opérateurs concernés afin de répercuter les baisses sur les ventes à l'intérieur. «Comme ils avaient (les opérateurs) attiré notre attention sur les hausses, aujourd'hui, c'est à nous d'attirer leur attention sur les baisses, ils ne sont pas nombreux, ils sont presque en monopole», a-t-il dit. Quand les prix baissent, «il reste à nous qu'on sache dans quelles proportions cette baisse doit toucher les prix intérieurs. Nous allons travailler là-dessus», a indiqué M. Belaïb. «Dorénavant, nous allons nous organiser pour que les services de contrôle interviennent dans ce sens. Cette infraction consacrée par la loi de la concurrence s'est accentuée ces dernières années», explique pour sa part le directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère, Abdelaziz Aït Abderrahmane. «C'est une nouvelle mission qui s'offre au ministère pour aller vers le contrôle de ces opérateurs afin de les obliger à baisser les prix quand ils importent des produits ayant subi des baisses» ajoute-t-il. Les importations réalisées à la fin des six premiers mois de l'année en cours ont atteint environ 27 milliards de dollars en baisse de 3 milliards de dollars (-10%) par rapport à la même période de l'année 2014. La facture du groupe des biens alimentaires qui représente prés de 19% du total des importations avec 5,1 milliards de dollars, a baissé de 727 millions de dollars (-12,4%). La note d'analyse du ministère du Commerce indique également la répartition détaillée des importations par opérateur économique pour les produits alimentaires de large consommation et le ciment. De janvier à juin 2015, les deux offices de régulation, l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) et l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), ont dominé les importations de poudre de lait (53%) et des blés (95%) respectivement.