Si les prix moyens des produits alimentaires et agroalimentaires, notamment ceux que le pays importe le plus, ont connu des baisses dans l'ensemble à l'international durant le premier semestre 2015, cela ne s'est pas répercuté sur le marché local. Chose qui n'a pas été du goût du ministère du Commerce. En effet, ce département gouvernemental vient de sommer les opérateurs transformateurs de baisser leurs prix à la sortie d'usine. «En cas d'infractions, leurs auteurs seront exposés à une application rigoureuse de la loi en vigueur» a averti le ministre en charge du secteur, qui se prononçait sur le sujet lors d'une réunion avec les services des Douanes qui s'est tenue dimanche dernier à Alger. Comme il a prévenu «qu'il faut que nous revenions à une certaine orthodoxie car il y a des règles. C'est pourquoi le fait de ne pas répercuter la chute des cours est une infraction». Toujours au chapitre de la mise en garde, Bakhti Belaïb a fait savoir qu'il avait demandé à ses services de saisir les opérateurs concernés afin de répercuter les baisses sur les ventes à l'intérieur. «Comme ils avaient (les opérateurs) attiré notre attention sur les hausses, aujourd'hui c'est à nous d'attirer leur attention sur les baisses, ils ne sont pas nombreux, ils sont presque en monopole», a-t-il rappelé. Et d'indiquer : «Quand les prix baissent il nous reste à savoir dans quelles proportions ces baisses doivent toucher les prix intérieurs. Nous allons travailler là-dessus.» De son côté le directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère, Abdelaziz Ait Abderrahmane, qui accompagnait le ministre, a informé que «dorénavant nous allons nous organiser pour que les services de contrôle interviennent dans le sens où les opérateurs doivent se soumettre aux règles», et de signaler que «les infractions à la loi sur la concurrence se sont accentuées ces dernières années». Il a également estimé que «c'est une nouvelle mission qui s'offre au ministère pour aller vers le contrôle de ces opérateurs afin de les obliger à baisser les prix quand ils importent des produits ayant subi des baisses». À noter que les baisses de prix à l'international ont été mises en évidence par une note d'analyse du ministère du Commerce relative à l'importation, relayée hier par l'APS. On y lit ainsi que les prix d'achat des matières premières destinées à l'industrie agroalimentaire, excepté ceux du blé dur (+26%) et de quelques huiles alimentaires brutes (entre +16% et 80%), ont reculé, fin juin, à un rythme comparable à celui de fin mai, indique cette note d'analyse du ministère du Commerce relative aux importations de certains produits alimentaires, agroalimentaires et du ciment. Dans cette catégorie de produits, les prix à l'importation ont reculé de 42% pour la poudre de lait, de 19% pour le maïs, de 15% pour le blé tendre et de 6% pour les sucres roux. Il est également mentionné que les prix moyens de produits de large consommation ont également été marqués par des baisses. Cette diminution concerne principalement le riz (-44%), le lait infantile (-23%), le sucre blanc (-17%), le triple concentré de tomate (-6%) et les pâtes alimentaires et couscous (-2%). Dans ce groupe de produits, la progression touche les prix des cafés non torréfiés (3%), du thé (8%), du concentré et du double concentré de tomate (9% et 35% respectivement). Côté légumes secs, les prix moyens des lentilles ont par contre sensiblement augmenté (32%) contrairement à ceux des haricots secs qui ont diminué de 31%. Pour ce qui est des viandes, les évolutions sont contrastées : les prix des viandes bovines réfrigérées ont reculé de 5% et ceux des poissons congelés de 34, alors que ceux des viandes bovines congelées et ceux des crustacés congelés ont augmenté de 12 et 24% respectivement. Outre les produits alimentaires, les prix à l'importation du ciment ont enregistré une baisse oscillant entre 3 et 9%. A rappeler que les importations réalisées à la fin des six premiers mois de l'année en cours ont atteint environ 27 milliards de dollars, en baisse de 3 milliards de dollars (-10%) par rapport à la même période de l'année 2014. La facture du groupe des biens alimentaires, qui représente près de 19% du total des importations avec 5,1 milliards de dollars, a baissé de 727 millions de dollars (-12,4%). La note d'analyse du ministère du Commerce indique également la répartition détaillée des importations par opérateur économique pour les produits alimentaires de large consommation et le ciment. On lit que de janvier à juin 2015, les deux offices de régulation, l'Office national interprofessionnel de lait (Onil) et l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), ont été les principaux importateurs de poudre de lait pour l'Onil(53%), et des blés pour l'Oaic (95%). Z. A.