Les touristes russes et britanniques continuaient hier de quitter l'Egypte, où la police a tué un important chef de la branche égyptienne de l'organisation EI, un groupe qui a affirmé avoir provoqué le crash de l'avion russe. A Charm el-Cheikh, la station balnéaire d'où avaient décollé le 31 octobre les 224 occupants de l'avion, des centaines de vacanciers, russes pour la plupart, attendaient à l'aéroport pour repartir chez eux à bord d'avions que Moscou et Londres avaient envoyés à vide. La sécurité a été renforcée à l'entrée de l'aéroport, où tous les véhicules étaient filtrés scrupuleusement. Et, à proximité de certaines plages, les policiers semblaient plus nombreux que les touristes. «Il y a des caméras partout et des policiers en civil pour assurer la sécurité des touristes à Charm el-Cheikh», a résumé un officier à l'entrée de Nama Bay, l'un des centres commerciaux et de loisirs les plus fréquentés de Charm el-Cheikh. Les grands complexes hôteliers de la principale station balnéaire égyptienne se vident progressivement de leurs occupants au fur et à mesure qu'avancent les opérations de rapatriement. Moscou a annoncé hier que 25.000 de ses ressortissants avaient déjà été rapatriés, sur les 80.000 touristes russes recensés à Charm el-Cheikh et dans les stations balnéaires de la mer Rouge après le crash de l'avion. De son côté, Londres a assuré hier avoir déjà fait revenir 5.000 des quelque 20.000 touristes britanniques présents au bord de la mer Rouge après le drame. Le Caire semble traîner des pieds pour reconnaître que c'est une bombe qui a fait exploser l'avion en vol, comme en sont désormais persuadés les capitales occidentales et les experts. Le gouvernement égyptien répète qu'on ne peut tirer aucune conclusion définitive avant la fin de l'enquête qui, prévient-il, pourrait être longue. Hier, Le Caire a annoncé que la police avait tué un important chef de la branche égyptienne de l'»Etat islmaique» (EI) dans la capitale. Ashraf Ali Ali Hassanein al-Gharabli était soupçonné d'avoir été l'un des cerveaux de nombreux attentats contre les forces de l'ordre, de la décapitation d'un Croate travaillant pour une compagnie française en août dernier près du Caire, du meurtre d'un Américain non loin de là un an auparavant et d'un attentat contre le consulat d'Italie dans la capitale en juillet. Même la Russie semble pencher vers la piste terroriste pour le crash de son avion, sans le dire. Moscou n'a pas seulement interdit les vols commerciaux à destination de Charm el-Cheikh comme Londres mais vers toute l'Egypte. La Russie est devenue une cible prioritaire pour l'EI depuis l'entrée en action début octobre de son armée de l'air en Syrie. Les images de touristes fuyant les plages égyptiennes irritent Le Caire qui estime depuis le début que Londres et Washington ont sur-réagi et anticipé les résultats de l'enquête. Une grande partie de la presse égyptienne, publique comme privée, dénoncent des «fuites» sur l'enquête dans les médias internationaux et diffusent à l'envi des reportages sur des touristes étrangers se disant ravis de rester à Charm el-Cheikh. La catastrophe aérienne porte en effet un coup très dur au tourisme égyptien, déjà affectée par des années d'instabilité depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011 suivie par des années de violences et d'instabilité.