Le Premier ministre a promis de prêter main-forte aux agriculteurs Le Premier ministre a préféré parler de la crise pétrolière, de Hassi Messaoud, de la valeur du travail et de la mobilisation générale... Habitué à lancer des messages lors de ses sorties à travers les wilayas du pays, le Premier ministre a été «avare» à Ain Defla! Même le très attendu discours devant les agriculteurs à l'occasion du 41e anniversaire de la naissance de leur Union nationale, était comme du «ressassé», du «déjà-vu». Le Premier ministre s'est contenté de généralités concernant la situation économique du pays. Et pourtant, il avait en main un discours qui, selon des indiscrétions, contenait une série d'annonces en faveur des fellahs, dont notamment la mise en place d'une couverture sociale. Mais rien de tout cela n'a finalement été dit, laissant les agriculteurs sur leur faim. «J'ai un discours entre les mains mais je préfère le mettre de côté et vous parler avec le coeur, comme des frères», a lancé le Premier ministre en arborant ce fameux discours qu'il avait entre les mains. Ils s'est mis à improviser une allocution où il appelle à la mobilisation pour faire face à la conjoncture actuelle, dans un environnement régional qu'il qualifie «d'instable». «L'Algérie est un îlot de paix dans un environnement régional instable. On doit tous se mobiliser pour le préserver», a t-il soutenu non sans rappeler la situation économique délicate que va traverser le pays. «On amorce un virage engendré par la chute des prix du pétrole et ses répercussions sur les recettes de l'Etat. La situation est difficile, mais les solutions sont entre nos mains», a-t-il rassuré avant de mettre en garde sur le fait que ce virage est celui de la dernière chance. «Nous n'avons pas le droit à l'erreur», a-t-il averti. Il argumente cette inquiétude par le fait que «les prévisions n'annoncent pas une hausse des prix du pétrole en 2016 et que cette hausse n'est probable qu'en 2017». Sellal qui jonglait entre le rôle du méchant et du gentil flic, en a profité pour rassurer sur le projet de loi de finances 2016. Cette loi de finances qui doit donner le coup de starter de la «récession» dans le pays, est actuellement en débat à l'APN. Et il faut dire qu'elle n'est pas passée comme une lettre à la poste. Les critiques fusent de partout, même du coté des partisans du pouvoir! «Nous avons assisté ces derniers jours à des débats tendus autour du projet du gouvernement à l'APN. Je tiens à préciser en ma qualité de Premier ministre que le gouvernement maîtrise la situation en dépit de la chute des cours du pétrole», a affirmé le chef de l'Exécutif. Il saute aussi sur l'occasion pour «démentir» la fin prochaine du pétrole en Algérie.» Il ne faut pas croire les discours alarmistes qui prédisent la fin du pétrole en Algérie pour toutes les prochaines années», a-t-il pesté. «À Hassi Messaoud, nous n'exploitons que 18% de nos richesses. Nous sommes capables d'augmenter notre production en hydrocarbures. Nous l'avons fait d'ailleurs cette année, nous le ferons d'avantage l'année prochaine», a-t-il poursuivi pour rassurer sur l'abondance de l'or noir. Continuant sur la lancée de son discours mi rassurant, mi-inquiétant, il souligne que cette «abondance» ne doit pas nous laisser plonger dans notre économie rentière. Il va même jusqu'à qualifier de «koufr» (péché) l'économie actuelle qui se base à 93% sur les revenus des hydrocarbures. C'est la raison pour laquelle le Premier ministre a plaidé pour une économie «alternative» dans laquelle l'agriculture sera le «moteur». La transition était toute trouvée, pour parler un peu des agriculteurs qui étaient tout de même les premiers concernés par l'événement. Abdelmalek Sellal leur a promis de leur prêter main-forte, sans préciser dans quel sens cela se fera. Il leur a tout de même demandé de fournir davantage d'efforts pour assurer la relance de leur secteur et la diversification de l'économie nationale. En effet, après avoir reconnu que l'agriculture algérienne a connu «une évolution notable» au cours des dernières années, Sellal a estimé que le secteur est appelé cependant à améliorer ses performances. «Il est inconcevable que l'on continue en 2015 à importer des quantités considérables de lait alors que nous possédons les moyens d'en développer la production localement», a- t-il pesté, soulignant la nécessité de promouvoir les exploitations agricoles et l'industrie agroalimentaire. C'est ainsi qu'il a fait part de la volonté de l'Etat de créer des unités d'industries agroalimentaires en mesure de se lancer dans l'exportation. «Car la priorité du secteur n'est pas seulement de satisfaire les besoins du pays en produits agricoles. Mais on doit aussi penser à exporter», conclut-il devant des agriculteurs déçus par la tournure qu'a pris l'événement. Débouts comme un seul homme au début du discours pour réserver une standing-ovation au Premier ministre, ils se sont aussi mis débout à sa fin... mais pour quitter la salle!