Le spectacle algéro-français-allemand «Yadra» s'est joué, lundi soir au théâtre Abdelkader Alloula d'Oran, à guichet fermé, dans une salle comble composée en grande majorité de jeunes. Sous le slogan «Le dialogue interculturel comme préalable à la citoyenneté méditerranéenne», la représentation est plus qu'un spectacle. «Yadra», est un mouvement, l'expression d'un contact et d'un échange entre la jeunesse de trois pays, l'Algérie, la France et l'Allemagne, ayant un objectif commun. En effet, trente jeunes artistes, journalistes, étudiants, travailleurs sociaux des trois pays se sont rencontrés par le biais des associations «Une terre culturelle» de Marseille (France), «Istijmam» d'Oran (Algérie) et «Bapop» de Berlin (Allemagne) pour «confronter leur histoire commune et favoriser sa compréhension, pour réfléchir dans une intelligence partagée et sereine à un avenir commun», indiquent les organisateurs du spectacle, soulignant que l'objectif est de travailler ensemble à la mise en place d'outils concrets, innovants et créatifs pour favoriser les échanges entre les trois pays. «Yadra» est un spectacle pluridisciplinaire où la vidéo accompagne les participants sur scène où des personnages fictifs ou réels témoignent de leur expérience de l'Autre, de l'Ailleurs et de l'interculturel. Les personnages jouent avec les mots et les sons des trois langues respectives, mais également avec les idées et les expériences communes, livrant des réflexions sur l'histoire, la société et la politique avec un humour tantôt caustique, tantôt bon enfant. Dans une mise en scène très novatrice, les acteurs algériens, français et allemands s'expriment autour d'un lieu commun mais insolite: des toilettes publiques, considérées comme une «zone libre» où chaque acteur raconte sa vie en arabe, en français et en allemand, donnant lieu à des situations drôles et angoissantes à la fois, mais exprimant tout de même des liens entre les jeunes de trois nationalités différentes. Ces liens parfois improbables mais réels, ne serait-ce que du point de vue de l'histoire commune entre Algériens et Français et entre Allemands et Français et où l'improvisation est reine, mais efficace. L'idée du spectacle est venue du travail de réconciliation entrepris par la France et l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale et symbolisé par l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (Ofaj). «Ce travail constitue à nos yeux une source d'inspiration pour se souvenir et construire un avenir partagé entre les jeunesses franco-algériennes. Nous sommes convaincus que l'efficacité d'un rapprochement interculturel entre les jeunes permettra, comme peut en témoigner l'Ofaj, de bâtir un dialogue réciproque et équitable et, par conséquent, une citoyenneté euro-méditerranéenne», ajoutent les organisateurs. Pour l'année 2016, les objectifs des organisateurs est de s'appuyer sur le spectacle comme un outil pour multiplier les débats entre et au sein des sociétés concernées et de récolter le plus grand nombre de témoignages possibles.