Une année difficile pour la ministre de l'Education La ministre de l'Education nationale a montré une aptitude à la résistance assez exceptionnelle, faut-il le noter. Alors que la majorité des Algériens attendait avec une pointe d'impatience que sonnent les coups de 20 heures, synonymes de la fin d'un long et douloureux calvaire pour les fonctionnaires de l'Education nationale, les parents d'élèves et les candidats, il était dit que le stress allait encore durer deux longues heures, avec en prime un effet de panique assortie de rumeurs de «haking» du portail Internet du ministère de l'Education nationale. Les chaînes de télévision qui avaient dépêché des équipes dans des foyers de candidats ont accentué l'effet provoqué par le retard et amplifié la dite rumeur. Le ministère de l'Education nationale qui a sans doute voulu prévenir une situation «dommageable» a déployé le plan «B» qui n'est autre que celui qui avait cours avant l'introduction des technologies de l'information et de la communication. Décision a été prise d'afficher les listes des lauréats dans les lycées aux environs de 22 heures trente. L'information s'est propagée telle une traînée de poudre et les élèves disposaient, de fait, d'une issue certaine à leur longue attente. Il n'était donc pas question de passer une autre nuit d'angoisse. La thèse qui circulait jusqu'à 21 heures 50 n'était pas encore vérifiée, mais la réaction énergique du département de Benghebrit en dit long sur sa réactivité. Plusieurs centaines de lycées et autant de fonctionnaires étaient donc mobilisables sur tout le territoire national en l'espace d'une ou deux heures. Une prouesse remarquable qui dénote de l'efficacité opérationnelle de l'institution éducative face à une situation de crise. Déjà éprouvée par des fuites de sujets à une vitesse quasi «industrielle», à laquelle l'Etat a répondu par l'organisation d'un nouvel examen du baccalauréat en l'espace de trois semaines, le ministère de l'Education nationale a montré une aptitude à la résistance assez exceptionnelle, faut-il le noter. L'on aura déduit de cet énième et dernier épisode du feuilleton du bac 2016, le trait de caractère d'une administration, mais aussi d'une ministre qui a tenu bon, face à des attaques pernicieuses des milieux islamistes, appuyées, à dessein ou pas, par des organisations syndicales promptes à tirer sur les ambulances. Cela en plus du fait que Mme Benghebrit a été prise pour cible par des milieux visiblement hostiles à l'épanouissement de l'école algérienne et au-delà de la nation elle-même. Mme Benghebrit qui pensait en avoir fini avec les attaques, a, sans doute vécu un stress intense et inattendu entre 20 heures et 22 heures, avant-hier. Mardi, 22 heures, tout est rentré dans l'ordre. Les résultats étaient disponibles sur le site de l'Onec et les lycées avaient refermé leurs portes. Les Algériens en étaient pour une autre tentative de déstabilisation. Mais Algérie télécom lève le suspense et atteste dans un communiqué rendu public, hier, que le site de l'Onec n'a fait l'objet d'«aucune attaque ou acte de piratage». L'opérateur public de téléphonie et de l'Internet se défend d'être à l'origine du blocage et souligne que «la publication récente des résultats de l'examen du BEM 2016 avait permis d'enregistrer 50,2 millions de consultations, tout en assurant un fonctionnement normal du site Web dédié à l'opération». Algérie télécom pointe du doigt l'Onec qui disposerait d'un site inadapté à ce genre d'opération et préconise d'user d'un compte personnel pour chaque candidat pour éviter la surcharge qui a fait bugger le site. «L'accès au résultat se fait de façon simple sur la base du numéro d'inscription uniquement, ce qui augmente les sollicitations et multiplie les accès au site, alors qu'un accès personnalisé via un nom d'utilisateur et un mot de passe combiné avec des systèmes de protection de type «captcha» auraient permis de réduire significativement les sollicitations du site Web et de s'assurer de sa bonne utilisation», explique le communiqué.Cette explication d'Algérie télécom ne répond pas à la question fondamentale de la non-maîtrise des TIC par l'administration centrale, mais n'évacue pas pour autant les intentions de nuire à l'encontre d'une grande dame qui fait honneur à l'Algérie par sa vision, son combat pour une école moderne et par sa détermination à affronter les forces de l'inertie qui travaillent à tirer vers le bas le système éducatif algérien. La bataille du baccalauréat a été donc remportée par la ministre grâce à une société solidaire qui, par son attitude face aux fuites, a permis à l'institution de rebondir et finir cette épreuve en beauté.