Après avoir appelé à la fin des combats, les Etats-Unis avaient assuré mardi soir que la Turquie et les milices kurdes avaient accepté une trêve provisoire. La Turquie a démenti hier avoir accepté un accord de cessez-le-feu par l'entremise des Etats-Unis avec les milices kurdes de Syrie, indiquant ne pouvoir «sous aucune circonstance» accepter un compromis avec une «organisation terroriste». «Nous n'acceptons sous aucune circonstance», contrairement à ce que «certains porte-paroles de pays étrangers disent, un compromis ou un cessez-le-feu entre la Turquie et les éléments kurdes», a déclaré le ministre des Affaires européennes Ömer Çelik, à propos de l'annonce faite la veille par les Etats-Unis. «La République turque est un Etat souverain et légitime» qui ne peut être mis sur un pied d'égalité avec «une organisation terroriste», a ajouté le ministre cité par l'agence pro-gouvernementale Anadolu, évoquant le PYD, le parti de l'Union démocratique des Kurdes de Syrie. Cependant, alors qu'Ankara avait annoncé dimanche avoir tué «25 terroristes» du YPG (Unités de protection du peuple, le bras armé du PYD), aucune frappe turque n'a été rapportée contre les milices kurdes depuis lundi après-midi. L'accord provisoire de cessez-le-feu prévoyait une trêve à partir de 21h00 GMT lundi, selon des rebelles syriens. Les forces turques ont en revanche poursuivi leur offensive contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le nord syrien. Ankara a lancé une offensive sans précédent depuis le début de la guerre en 2011 en Syrie, envoyant ses F-16 et ses chars chez son voisin. L'opération, entrée hier dans sa deuxième semaine, a pour but officiellement de faire reculer les combattants de l'EI mais aussi les milices kurdes. Mais elle s'est concentrée sur les Kurdes dont Ankara redoute qu'ils forment une région continue autonome le long de la frontière. Après avoir appelé à la fin des combats, les Etats-Unis avaient assuré mardi soir que la Turquie et les milices kurdes avaient accepté une trêve provisoire. «Nous avons reçu l'assurance que toutes les parties impliquées vont arrêter de tirer les unes sur les autres et se concentrer sur la menace de l'EI», avait indiqué le colonel John Thomas, porte-parole du Centcom, le commandement militaire américain au Moyen-Orient. «Les Turcs et les Forces démocratiques syriennes (coalition arabo-kurde dominée par les milices kurdes) ont ouvert des canaux de discussion avec nous et entre eux dans le but de limiter les hostilités», avait-il ajouté, évoquant un accord de principe «pour au moins les deux prochains jours». La Turquie - qui n'a pas pour habitude de parler aux milices kurdes - était restée muette mardi et les forces kurdes syriennes n'avaient pas directement réagi non plus à l'annonce américaine. L'intervention turque en Syrie met à rude épreuve les relations entre Ankara et Washington, allié sur le terrain des YPG qui ont fait reculer l'EI. La Turquie a démenti hier des informations selon lesquelles elle avait convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis John Bass pour protester contre les vives critiques américaines, la veille, de son intervention en Syrie. Un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a assuré que, contrairement à ce qu'indiquaient des journaux turcs, l'ambassadeur John Bass n'avait pas été convoqué, mais qu'il avait reçu «un coup de téléphone» mardi. Cette information a été confirmée par l'ambassade des Etats-Unis. La Turquie s'était montrée très irritée mardi au lendemain des critiques «inacceptables» de Brett McGurk, l'émissaire présidentiel américain auprès de la coalition internationale antijihadiste, de son intervention en Syrie. Ankara a redemandé mardi un retrait des combattants kurdes à l'est de l'Euphrate, conformément à un engagement des Etats-Unis.