Dans une note adressée à ses citoyens: Washington déconseille les voyages en Turquie. «En raison des récents attentats perpétrés à Ankara et du niveau accru de menace de la part des groupes terroristes internationaux et locaux, les Américains sont tenus de faire preuve de la plus grande vigilance au cas où ils décideraient de se rendre en Turquie», écrit le Département dans un communiqué publié sur son site officiel. «Le Département d'Etat appelle les Américains à s'abstenir de se rendre en Turquie, notamment dans le sud-est du pays, dans les régions frontalières avec la Syrie», précise le communiqué. Une explosion s'est produite le 17 février dans le centre de la capitale turque Ankara, non loin de l'état-major de l'armée, au passage d'une voiture militaire, faisant plus de 20 morts et de nombreux blessés. Les dirigeants turcs ont attribué l'attentat, qui a tué 29 personnes, au PYD-YPG (le Parti de l'union démocratique et les Unités de protection du peuple, ndlr) avec le soutien du PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan, ndlr), écrit l'agence de presse russe Sputnik. La Turquie est sur le qui-vive depuis la série d'attentats qui a visé son territoire depuis l'été dernier, tous attribués par les autorités turques à l'organisation terroriste Daech. Le 10 octobre dernier, 103 personnes ont été tuées devant la gare centrale d'Ankara alors qu'elles se rassemblaient pour participer à une manifestation. Le 16 janvier dernier, un autre attentat suicide, également attribué à l'EI par le gouvernement turc, avait visé un groupe de voyageurs allemands dans le quartier touristique de Sultanahmet à Istanbul, tuant dix d'entre eux. Depuis l'été dernier, la Turquie est également affectée par la reprise du conflit kurde. De violents affrontements opposent chaque jour les forces de sécurité aux partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est à majorité kurde du pays. Le 23 décembre dernier, un groupe proche du PKK avait également tiré des obus de mortier sur le tarmac de l'aéroport Sabiha Gökçen d'Istanbul, tuant une personne et blessant une autre. Cette décision de Washington intervient quelque temps après un désaccord entre La Turquie et les USA, concernant cette fois les Kurdes. Le refus du département d'Etat de considérer le Parti kurde de l'union démocratique (PYD) comme une organisation terroriste a suscité une virulente réaction de la partie turque. Le ministère turc des Affaires étrangères avait convoqué, en février, l'ambassadeur américain à Ankara John R. Bass après les propos du porte-parole du Département d'Etat indiquant que Washington ne considérait pas le PYD en tant qu'organisation terroriste. Précédemment, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait appelé les Etats-Unis à choisir entre la Turquie et les Kurdes. Interrogé à ce sujet par une journaliste de la chaîne russe RT lors d'une conférence de presse tenue mardi, le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby a déclaré que Washington ne considérait pas les Kurdes syriens comme des terroristes et les a qualifié de «combattants efficaces dans la lutte contre l'Etat islamique». Tayyip Erdogan bombarde les Kurdes en Syrie. Les frappes ordonnées par le président turc ont lieu même en temps de trêve, menaçant le cessez-le-feu dans ce pays, d'après la Russie et des responsables américains.