Hadj Rabah quitte Bir Djir pour Gué de Constantine avec 85 kg de stups. «Mouh Smina» est chargé de répartir la marchandise. «L'Italien» croit tout dire. Puis tout s'écroule... Il est exactement quatorze heures lorsque Mahdi Kouchih, le juge... taquiné par une méchante douleur au dos, ouvre le dossier dit des «85 kg de came». Outre Redouane, l'inamovible greffier, il y a Med Sahraoui, le PR, onze inculpés, autant d'avocats et point de témoin. Sur les zones poursuivis, nous avons un Oranais de... Mosta, un de Relizane, un jeune de Béni Ouartilène, un autre d'Aïn Bénian, un autre jeune du Gué de Constantine et le reste d'Oued Koriche. Même dans le domaine de la drogue, il y a une unité nationale, Bon sang. Le juge est décidé à en finir avec cette affaire qui a connu plusieurs renvois et des chuchotements dans l'opinion publique, «l'expression» du président n'avait d'égal que son savoir-faire. D'ailleurs, il passera deux heures à entendre le «Onze» inculpé autant pour les plaidoiries que nous vous livrons sur ce même espace, pour la déontologie malgré l'éreintement qui nous prit entre vingt et vingt-deux heures trente. Les faits auraient été très graves si n'était la vigilance des services de sécurité qui ont étouffé dans l'oeuf l'affaire. Même si le nombre onze paraît énorme, des zones d'ombre planent sur El Hadi, dont l'épouse a reçu deux jerricans plein de drogue, sur Djamel qui était avec son frère et son beau-frère lorsqu'il a été arrêté, sur Hadj Rabah qui a donné l'impression d'avoir tu le nom du dealer d'Oran, ce qui a poussé le juge à le sermonner. «Vous avez perdu votre honneur, vos sept enfants vont être la risée du voisinage. Que vous reste-t-il ? Vous voulez vous taire car vous avez peur de mourir. On vous a menacé n'est-ce pas?» murmura le juge qui a entendu tout le monde. Depuis l'interpellation du «Taliani» à Amara en passant par Brahimi et autre Med Mourad qui écoperont, à l'issue de la mise en examen du dossier, d'une durée d'une semaine. Kouchih, le président entre, les traits graves. Redouane, le greffier appelle le «Onze» un à un. Les peines vont de 20 ans d'emprisonnement pour les trois dealers en fuite, de 10 à la relaxe, en passant par 7 et un an ferme. Les pleurs emplissent la salle d'audience. 20 ans d'emprisonnement sont infligés par défaut à Ismaïl Y. dit «Japonais», Djamel M.et Med M. 10 ans pour Mustapha A. dit «Hadj Rabah», le transporteur de drogue. Sept ans Ahmed A.Med B. dit «Mouh Smina», le grossiste tout comme Noureddine D. dit «l'Italien» pour un an ferme pour Badreddine A. Hadi S. et Karim M.Salah A. Soufiène B. et Farès. Mohamed sont relaxés alors que Khaled B. dit «Chahma», qui a fait un boucan, lors de son interro, a eu la relaxe au bénéficie du doute. Ce qui a permis au juge de lui passer un savon : «Vous, éducateur?», j'en doute. Vous êtes un empoisonneur des jeunes. Pour un récidiviste vous l'avez échappé belle et votre relaxe, vous ne la devez pas au «cinéma» que vous avez fait mercredi dernier, c'est le doute qui a habité le tribunal, qui vous a servi» tonne le magistrat qui lève l'audience en cette Journée de l'avocat.