Le jeune appelé, qui a mortellement tiré sur un gamin de 14 ans à Aïn Naâdja la veille de l'Aïd, devrait comparaître aujourd'hui devant le tribunal militaire de Blida. L'Aïd a rimé avec l'émeute, ce week-end, à Aïn Naâdja. Des jeunes révoltés ont, durant deux jours, manifesté près de l'entrée du Commandement des forces terrestres. Des manifestations qui ont vite tourné à la casse, au feu et aux bombes lacrymogènes. Heureusement que les choses se sont vite calmées, malgré les quelques dégâts matériels causés par le déchaînement des jeunes. A l'origine, un jeune appelé portant sur le dos le lourd fardeau d'homicide qui a coûté la vie à un enfant de 14 ans. L'affaire remonte à la veille de l'Aïd, vers 9h, lorsque les habitants de la cité Aïn Naâdja ont entendu des coups de feu. Ils ont cru à un attentat. Ce n'était pas le cas. La détonation provenait de la caserne, où le jeune Walid, 14 ans à peine, jouant avec son mouton, a été surpris par des balles assassines. Touché à la trachée, l'enfant meurt sur le coup, son mouton est aussi atteint. C'est en fait, l'appelé qui montait la garde sur place qui est à l'origine des coups de feu. Toutes les mères affluaient vers la caserne. D'habitude, leurs enfants se regroupent près de la clôture pour organiser les combats de moutons. Parmi ces parents, le père de Walid. «A mon arrivée sur les lieux, mon fils avait déjà rendu l'âme, nous dira-il les yeux remplis de larmes. Je n'arrive pas à comprendre comment peut-on braquer une arme sur un gamin. C'est vraiment lâche.» La nouvelle a donc fait le tour de la cité. Les regroupements, puis la manifestation étaient presque prévisibles. Le jeune Walid était l'ami de tout le monde. Hyperactif, il avait l'habitude de taquiner les jeunes de ce quartier populaire. Dans les heures qui ont suivi, des barricades ont été dressées au début de la soirée de jeudi. La police n'a pas jugé bon de contrer ces jeunes. C'est le lendemain, le jour de l'Aïd, au retour du cimetière où a été enterré Walid, que les choses ont commencé à se gâter. Après quelques échauffourées près du commissariat de police, les jeunes se dirigent vers le Commandement des forces terrestres. Un dispositif de la police antiémeute est vite installé à l'entrée principale du CFT pour faire face aux jets de pierres. Embarrassé, le père de la victime essaye de calmer les esprits déjà en furie. Peine perdue, les bombes lacrymogènes ont déjà investi le terrain. Vers 15h vendredi, il était impossible de circuler en voiture à Aïn Naâdja pour rejoindre Birkhadem. Des heures de tractations entre manifestants et le commissaire Ammi Ahmed, des officiers de la brigade de la gendarmerie ainsi que certains officiers du CFT qui ont promis que justice sera faite. Il faut dire que les esprits étaient à ce moment hantés par l'idée de voir l'émeute se propager vers d'autres quartiers de Gué-de-Constantine, ou être récupérée. Vers 15h 30, les dégâts matériels et le nombre d'incendies étaient inquiétants. Les jeunes ont laissé plusieurs véhicules saccagés alors que d'autres avaient été incendiés. Voulant exprimer leur révolte contre une telle bavure, les jeunes émeutiers se sont, semble-t-il, pliés aux promesses et aux appels à la raison du père de la victime. Vers 17h, la cité retrouve son calme. Un calme fragile puisque jusqu'à hier, les camions de police étaient toujours sur place. Le jeune appelé devrait comparaître aujourd'hui devant le Tribunal militaire de Blida, où il doit expliquer les raisons pour lesquelles il a eu la gâchette facile. N'ayant entrepris aucune procédure, le père de la victime a été invité à assister à la comparution en compagnie de quelques témoins qui ont accepté de donner leur version des fais. «Maintenant que j'ai perdu mon fils, je ne veux même pas voir la tête de celui qui lui a fauché la vie», nous a déclaré le père de Walid visiblement résigné.