Les députés ont tous félicité la Cour des comptes pour ses observations Les intervenants aux débats ont relevé le manque de collaboration des départements ministériels avec la Cour des comptes. Détournement, surfacturation et gaspillage sont autant d'anomalies relevées dans la gestion des fonds publics. Le débat sur le règlement budgétaire de 2014 a été marqué par une indignation générale des élus du peuple de la manière dont le gouvernement gère l'argent du peuple. Malgré la crise économique et le recul des ressources financières de l'Etat depuis début 2014, le gouvernement n'a pas fait preuve de gestion rationnelle. Des enveloppes énormes ont été déboursées dans des futilités. Séminaires, réévaluation des projets, financements des projets inexistants sont entre autres les observations relevées par la Cour des comptes dans son rapport sur le projet de règlement budgétaire de 2014. Les intervenants aux débats ont relevé le manque de collaboration des départements ministériels avec la Cour des comptes. Qu'ils soient de l'opposition ou de la coalition, les députés ont tous félicité la Cour des comptes pour ses observations en appelant les responsables au sein des institutions à prendre en considération ces remarques pour éviter des erreurs dans le futur. «Les recommandations de la Cour des comptes sont très importantes, puisqu'elle insiste sur la rationalisation et la maîtrise des dépenses et les départements ministériels doivent coopérer avec cette institution», a soutenu Bakhir Kara, élu du RND. Smaïl Kouadria, du Parti des travailleurs, a soutenu que ce sont les mêmes observations qui reviennent dans les rapports de la Cour des comptes sur les différentes lois de règlement budgétaire. «La réévaluation des projets est devenue un moyen auquel recourent les départements ministériels pour détourner les fonds publics», a-t-il dénoncé en citant l'exemple de la Grande mosquée d'Alger qui fait l'objet de réévaluation avec 150 milliards de dinars. Le député de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), Abdelkader Belarbi, a également mis en exergue les montants détournés durant l'exercice 2014. «Selon le vice- président de la Cour des comptes, 47 milliards de dinars ont été dépensés en dehors des circuits ministériels», a-t-il clamé en précisant que les responsables ne veulent pas en finir avec l'opacité et le gaspillage, et ce, malgré la crise qui plombe l'économie nationale. Son collègue, Nacer Hamdadouche, a estimé que le rapport de la Cour des comptes démontre sérieusement l'absence de contrôle et l'Etat de droit en précisant que 10 portefeuilles ministériels refusent de collaborer avec cette institution. En gros, les intervenants ont soulevé le grand écart entre les chiffres des rapports et la réalité sur le terrain. Dans son exposé, le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, a soutenu que ce projet de loi fait ressortir un taux de réalisation de 93% des dépenses et des recettes inscrites dans la loi de finances 2014. Les dépenses budgétaires réalisées effectivement en 2014 ont été de 7145,27 milliards de dinars (mds DA) réparties entre 4430,25 mds DA pour les dépenses de fonctionnement et 2545,5 mds DA pour celles d'équipement et 169,5 mds DA de dépenses imprévues, indique ce projet de loi. «Alors que la loi de finances 2014 (LF 2014) tablait sur 7656,16 mds DA de dépenses, les réalisations en matière de ces dépenses ont atteint 93,3% à raison de 93,97% pour celles de fonctionnement et de 86,53% pour celles d'équipement», a fait savoir l'hôte des députés. Quant aux recettes budgétaires réalisées en 2014, elles ont été de 3924 mds DA contre des prévisions de 4218,18 mds DA dans la LF 2014, soit un taux de réalisation de 93%. Selon lui, le déficit budgétaire enregistré effectivement en 2014, y compris les dépenses imprévues, a été de 3221,21 mds DA (contre un déficit prévisionnel de 3437,98 DA, soit 18,7% du PIB. Mais grâce aux prélèvements à partir du Fonds de régulation des recettes (FRR), qui ont atteint 2151,11 mds DA en 2014, le déficit global du Trésor a atteint 1334,3 mds DA à la fin 2014, soit près de 8% du PIB. Pour ce qui est de la croissance économique, elle s'est affichée en baisse de 0,7 point en 2014 par rapport à la croissance prévue, soit de 3,8% au lieu des 4,5% prévus. Ce fléchissement a surtout résulté du recul de la croissance des secteurs des hydrocarbures et de l'agriculture. Le taux d'inflation a, par contre, connu une bonne tenue, atteignant 2,92% en 2014 contre 3,5% prévu. La moitié des intervenants absents Les débats hier sur le projet de règlement budgétaire 2014 n'ont pas attiré une foule. Comme à l'accoutumée les députés étaient pour la plupart absents. Les débats qui devaient durer deux jours, soit hier et aujourd'hui, ont été réduits à une journée. Pis encore, même ceux qui ont été inscrits dans la liste des intervenants n'ont pas daigné faire le déplacement. Rien que dans la matinée d'hier, plus de 25 députés appelés par Ould Khelifa étaient absents aux débats. Ce qui a chamboulé le programme des intervenants. Certains qui devaient intervenir dans l'après-midi ont été surpris par Ould Khelifa qui les a invités à prendre la parole sans qu'ils ne soient prêts. Un député du PT a d'ailleurs dénoncé le manque d'intérêt que portent les députés pour les débats sur les projets de lois.