Le colonel Chouaïb Oultache accusé de l'assassinat de l'ex-directeur général de la Dgsn, Ali Tounsi Les incertitudes entourant le procès d'Oultache, constamment relayées par les médias, sont de plus en plus amplifiées par les écarts entre les différentes versions données du meurtre de Ali Tounsi. Après plusieurs reports, le procès de l'ex-chef de l'unité aérienne de la direction générale de la Sûreté nationale, le colonel Chouaïb Oultache accusé de l'assassinat de l'ex-directeur général de la Dgsn, Ali Tounsi, se tient aujourd'hui au tribunal criminel d'Alger, en présence des témoins et des experts, a déclaré le collectif de défense de l'accusé. Ce procès constitue une halte singulière dans les annales de la justice algérienne en raison de l'importance du dossier qui relève de la Sécurité nationale. De plus, le rang de la victime, Ali Tounsi, dans la hiérarchie de l'Etat, à savoir celui de premier responsable de la police algérienne, et celui de l'accusé, Chouaib Oultache, colonel, sont pour beaucoup dans la singularité et l'importance de l'affaire. Mais pas seulement, car l'assassinat du patron de la Dgsn en 2010 a provoqué un tollé dans les milieux médiatiques et politiques algériens qui y ont vu «une illustration de la guerre des clans» qui déchirerait le système. Cette affaire revêt donc aussi un caractère politique, ce qui est de nature à lui donner un grand retentissement. Ceci est d'autant plus prévisible que, selon les avocats de la défense, notamment Me Mohamed Tayeb Belaârif, Me Mohamed Amine Sidhoum et Me Nora Ghaffar, «54 témoins et les huit experts seront entendus lors de l'instruction, outre la production des preuves pénales avant le début du procès». De plus, ajoute la défense, «une liste de nouveaux témoins, qui n'ont pas été entendus lors de l'instruction» sera également soumise. Bien que, pour le moment, les noms des témoins ne soient pas révélés, il est fort attendu que de grandes têtes soient convoquées au procès, y compris, susurre-t-on, ça et là, des généraux à la retraite et en poste. Il faut rappeler par ailleurs que le statut de la victime et de l'accusé font qu'une bonne partie de l'opinion écarte la thèse de «l'acte isolé». Cette incertitude, constamment relayée par les médias, est de plus en plus amplifiée par les écarts entre les différentes versions du meurtre. Le procès prend une tournure fort problématique et aux grands enjeux. D'un côté, il y a la partie civile qui ne croit pas à l'acte isolé et, d'un autre, la défense de l'accusé évoque «une manipulation».Pour rappel, Ali Tounsi a été assassiné le 25 février 2010. Au départ, il était dit par le ministère de l'Intérieur que la mort de Tounsi «est survenue lors d'une séance de travail durant laquelle un cadre de la police, apparemment pris d'une crise de démence, a ouvert le feu sur le chef de la police avec son arme de service». Par la suite, selon le rôle complémentaire de la deuxième session criminelle 2016, il a été précisé que Oultache est poursuivi pour «homicide volontaire avec préméditation, tentative de meurtre et possession d'arme à feu sans autorisation». La version donnée était la suivante: Oultache aurait fait irruption dans le bureau de la victime et exigé le report d'une réunion prévue ce jour-là, prétextant «le manque de temps pour ses collaborateurs pour achever leur travail». Suite au refus de Tounsi, le ton est monté et les choses ont dégénéré pour aboutir à l'irréparable, notamment après que le Dgsn a reproché à son cadre sa gestion du marché de la télésurveillance et des télécommunications.Par ailleurs, il faut rappeler que Chouaib Oultache avait déjà comparu devant la justice pour une autre affaire. Il a été condamné en appel, en juin 2010, par le tribunal correctionnel près la cour de Boumerdès à une peine de 3 ans de prison contre 5 ans prononcés en première instance dans le cadre de l'affaire ABM-Dgsn. L'ex-chef de l'unité aérienne de la Dgsn était poursuivi pour passation de marchés en violation de la loi, dilapidation de biens, abus de pouvoir et utilisation abusive de la fonction. Le tribunal avait estimé que le prévenu avait exercé son influence sur la commission technique des offres de la Dgsn où il siégeait en tant que président pour choisir la société privée ABM (Algerian Business Multimedia), spécialisée dans les équipements informatiques, dans laquelle son gendre, Toufik S. était actionnaire minoritaire et DG-adjoint. Ce dernier ainsi que le P-DG, Mohamed B. avaient écopé de deux ans de prison chacun.