Le retrait du contingent militaire qatari de Djibouti a mis en exergue un fait peu connu: la présence militaire étrangère en Afrique. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, ou pour d'autres desseins, cette présence est pénalisante pour le continent noir. Factuelle, l'existence de bases étrangères en Afrique met en équation la souveraineté des pays africains. D'autant plus, qu'à l'évidence, les autorités locales n'ont pas droit de regard sur ce qui s'y passe. Certes, nombre de pays, à l'instar de Djibouti, tirent des bénéfices [financiers, en particulier] de cette location de partie de leur territoire. Toutefois, cette présence est sans impact sur leur développement intrinsèque. Notons le fait que Djibouti accueille sept bases militaires étrangères dans un pays grand comme un mouchoir de poche [23.000 km2, pour près d'un million d'habitants) illustrant l'importance stratégique de ce petit pays. Or, le moins qui puisse être dit est que le Djibouti est loin d'être exemplaire, singulièrement, en matière des droits de l'homme. La Chine de plus en plus présente en Afrique - elle achève la construction de sa base militaire dans ce petit pays - a investi plus de 12 milliards de dollars au Djibouti. En fait, ce rassemblement de tant de bases militaires au Djibouti, n'est gère étonnant si l'on excipe qu'il est situé dans une région sensible: la Corne de l'Afrique, en proie aux guerres et au terrorisme. La France sortie d'Afrique par la porte y est revenue par les fenêtres, y entretenant un certain nombre de bases militaires réparties dans des secteurs stratégiques: le Tchad, la Côte d'Ivoire, le Gabon, et bien sûr le Djibouti. Elle intervient militairement en Centrafrique et au Mali dans une région du Sahel tout aussi sensible que l'est la Corne d'Afrique. Notons que des pays «au-dessus de tout soupçon» à l'instar de l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, l'Inde, le Japon, la Turquie entretiennent des bases militaires au Niger (Allemagne) au Djibouti (Espagne, Italie et japon), à Madagascar et aux Seychelles (Inde), en Somalie (Turquie). Autre fait à relever, le Royaume-Uni qui possédait de nombreuses colonies en Afrique, est présent militairement au Kenya et à Diego-Garcia (îles Chagos) soustraites arbitrairement par Londres à l'Etat de Maurice. Dans cette palette de pays entretenant des bases militaires sur le sol africain, relevons cette curiosité: l'activité militaire des Emirats arabes unis (EAU) dans pas moins de quatre pays africains. Ainsi, les Emirats sont présents en Erythrée - ils y ont construit à Assab, à grands frais, un port en eau profonde doté d'une piste de 3500 mètres permettant l'accueil de gros avions - en Somalie, au «Somaliland» (scission de la Somalie) et en Libye. Ainsi, même un petit pays comme les Emirats arabes unis, se donne les moyens de maintenir une présence militaire dans des pays tiers. La palme revient toutefois aux Etats-Unis présents dans pas moins de 16 pays africains stratégiquement répartis dans les régions sensibles (Sahel et Corne de l'Afrique) ainsi que dans l'Est, le Centre et l'Ouest englobant le continent noir dans une nasse, donnant à l'armée états-unienne d'intervenir en temps réel dans n'importe quelle région d'Afrique. Nous noterons, que les Etats-Unis sont présents dans les pays africains à problèmes (Centrafrique, RD du Congo, Somalie, Soudan du Sud) et/ou perdurent encore des dictatures (Tchad, Ouganda, Cameroun....). Outre cela, les Etats-Unis ont encore renforcé leur présence en ouvrant en 2015, une base permanente en Espagne à Moron de la Frontera (près de Séville) spécialement destinée à des interventions en Afrique en cas de «crise». Les Etats-unis disposent aussi de bases militaires en Italie à un pas des côtes africaines. De fait, il n'y a pas photo pour des pays comme les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, notamment, qui privilégient leurs intérêts au préjudice de leur prétendue défense des droits de l'homme, bafoués dans l'ensemble des pays où leurs bases militaires sont installées. Le terrorisme, nouveau fléau - qui arrange bien des choses - a bon dos qui permet de justifier l'injustifiable: la présence militaire étrangère en Afrique [dans des pays présumés indépendants] perpétuant leur domination par d'autres moyens.